On pense souvent que le montage démarre lorsque l’on met son premier clip dans la timeline, et bien c’est faux ! Il existe une ou plusieurs étapes avant cette action afin que le monteur soit prêt à commencer le montage dans les meilleures conditions. Au cinéma, ces étapes sont gérées par l’assistant monteur. Cela consiste à préparer les médias afin que le monteur puisse travailler sans le moindre problème. C’est ce que nous allons voir dans cet article, en commençant dès le tournage !

#1 Bien préparer ses médias dès le tournage

Aujourd’hui, il est possible sur un même tournage d’avoir un grand nombre de caméras : de grosses caméras professionnelles, des caméras plus petites, des caméras d’action de poche (GoPro), des drones et même des smartphones. Ceci permet une grande souplesse lors du tournage, mais peut vite devenir un enfer pour le monteur. Voici donc quelques conseils qui peuvent vous faire gagner du temps ou tout du moins, ne pas vous en faire perdre en postproduction.

Ajouter les métadonnées sur vos fichiers

Bien préparer ses médias pour le montage : métadonnées.
Contrôle à distance des métadonnées sur la Blackmagic Pocket.

La plupart des caméras modernes permettent de définir des noms de fichiers pour l’enregistrement. N’hésitez pas à bien indiquer le nom de chacune des caméras (Sony_1, Sony_2, Drone_1, iPhone, etc.). Ainsi, lors de l’import des fichiers, il sera plus simple d’organiser les médias manuellement ou bien automatiquement.

Si vous ne pouvez pas nommer vos fichiers avec vos caméras, n’hésitez pas à les renommer avec un maximum d’informations dans le nom du fichier. Cela pourra être extrêmement précieux lors du montage. Il existe de nombreux logiciels de renommage, dont “Better Finder Rename” que nous avions décrit dans un article précédent.

Lire aussi : 5 outils indispensables pour optimiser le flux de production et améliorer le rendu des vidéos

Unifier vos rushs si possible !

Bien préparer ses médias pour le montage : caméras.
Trois types de caméras différentes à essayer d’unifier.

S’il y a beaucoup de caméras différentes, il faut bien vérifier que :

  • toutes les caméras utilisent le même codec d’enregistrement (si possible) ;
  • toutes les caméras sont synchronisées avec le même timecode (si possible) ;
  • toutes les caméras sont réglées avec la même fréquence d’image et la même définition.

Dans certains cas précis, il ne faudra pas suivre ces règles pour la définition et la fréquence d’image :

  • pour la définition, si vous allez diffuser en HD 1080P, mais que vous disposez d’une caméra 4K avec d’autres caméras HD : il peut être intéressant de garder la définition 4K pour pouvoir changer le cadrage lors du montage (il suffira de “zoomer” dans l’image et ainsi avoir des valeurs de cadre différentes) ;
  • pour la fréquence d’image, on peut pour certaines scènes d’action, avec des mouvements rapides, filmer avec une haute fréquence d’images (60 i/s, 120i/s et plus si possible). Cela permet de réaliser des ralentis de meilleure qualité lors du montage.

Sauvegarder vos rushs dès la fin de tournage !

Bien préparer ses médias pour le montage : cartes mémoires.
Photo : Paul Maguire / Shutterstock.

Dès que le tournage se termine, il faut absolument sauvegarder vos rushs (audio et vidéo) sur des disques durs et au minimum, sur deux disques différents. Il existe de nombreuses solutions dédiées pour faire des copies vers plusieurs destinations en même temps avec une vérification bit par bit de la copie. DaVinci Resolve dispose dans sa version gratuite d’un tel outil.

  • Les cartes SD ne sont pas des supports fiables et peuvent se corrompre facilement ;
  • On sauvegarde les rushs sur au moins 2 disques différents, car ils seront vos négatifs. Si l’un des disques tombe en panne, le deuxième sera fonctionnel et vous n’aurez pas perdu vos médias ;
  • Conserver vos sauvegardes dans des lieux différents ou avec des personnes différentes. Cela évite la problématique de perte, de vol, de sinistre ou d’accident. Si vous êtes seul et que vous prenez l’avion alors, mettez un disque en soute et l’autre avec vous en cabine.
Bien préparer ses médias pour le montage : Disque LaCie DJI Copilot.
Disque LaCie DJI Copilot.

A noter qu’il existe des disques durs externes qui disposent d’une entrée pour carte SD permettant de sauvegarder automatiquement les fichiers dès l’insertion de la carte SD, comme le disque LaCie DJI Copilot.

#2 Avant d’importer vos médias dans votre logiciel de montage

Disque dédié pour le montage

Bien préparer ses médias pour le montage : Disque externe LaCie 2big Thunderbolt.
Disque externe LaCie 2big Thunderbolt.

Comme nous l’avons vu dans la première partie, il est fortement déconseillé (interdit) de monter vos projets directement depuis la carte SD. Cela peut corrompre les fichiers sur la carte SD. De plus, les performances ne seront pas optimales.

