Le voilà enfin : Canon présente officiellement son EOS R3. La marque met ainsi fin à une longue campagne d’aguichage, commencée en avril dernier. Le Canon Eos R3 prend place au sommet de sa gamme d’hybrides plein format. Mieux, il attaque en fait frontalement les reflex dédiés aux professionnels de la photo de sport tels que l’EOS-1D X Mk III et le D6, avec des arguments qu’aucun de ses adversaires ne présente : rafale à 30 im/s, autofocus jusqu’à -7,5 IL, obturation jusqu’à 1/64000 s… et contrôle oculaire !

Il va y avoir du sport !

Cela fait cinq mois que Canon révèle son nouveau vaisseau amiral au goutte-à-goutte. En avril puis en juin, nous faisions le point sur les informations connues et supposées sur l’EOS R3. Aujourd’hui, l’appareil est officiellement lancé : nous connaissons désormais toutes ses capacités. Et il restait quelques belles surprises.

Canon EOS R3 et RF 24-70mm F2.8 IS USM

Comme prévu, la définition reste modeste : le Canon R3 est destiné à la photographie sportive. Il se contente donc de 24 MP. Nous savions déjà qu’il capturerait jusqu’à 30 photos par seconde — une cadence jusqu’ici réservée au Sony α1. Comme celui-ci, le nouveau Canon profite d’une lecture accélérée pour offrir la synchronisation du flash en obturation électronique, jusqu’au 1/180 s en l’occurrence.

Explosion d'une bulle de savon au 1/64000 s
Saisir nettement l’explosion d’une bulle de savon : l’intérêt du 1/64000 s…

S’y ajoute une vitesse maximale d’obturation de 1/64000 s, qui va donc 1 IL au-delà de tout ce que propose Sony. De quoi figer non seulement les sportifs, mais aussi les gouttelettes les plus rapides ou même l’explosion d’un ballon de baudruche.

Autofocus : fonctions exclusives et sensibilité record

L’autofocus doit suivre, à tous les sens du terme. Canon s’appuie sur son système Dual Pixel pour assurer une réactivité irréprochable, où qu’il faille faire le point. L’appareil est évidemment capable d’identifier un sujet pour s’assurer de sa netteté. Il reconnaît ainsi les visages, les yeux, les animaux… et les voitures et motos ! Canon insiste beaucoup sur cette nouveauté, qui est pour l’heure une exclusivité mondiale.

Détection des véhicules par l'autofocus

Autre élément notable : l’autofocus fonctionne jusqu’à -7,5 IL. En comparaison, l’α1 et l’EOS 1D X Mk III sont limités à -4 IL, le D6 à -4,5 IL… Même l’EOS R6, précédent roi de la nuit, ne dépassait pas -6,5 IL. Pour vous représenter ce que cela signifie : sous un éclairage de -7,5 IL, avec un objectif à f/1,2, il faut une seconde complète de pose… à 25600 ISO !

Eye Control, l’avantage déterminant du Canon R3 ?

Canon l’avait indiqué dès les premiers jours de son « teasing » : l’autofocus de l’EOS R3 répond à l’œil. Il suffit d’observer le sujet pour le sélectionner.

Système Eye Control AF du Canon EOS R3

Concrètement, huit diodes infrarouges éclairent l’œil du photographe. Lorsque celui-ci regarde dans le viseur, un miroir semi-transparent redirige l’infrarouge reflété par le globe oculaire vers un capteur dédié. Celui-ci peut ainsi suivre les mouvements de la pupille afin de savoir exactement quel objet observe le photographe.

Ce principe a connu une première gloire dans les années 1990. Il a culminé avec le reflex EOS 3, lancé en 1998. L’EOS R3 (dont le chiffre ne doit donc rien au hasard) est le premier appareil numérique à en être doté. Deux décennies d’évolutions technologiques assurent un suivi bien plus fin et fiable.

Affichage de l'Eye Control AF
Illustration des deux grandes nouveautés de l’autofocus de l’EOS R3 : le cadre bleu de la reconnaissance de sujet, désormais adaptée aux sports mécaniques, et le point orange à l’endroit où regarde le photographe.

