Le compact numérique a longtemps été le fer de lance de l’industrie photographique. Aujourd’hui, pourtant, il se vend moins que les appareils à objectifs interchangeables ! Le grand public s’est en effet détourné des compacts avec l’amélioration des smartphones. Il reste cependant de très bons modèles, qui pallient les limites des téléphones en proposant un zoom ou une qualité d’image supérieure.
L’arbitrage zoom/capteur sur un compact
Il s’agit probablement du principal dilemme pour un acheteur potentiel : l’optique ou le capteur ?
Un plus grand capteur est plus sensible, donc meilleur en basse lumière. Sa dynamique plus étendue gère mieux les contrastes. Et, à cadrage égal, il laisse plus de liberté de gestion de la profondeur de champ. Mais il nécessite un objectif plus encombrant…
Or, le facteur de zoom joue également sur la complexité et la taille de l’optique. Afin de conserver un volume raisonnable, il faut donc choisir : soit faire un gros zoom pour un petit capteur, soit une focale fixe pour un grand capteur. Entre les deux, un petit zoom sur un capteur moyen est un compromis raisonnable. Vous avez donc un grand choix d’appareils à capteur 1″ ou approchant et à zoom 3× à 5×.
Privilégiez le capteur si…
Associer une focale fixe et un grand capteur a un avantage essentiel : la qualité d’image. Plage dynamique, sensibilité, précision optique… Du Ricoh GR III au Leica Q2, ces modèles vous offriront sans conteste les plus belles photos, piquées jusqu’aux bords, sans hautes lumières brûlées ni grain disgracieux.
En contrepartie, vous devrez « zoomer avec les pieds ». La plupart de ces appareils sont dotés d’un 28 mm ou d’un 35 mm, et seule votre position déterminera le cadrage. Bien entendu, vous pourrez retailler l’image (éventuellement dès la prise de vue), mais ça n’est pas le but premier d’une focale fixe.
Et si vous avez besoin d’un ultra-grand-angle ou d’une focale à portrait, il faudra recourir à des adaptateurs… Ou vous tourner vers les très originaux (et imposants) Sigma DP, échelonnés du 21 au 75 mm (en équivalent plein format).
Privilégiez le zoom si…
Un gros zoom est forcément une optique de compromis. Elle est moins lumineuse, moins homogène et moins précise. Et le petit capteur qui l’accompagne ressemble à ceux des smartphones. Mais vous perdrez en qualité d’image pour gagner en polyvalence : qu’il s’agisse de photographier un gigantesque paysage ou un bouquetin perdu au loin, leur objectif 24-600 mm (voire plus) en sera capable.
Les compacts à gros zooms sont donc les amis des randonneurs, des touristes… Bref, de ceux qui ne savent pas ce qu’ils vont devoir photographier et ne veulent pas s’encombrer d’un bridge ou de plusieurs objectifs.
Les compromis raisonnables
Les appareils de compromis, ceux au format 1″ ou approchant, associent un zoom adapté à la vie quotidienne et un capteur déjà de grande qualité.
Ces modèles intermédiaires peuvent eux-mêmes se distinguer selon deux tendances. D’un côté, ceux qui ont « plutôt un gros zoom », tels que les dernières versions du Sony RX100 et les Panasonic TZ100 et TZ200 : leurs optiques sont relativement peu lumineuses et déjà très polyvalentes (zoom 8× à 15×). De l’autre, ceux qui ont « plutôt une bonne qualité d’image », comme les Sony RX100 VA et précédents, Panasonic LX100 II et Canon G1 X Mk III : ils se contentent d’un zoom 3× ou 4×, mais leur grande ouverture et leur qualité optique permettent de réellement travailler le rendu photographique.
Ergonomie : un casse-tête pour un compact
Tout automatique ou gestion manuelle de chaque paramètre ? En matière de compacts, vous avez le choix. Une grande tendance se dégage tout de même : les modèles à gros zoom favorisent plutôt le pointer-déclencher, tandis que les grands capteurs visent plutôt les techniciens.
Ainsi, le Canon SX740 HS se contente d’une roue pour la navigation et les réglages. Il ne propose en outre pas de touche personnalisable. Aussi, s’il permet une utilisation manuelle, régler vitesse, ouverture, mise au point et sensibilité prend du temps et s’avère peu pratique. Enfin, l’absence de format RAW limite les possibilités de retouche de l’image.
À l’autre extrémité, le Leica Q2 intègre trois bagues sur l’objectif et deux molettes sur le capot. Il permet donc de tout régler simultanément, à la volée, du bout des doigts — et avant même de l’allumer ! En revanche, ses automatismes sont plus rustiques et il ne propose pas de modes « scènes » pour vous simplifier la vie. Selon vos goûts et vos attentes techniques, vous préférerez donc l’une ou l’autre approche…
La prise en main
Ce critère est lié au précédent. Même parmi les compacts, certains appareils sont plus gros, plus lourds que d’autres. Ils sont donc plutôt prévus pour être tenus à deux mains et offrent plus de place où installer des commandes. Les modèles plus passe-partout, qui doivent se glisser dans la poche ou dans une sacoche, sont généralement plus avares en commandes. Mais en compensation, il est facile de les utiliser d’une main.
