Les stabilisateurs (gimbals) sont devenus des accessoires incontournables en vidéo. Trois marques proposent chacune une version musclée de ces stabilisateurs de poing, capables d’embarquer de gros DSLR ou caméras vidéo. Le Ronin-S, le Crane 3, le Moza Air 2 sont des monstres capables de supporter une charge d’environ 4kg. Mais comment choisir le plus adapté à vos besoins ?

3 stabilisateurs reflex pour se lancer en vidéo : Moza Air 2, Crane 3, Ronin S
Les ténors des stabilisateurs vidéo pour DSLR : Ronin-S, Crane 3 Lab et Moza Air 2

Comprendre les caractéristiques d’un stabilisateur vidéo

La charge maximale supportée : prévoir ce que l’on veut installer

Les stabilisateurs vidéo sont aujourd’hui mis en avant par leur charge maximale supportée (max payload). Il s’agit uniquement du poids qui sera sur le plateau rapide et non ce que vous pourrez monter sur la poignée. Évaluez de manière approximative le poids de votre configuration : poids de la caméra + objectif, acquisition future d’objectifs plus longs ou plus lourds, ajouts d’équipements sur la caméra.

Le Zhiyun Crane 3 Lab est le plus puissant avec 4,5kg de charge max, suivi de près par le Moza Air 2 avec 4,2kg. Le Ronin-S embarquera 3,6kg au maximum, ce qui est déjà une configuration importante !

Qui peut le plus peut le moins… mais en mieux !

Aucune obligation de cibler la charge maximale. Ces stabilisateurs peuvent tout à fait embarquer des configurations plus légères. Il est très courant d’utiliser ces derniers pour des charges de l’ordre de 1kg. Si l’on compare ces stabilisateurs vidéo haut de gamme à leurs petits frères moins musclés, leurs moteurs sont plus puissants. Grâce à cela, ils pourront être vifs et précis dans les mouvements brusques.

Leur nacelle est plus large et plus profonde (le berceau sur lequel on installe la caméra). C’est un paramètre important si on installe un objectif lourd et/ou long (exemple avec le très courant Sigma Art 18-35 mm) ou une caméra plutôt large (comme la BM Pocket cinema camera 6K).

Le Crane 3 a une nacelle un peu plus profonde que les autres, utile pour des équipements très lourds.

Le stabilisateur vidéo Crane 3 Lab offre la nacelle la plus importante
Le stabilisateur vidéo Crane 3 Lab offre la nacelle la plus importante

Poids total : évitez d’avoir les yeux plus gros que le ventre !

Un stabilisateur avec autant de capacité pèse lourd ! Nos ténors pèsent environ 2,2kg chacun, batteries incluses. Associez à cela votre équipement et réfléchissez à votre capacité à tenir le tout à bout de bras. Pour des plans de 5 minutes, on le supporte, mais tenir 3 à 5kg de matériel toute une journée peut devenir un vrai calvaire.

Veillez à rester modeste sur ce que vous allez monter sur la nacelle. Je vous conseille de limiter tant que possible le poids total pour privilégier la créativité et la rapidité plutôt que l’effort.

Si vous pensez que vous n’utiliserez qu’une petite caméra légère, pas d’objectif lourd, et pour un usage plus loisir, regardez également du côté des stabilisateurs vidéo plus légers comme le DJI Ronin-SC.

Les critères d’achat d’un stabilisateur vidéo

Le budget

Dans le budget que vous vous accordez, tenez compte des accessoires fournis par chaque fabricant.

Ronin-S Kit Essentiels : 499€
Ronin-S Kit standard : 749€
Crane 3 Lab : 779€
Moza Air 2 : 585€

Le DJI Ronin-S kit Essentiels est le moins cher de tous, mais contrairement à ses rivaux, la molette de mise au point (focus wheel) est en option.

Si vous n’avez pas besoin de changer votre mise au point depuis la poignée, ou si vous ne travaillez qu’en mode autofocus permanent, alors il est le plus abordable de tous. Pour un niveau d’équipement équivalent, il vaut mieux considérer le pack standard. A ce niveau, le Moza Air 2 est le plus compétitif.

La compatibilité avec votre caméra

Le nerf de la guerre, c’est bien votre caméra ! Si chaque stabilisateur vidéo est blindé de fonctionnalités permettant le contrôle de votre DSLR (démarrage de l’enregistrement, réglage de la mise au point, ISO…), veillez à consulter la liste des compatibilités. Cela vous évitera de faire le mauvais choix.

En savoir plus sur les caméras compatibles avec les stabilisateurs :

Sur le terrain : chaque stabilisateur vidéo est unique !

Les stabilisateurs… stabilisent, c’est une évidence et ce n’est pas sur ce domaine qu’il faudra les départager, car les gimbals actuels assument parfaitement cette fonction. Par contre, chacun peut révéler une ou plusieurs caractéristiques suffisamment remarquables pour en faire des critères de choix importants.