De même, il ne faut pas monter avec vos disques de sauvegarde. Il faut copier vos éléments sur un disque dédié pour vos montages (disque externe SSD, tour de disques en RAID). Encore une fois, votre/vos disques de sauvegarde sont vos négatifs. Lorsque vous montez, vous accédez et sollicitez énormément les disques et cela peut entraîner des pannes. Donc prudence et optez pour un ou des disques rapides et robustes. Des SSD ou des tours de disques en RAID sont des bonnes solutions pour travailler sereinement.

Convertir vos fichiers

Beaucoup de caméras légères, des actions cam, drones ou smartphones enregistrent vos plans dans des formats qui ne sont pas optimums pour le montage. Par exemple, les fichiers au format H264, MTS sont des formats de diffusion/enregistrement, mais pas de postproduction. Ces codecs sont certes pratiques pour ne pas prendre beaucoup de place sur les cartes mémoires, mais sont du coup extrêmement compressés. Ils demanderont beaucoup de ressources à votre station/logiciel de montage afin de les lire ou de les manipuler.

Bien préparer ses médias pour le montage : conversion de fichier.
La conversion de fichiers.

Il sera bon de les convertir dans des codecs plus adaptés pour le montage, comme de l’Apple ProRes ou du DNxHD.Codecs qui seront facilement lus et ne demanderont pas moins de puissance de calcul à votre station de travail.

Pour la conversion des codecs, il existe de nombreuses solutions comme les logiciels Media Encoder d’Adobe, Compressor d’Apple ou Davinci Resolve. Il existe aussi de petits logiciels dédiés, comme ffmpeg Encoder disponible sur toutes les plateformes et compatible avec un grand nombre de codecs. De plus, il est gratuit.

#3 Optimiser vos médias dans votre logiciel de montage

Utilisation des PROXYS

Avec l’évolution matérielle des caméras, nous sommes passé en moins de 10 ans de médias d’une définition SD à des définitions HD, 4K et plus. Cette croissance de définition demande des machines toujours plus puissantes pour traiter ce gain d’information. Cependant, les stations de montage n’évoluent souvent pas aussi vite. On peut se retrouver avec des projets très lourd à gérer et avoir un logiciel qui devient très lent (pour l’ouverture du projet, pour lire en temps réel la timeline ou pour appliquer des effets). Cela peut devenir très frustrant.

Pour faire face à cette problématique, il est possible d’alléger ses projets en utilisant la création de proxy. Lorsque l’on parle de créer un proxy, cela veut dire que l’on va faire un double du fichier vidéo avec une définition plus basse et/ou avec un codec plus léger. Par exemple, on peut passer d’une définition 4K à HD. Cela est tout à fait correct pour le montage et cela permet de diviser par 4 le nombre de pixels et donc, la puissance de calcul nécessaire.

Bien préparer ses médias pour le montage : proxy.
Panneau des préférences de FCPX pour la création des proxys.

En fonction des logiciels, le terme “Proxy” peut varier :

  • Dans Avid Media Composer, on passera par le menu “Consolidate/Transcode” ;
  • Dans Adobe Premiere Pro, Adobe utilise le terme “Doublure” ;
  • Dans DaVinci Resolve, on utilisera le terme “Media optimisé” ;
  • Dans Final Cut Pro X, on utilisera le terme “Média optimisé” pour convertir des codecs complexes vers du ProRes. Il y a aussi une fonction “Proxy Media” que vous pouvez cocher des l’importation des médias, qui créera des fichiers proxys avec une définition/codec plus léger (choix dans les préférences).

Le gros intérêt de faire cette création de proxys directement dans votre logiciel de montage est que ce dernier pourra commuter rapidement entre la version allégée de vos médias et la version pleine définition. Cela évite la perte des liens entre les deux fichiers.

Ainsi, il est possible de monter avec les fichiers proxys en basse définition puis de commuter en pleine définition pour l’étalonnage ou l’export final par exemple.

Baisser la résolution dans votre visualiseur

Bien préparer ses médias pour le montage : résolution Premiere Pro.
Changement de la résolution dans le visualiseur avec Premiere Pro.

Un autre moyen de soulager votre logiciel de montage est de lui demander de ne pas afficher tous les pixels dans le visualiseur. En effet, dans pratiquement tous les logiciels de montage, il est possible d’afficher des demi-résolutions ou des quarts de résolution dans le visualiseur. Cela peut être pratique lors d’ajout d’effets, mais c’est beaucoup moins efficace que de passer par les proxys.

Pour résumer

La gestion des médias est une étape primordiale dans le flux de production. Cela commence dès le tournage, puis avec la sauvegarde et l’organisation des médias. Un montage se déroulera bien grâce au travail effectué en amont autour des médias. Il faut donc bien réfléchir à vos choix sur le tournage avant de démarrer votre production, car ils auront des conséquences sur la postproduction.

En effet, le choix de la définition de votre projet (HD ou 4K) et du codec auront une incidence directe sur le stockage, la puissance de votre station de montage et l’utilisation ou non de logiciel tiers pour la gestion des médias.

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Auteur

Photographe, auteur et formateur. Il est un grand spécialiste de l'industrie de l'image. La photo et la vidéo n'ont pas de secret pour lui.

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