Cette fonction pourrait être une révolution pour les photographes de sport. En effet, face à une mêlée ou à un peloton, il est impossible de se reposer entièrement sur les automatismes de l’appareil : ils ont trop de sujets potentiels à choisir. Les photographes utilisent donc massivement la sélection manuelle du collimateur. Ils déplacent la zone de mise au point en fonction des déplacements du sujet de leur choix, manipulant le joystick en même temps que le déclencheur. Pouvoir faire le point d’un simple regard pourrait simplifier grandement leur travail.

Vidéo 6K à 60 im/s en RAW

La prise de vues sportive ne se limite pas à la photo. Canon a donc également soigné la vidéo. Tout d’abord, le Canon R3 filme en 2160p, au standard cinéma 4K DCI (4096 px au format large 1,89:1) ou au standard télévision 4K UHD (3840 px au format 16:9). Le flux vidéo, échantillonné en 4:2:0 sur 8 bits ou en 4:2:2 sur 10 bits, utilise le codec H.264 ou H.265 et peut adopter un profil Log. La cadence d’acquisition atteint naturellement 60 im/s, mais ceci reste loin des limites du processeur : le Digic X peut digérer un débit double (la 8K à 30 im/s de l’EOS R5). Canon propose donc également un mode haute vitesse, où l’appareil saisit jusqu’à 120 im/s en 4K.

Micro Canon DM-E1D
La prise de son intégrée à l’EOS R3 reste assez basique, mais outre la prise jack stéréo, un micro numérique externe peut prendre place dans la griffe flash.

Enfin, le mode RAW de l’EOS R5 est toujours là. Le capteur de l’EOS R3 faisant 6000 pixels de largeur, c’est naturellement un flux 6K qui arrive sur la carte mémoire. L’échantillonnage se fait alors sur 12 bits. Mais il y a un domaine précis où l’EOS R3 dépasse son prédécesseur : la cadence d’acquisition. En effet, il propose l’enregistrement 6K RAW à 60 im/s, là où la 8K de l’EOS R5 se contente de 30 im/s. Les cinéastes adeptes des scènes d’action, qui n’ont pas forcément besoin d’images de plus de 30 mégapixels mais recherchent le détail des mouvements, pourraient donc préférer l’EOS R3 à l’EOS R5.

Bien entendu, comme sur celui-ci, le débit maximal atteint est extrêmement exigeant avec les cartes mémoire. À 2,6 Gbit/s, n’espérez pas utiliser une SD UHS-II : vous devrez adopter une CFexpress type B.

L’EOS R3, un boîtier pro (presque) sans compromis

Nous avions déjà longuement évoqué l’ergonomie dans notre précédent article sur l’EOS R3. Vous savez donc qu’il intègre une poignée verticale, à l’instar des EOS de la série 1D, et qu’il est conçu pour qu’un utilisateur des reflex phares Canon soit immédiatement à son aise. Il utilise également la même batterie LP-E19, là encore afin de faciliter la transition. Celle-ci donne au Canon R3 une autonomie d’environ 860 vues selon les standards CIPA : il ne peinera donc pas à photographier durant de longues séances.

Dos des Canon EOS R3 et 1D X Mk III

Avec 822 grammes sur la balance, l’EOS R3 économise 400 grammes par rapport au reflex. Ce n’est pas au détriment de la construction : il propose le même niveau de protection contre les intempéries. Il n’a donc pas peur de la poussière d’un rallye, des projections de neige des skieurs ou d’un grand prix de Belgique détrempé.

En revanche, le Canon R3 n’est pas un champion absolu dans chaque catégorie. En particulier, son viseur reste celui de l’EOS R5, avec ses 5,76 millions de points et son grossissement de 0,76×. Ces valeurs sont certes excellentes ; mais sur ce point, le Sony Alpha 1  va plus loin avec ses 9,44 Mpt et son oculaire à 0,90×…

Cependant, comme l’EOS 3 en son temps, l’EOS R3 est un appareil impressionnant, qui n’hésite pas à attaquer directement la série EOS-1D. Dans certains domaines, et notamment la photo sportive, il s’agit d’un nouvel étalon, qui a tout pour séduire bien des professionnels… et des amateurs fortunés.

Prix et disponibilité

Le Canon EOS R3 sera vendu à partir de fin novembre, au tarif de 5999,99 €.

Divers accessoires seront proposés, notamment le nouveau transmetteur radio ST-E10. Celui-ci permet de contrôler jusqu’à cinq groupes de flashs distants, tels que l’EL-1 ou le 430EX IlI RT. Beaucoup plus compact que le ST-E3-RT, il coûtera 169,99 €.

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Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

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