Les finitions de chaque stabilisateur vidéo

Au premier coup d’oeil, le Ronin-S est le stabilisateur vidéo avec la plus belle qualité de fabrication, privilégiant le métal et des plastiques de qualité, et aucun jeu dans les pièces. Les Moza Air 2 et Crane 3 sont propres, bien finis, mais légèrement en-dessous.

Les molettes de mise au point sont précises sur les trois. Celle du Crane 3 a une taille parfaite et est superbement finie, avec un très bon toucher. C’est aussi le cas pour le Ronin-S, même si c’est la plus petite de tous. Sur le Moza Air 2, le feeling est bon, mais il faudra cependant faire attention, car elle est un peu plus frêle que ses adversaires.

Le follow-focus du stabilisateur Ronin-S est de très bonne qualité
Le follow-focus du Ronin-S est de très bonne qualité
La molette follow-focus du Crane 3 Lab est le top
La molette follow-focus du Crane 3 Lab est le top
La molette de follow-focus du Moza Air 2 est plus fragile mais il est agréable
La molette de follow-focus du Moza Air 2

Équilibrage du stabilisateur vidéo

Un bon équilibrage est primordial, c’est de cela que dépendra la qualité optimale de la stabilisation.

Sorti avant les autres, le Ronin-S est équipé d’une nacelle complètement libre. On se débrouillera pour paramétrer un axe en tenant les autres avec l’autre main. Avec l’habitude, aucun souci, mais ses challengers sont dotés de verrous bien pratiques.

Sur le Moza Air 2, un seul verrou (plastique) est présent et permet de bloquer l’axe de roulis (ROLL), facilitant le travail d’équilibrage sur les autres axes. Chez Zhiyun, le Crane 3 est équipé d’un verrou métallique sur chaque axe, un grand luxe qui isole chaque moteur lors de la préparation.

Ces verrous sont bien pratiques, tant pour l’équilibrage que pour le transport. Attention toutefois à bien tout déverrouiller avant d’allumer le stabilisateur.

Un seul verrou d’axe sur le Moza Air 2
Un seul verrou d’axe sur le Moza Air 2
Verrou sur l’axe PAN du Crane 3
Verrou sur l’axe PAN du Crane 3
Verrou de l’axe ROLL du Crane 3
Verrou de l’axe ROLL du Crane 3
Des verrous sur chaque axe du Crane 3
Des verrous sur chaque axe du Crane 3

Pour fixer la caméra, le Moza Air 2 détrône tous les stabilisateurs avec son système de double plateau. C’est le king ! Un premier plateau sur la nacelle, et un deuxième prévu pour rester sous la caméra et qu’on enclenche et déclenche en deux secondes sans avoir à refaire l’équilibrage !
C’est tout simplement le système le plus ingénieux, d’autant que cette semelle est compatible Manfrotto, et vous fera passer du stabilisateur à une tête compatible au standard Manfrotto, sans rien démonter ni dérégler.

Le plateau rapide du Moza Air 2 : la formule 1 des plateaux !
Le plateau rapide du Moza Air 2 : la formule 1 des plateaux !

Démarrage et prise en main

Au démarrage, le Moza est le stabilisateur vidéo le plus rapidement opérationnel, prêt à dégainer en 2 secondes, une poignée de secondes de plus pour les autres. Si les Ronin-S et Moza Air 2 ont un design classique, le Crane 3 fait bande à part avec sa poignée en arrière pour des prises de vues plus basses, façon attaché-case ou sur des transitions entre positions hautes et basses.

Le Crane 3 Lab idéal en tenue « attaché-case »
Le Crane 3 Lab idéal en tenue « attaché-case »
Tenue idéale du Crane 3 Lab
Tenue idéale du Crane 3 Lab

Pour un usage plus classique avec la caméra à hauteur de visage, les Moza Air 2 et Ronin-S apportent un meilleur maintien de l’ensemble. À noter qu’il existe maintenant des poignées pour chacun que l’on pourra adapter pour avoir la même tenue que le Crane 3.

D’un point de vue ergonomique, Le Ronin-S est le plus simple et dépouillé de tous, avec très peu de boutons. On note l’absence d’afficheur, ce qui sous-entend un paramétrage obligatoirement par une app externe. Le Moza Air 2 et le Crane 3 ont, quant à eux, un petit afficheur OLED pour accéder directement aux paramètres du stabilisateur, un atout indéniable.

Le Crane 3 se distingue aussi par une foison de boutons un peu partout autour de l’appareil. Déroutant dans un premier temps, ces boutons sont en rapport avec les fonctionnalités offertes. Zhiyun a le stabilisateur le plus compatible de tous avec les différentes marques de caméras.

Le stabilisateur vidéo Zhiyun Crane 3 foisonne de commandes et offre le plus de contrôle de caméras
Le stabilisateur vidéo Zhiyun Crane 3 foisonne de commandes et offre le plus de contrôle de caméras

Paramétrage du stabilisateur vidéo et ergonomie

Il faut adapter le stabilisateur vidéo à ses propres besoins et pouvoir accéder rapidement aux paramètres importants : activer ou désactiver un axe, gérer la vitesse, l’angle mort. Tous ces stabilisateurs vidéo sont paramétrables via une application spécifique sur smartphone, bien faite chez les trois fabricants. Mais on n’a pas toujours le temps de dégainer un smartphone sur un shooting et l’accès aux paramètres directement depuis le stabilisateur est un plus.