Les exceptions se nomment Sony RX100 et Canon G7 X. Ils font partie des « vrais compacts », moins encombrants que les modèles experts traditionnels, tout en maintenant de nombreuses commandes manuelles. Utilisables de la main droite, ils savent tout de même mettre à profit votre senestre grâce à une bague d’objectif.
L’autre exception s’appelle Ricoh GR III. Son capteur APS-C et sa focale fixe en font un vrai appareil expert sans compromis. À ce titre, il propose moult accès directs, grâce à deux molettes et un astucieux basculeur cliquable. Mais c’est aussi l’un des appareils les plus compacts et les plus faciles à utiliser de la seule main droite !
La réactivité
Les compacts modernes sont tous assez réactifs pour une utilisation courante, mais il reste des disparités dans deux domaines clés. Tout d’abord, au démarrage. Certains modèles sont prêts à photographier en un instant, tandis que d’autres prennent plusieurs secondes. De manière générale, plus le zoom est long, plus il prend de temps pour se déployer.
Ensuite, l’autofocus est plus ou moins vif d’un modèle à l’autre. Le dernier Sony RX100 VII profite ainsi d’une mise au point quasiment instantanée et d’un suivi de sujet particulièrement efficace. Son concurrent Panasonic, le TZ200, prend un peu plus de temps surtout aux longues focales.
Dans ce domaine, il faut noter une particularité du Ricoh GR III, la fonction « snap ». Si vous appuyez à mi-course sur le déclencheur, l’autofocus fonctionne normalement ; mais si vous l’enfoncez totalement d’un coup, la mise au point est faite à une distance préréglée pour prendre la photo instantanément. Un petit plus pour les adeptes de la photographie à la volée…
Viseur ou pas ?
Un compact doit-il avoir un viseur ? Le débat fait rage et ne semble pas s’éteindre. De nombreux Sony possèdent d’astucieux viseurs électroniques escamotables. D’autres intègrent un viseur fixe, comme les bridges, ou à l’inverse misent exclusivement sur l’écran. Le Fujifilm X100F sort du lot avec son viseur optique : il permet de voir légèrement plus large que l’objectif pour anticiper l’arrivée d’un sujet dans le cadre.
Il est indéniable qu’un viseur peut être utile en plein soleil, mais aussi qu’il occupe un certain volume. C’est donc à vous de choisir. Une chose est sûre : mieux vaut un bon écran qu’un mauvais viseur. Vérifiez donc le grossissement : sous 0,6×, vous viserez une petite image au fond d’un tunnel. Si vous êtes sensible à l’effet arc-en-ciel des afficheurs séquentiels (chez Panasonic notamment), préférez les modèles OLED : ils ne posent pas ce problème.
L’autonomie : un problème récurrent pour un compact
N’y allons pas par quatre chemins : aucun appareil compact ne possède de batterie suffisante pour une journée de photographie intense. Même le Leica Q2 ne dépasse pas 350 photos (selon les standards CIPA). Les autres oscillent généralement entre 200 et 300 déclenchements. Les disparités peuvent aussi être importantes selon l’utilisation de l’écran ou du viseur, les extinctions/allumages répétés, le réglage de la mise en veille… Mais il n’y a pas de bon élève dans ce domaine : si vous avez l’index chatouilleux, n’hésitez pas à acheter une deuxième, voire une troisième batterie. Notez que les Sigma DP sont directement fournis avec deux accumulateurs !
Une faible autonomie est particulièrement gênante pour les randonneurs, qui doivent parfois rester longtemps loin de toute prise électrique. Préférez alors les appareils qui se rechargent par le port USB : une batterie externe pourra alors vous aider à tenir plusieurs jours.
Selon que vous serez randonneur ou street photographer…
Si les compacts grand public ont peu ou prou disparu, il reste donc de nombreux modèles pour les utilisateurs ayant des besoins spécifiques. Le premier choix que vous devrez faire sera le compromis entre zoom et taille de capteur. Si vous recherchez un couteau suisse, vous devrez vous contenter d’une qualité d’image limitée, surtout en basse lumière. Si vous recherchez la qualité d’image d’un reflex sans son encombrement, vous devrez vous contenter d’une focale fixe.
Intéressé par la photo de sport ou de rue, prenez le temps de consulter la presse afin de vérifier la réactivité des appareils. Si c’est la vie quotidienne familiale qui vous motive, ce critère est moins important. Si vous photographiez souvent en basse lumière ou faites beaucoup de portraits, n’oubliez pas de vérifier l’ouverture de l’objectif, en particulier à sa plus longue focale.
Dans tous les cas, si vous le pouvez, n’hésitez pas à prendre en main et à tester différents modèles. Les compacts « entre-deux », associant un capteur d’environ 1″ et un petit zoom, se distinguent en effet surtout par l’ergonomie et l’encombrement. Il est donc raisonnable de choisir celui qui correspond à votre sac, à vos mains et à votre logique !