C’est là où le Ronin-S semble moins bien loti, puisqu’aucun paramètre n’est accessible depuis l’appareil. Il s’en tire pourtant très bien en proposant de préparamétrer trois modes de fonctionnement du stabilisateur vidéo, et de pouvoir en changer ultra rapidement via le bouton « mode » (M). Autre solution : acheter l’option Unité de commande pour RONIN-S et vous aurez un grand écran et les menus pour tout gérer.

Le Moza Air 2 et le Crane 3 permettent de base d’accéder à tous les paramètres directement. Notez que le Moza Air 2 se distingue par la modification directe de la vitesse de suivi (rotation des axes) à la molette située sous le joystick. Tout cela sans aller dans les paramètres et autres menus, sans rien arrêter. Un gain de temps appréciable en shooting.

Le stabilisateur DJI Ronin-S a une façade simple mais efficace
Le stabilisateur DJI Ronin-S a une façade simple mais efficace
L’écran du Crane 3 Lab, juste positionné devant les yeux
L’écran du Crane 3 Lab, juste positionné devant les yeux
L’écran pour accéder aux paramètres du Moza Air 2
L’écran pour accéder aux paramètres du Moza Air 2

Le Crane 3 est le seul stabilisateur vidéo à proposer la récupération du signal vidéo depuis le port HDMI de la caméra, pour le renvoyer sur un smartphone ou tablette. Une caractéristique très intéressante et unique pour avoir facilement un moniteur de contrôle et bien cadrer !

Batteries et autonomie des stabilisateurs

Le Moza Air embarque 4 accus de 2500mAh et en fait le roi de l’autonomie avec 16 heures d’utilisation maximale. DJI a choisi l’option du tout en un avec sa poignée qui est aussi la batterie avec une autonomie d’environ 12 heures. Le Crane 3 est équipé de 3 accus de 2000mAh qui lui confèrent environ 7h30 d’autonomie. Il vaudra mieux prévoir l’achat de batteries supplémentaires.

Des choix de batteries différents pour les stabilisateurs
Des choix de batteries différents pour les stabilisateurs

Transport

Une fois démonté, le moins encombrant est le Ronin-S. Cependant, il faudra recourir à une bande velcro pour maintenir la nacelle bien à plat. Le Crane 3 est un peu plus encombrant avec sa poignée non amovible, mais ses verrous sur les axes rendent le transport plus agréable. Le Moza Air 2 pêche par une poignée droite inamovible, ce qui impose un plus gros sac.

Le Ronin-S est facile à ranger dans un sac
Le Ronin-S est facile à ranger dans un sac
Le Crane 3 Lab se met bien à plat, idéal pour le tenir à main levée et le maintenir à plat
Le Crane 3 Lab se met bien à plat, idéal pour le tenir à main levée et le maintenir à plat
Le Moza Air 2 démonté prend un peu plus de place du fait de sa poignée fixe
Le Moza Air 2 démonté prend un peu plus de place du fait de sa poignée fixe

Bilan : un stabilisateur vidéo pour chacun !

Ces trois stabilisateurs vidéo sont de très bonne qualité, et présentent des spécificités qui convaincront les plus exigeants. Ils proposent tous une bonne stabilisation, des modes tendance (roll 360/vortex/inception, time lapse…) mais au final, ils ont chacun leurs atouts.

Ainsi, le Ronin-S excelle dans sa qualité de fabrication. L’app est bien faite, et ce stabilisateur est vraiment simple d’utilisation. La gestion des modes préprogrammés est très pratique. Le Ronin-S inspire la confiance. Il est aussi le moins volumineux pour le transport en sac.

Le Crane 3 Lab domine tout le monde sur le nombre de caméras compatibles élevé et beaucoup de contrôles. La possibilité d’avoir une tablette comme écran de contrôle par récupération du flux vidéo est un atout. Sa poignée est plutôt bien adaptée aux low modes et les transitions. Les verrous sur les axes sont aussi un plus, pour l’équilibrage et le transport à la main.

Le Moza Air 2 est le roi du stabilisateur vidéo run&gun, le plus rapide à préparer et à démarrer. Son double plateau compatible Manfrotto est d’une ingéniosité hors pair. Il évite de devoir tout rééquilibrer si on en enlève la caméra. Un régal à l’usage. Avec un accès rapide à la vitesse des axes, ce stabilisateur est le plus rapide à utiliser sorti de boîte.

Votre choix est fait ?

Avatar de Fabrice Charleux
Auteur

Filmmaker indépendant, réalisateur et chef opérateur, je travaille sur des réalisations très variées : spots publicitaires, fictions, plateaux TV, films institutionnels... J'égraine les salons, toujours au fait des nouveaux outils et tendances, et j'aime partager mes connaissances sur les réseaux sociaux, dont Le Repaire des Filmmakers.

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