Canon présente enfin son hybride plein format haut de gamme, le Canon EOS R5. Elle met ainsi fin au suspense savamment orchestré depuis l’annonce de développement de février. La fiche technique dessine sans ambiguïté la nouvelle référence des hybrides taillés pour la vidéo, avec l’enregistrement en 8K… en RAW ! Il inaugure également le système de double stabilisation (capteur + optique), présenté comme le plus performant du marché avec 8 IL de compensation. À ses côtés, Canon lance également l’EOS R6, plus abordable et doté d’une configuration équilibrée.
Nouveau capteur 45 MP
Canon l’avait annoncé : le capteur de l’EOS R5 est totalement nouveau. Naturellement plein format 24 × 36 mm, il compte 45 mégapixels. Il chasse ainsi sur les terres du Nikon Z7 (également à 45 MP), du Panasonic S1R (47 MP) et du Sony Alpha 7R III (42 MP). Le maître de la résolution chez Canon reste toutefois le reflex EOS 5DS R, déjà âgé de cinq ans : l’EOS R5 ne vise pas le record, mais un équilibre. Ainsi, il reste réactif et mitraille à 20 im/s avec une obturation électronique – l’obturateur mécanique limite la cadence à 12 im/s. Notez que les images peuvent être enregistrées en RAW ou en JPEG, mais aussi en HEIF. Ce nouveau format permet d’enregistrer sur 10 bits et donc de mieux gérer les forts contrastes.
Le Canon EOS R5 offre également une bonne sensibilité, avec 51 200 ISO (extensible à 102 400 ISO), là où l’EOS 5DS R se contentait de 6 400 ISO en plage normale ! Ceux qui travaillent de nuit noteront également que la sensibilité de l’autofocus atteint -6 IL, une excellente performance.
Stabilisation mécanique compatible avec les objectifs IS
Mais c’est ailleurs qu’il faut chercher la vraie nouveauté pour la prise de vue nocturne : le Canon EOS R5 est le premier appareil de la marque doté d’une stabilisation mécanique, par déplacement du capteur. Les amateurs de paysages urbains pourront ainsi réaliser des poses longues à main levée avec des objectifs dépourvus de stabilisation optique.
Comme chez Panasonic, ce système peut collaborer avec la stabilisation optique. Canon annonce alors une efficacité combinée de 8 IL. En théorie, en photographiant à main levée avec le RF 70-200 mm L IS USM à sa plus longue focale, vous devriez pouvoir obtenir des images nettes avec une pose d’une seconde !
Une telle performance n’est peut-être pas très utile au quotidien. Mais c’est une bonne réponse de Canon aux inévitables critiques sur l’ouverture des nouveaux téléobjectifs annoncés aujourd’hui : certes, les 600 mm et 800 mm n’ouvrent qu’à f/11, mais n’ayez pas peur de descendre au 1/100 s, voire moins au besoin !
Le Canon EOS R5, une véritable caméra de cinéma 8K ?
Nous savions déjà que le Canon EOS R5 filmerait en 8K, une première pour un hybride 24 × 36 mm. Mais ce n’est pas la seule caractéristique qui le destine aux vidéastes les plus pointus, voire aux cinéastes.
D’abord, les deux formats 8K sont supportés : celui du cinéma (8K DCI, utilisant la totalité des 8 192 px de largeur du capteur, soit 35 mégapixels) et celui de la télévision (8K UHD, sur 7 680 px, 33 MP). La cadence d’acquisition va naturellement de 23,98 à 30 im/s. L’enregistrement en 4K (DCI ou UHD) ou en Full HD est évidemment possible. Les amateurs d’effets cinématiques noteront la possibilité de pousser à 120 im/s en 4K : de quoi faire des ralentis 4× ou 5× fluides.
Ensuite, la liste des formats d’enregistrement est longue, très longue. La qualité ultime sera obtenue en RAW, disponible en 8K uniquement (Canon ne propose pas de mode RAW M comme en photo) : les images sont enregistrées en 12 bits et peuvent être traitées librement. Le débit atteint 2,6 gigabits par seconde, ce qui impose l’utilisation d’une carte mémoire CFexpress type B.
Des formats compressés sont évidemment aussi proposés. L’échantillonnage se fait alors en 4:2:0 8 bits ou en 4:2:2 10 bits et la compression en H.264 ou H.265 est faite par lots (IPB) ou image par image (ALL-I). Le profil Log offre en outre une souplesse accrue pour l’étalonnage. L’enregistrement peut se faire sur les cartes mémoire (y compris la SD UHS-II) ou sur la sortie HDMI (en 4K DCI à 60 im/s au maximum).
Une prise de son ordinaire
À ce stade, nous ne serions guère surpris de voir des entrées son LEMO ou XLR. Il n’en est rien : l’EOS R5 propose une simple entrée jack 3,5 mm stéréo. Les dimensions et la forme du boîtier ont sans doute limité l’intégration de prises supplémentaires. D’un côté, l’enregistrement 8K de l’EOS R5 dépasse les caméras de cinéma de la marque : les EOS C500 Mk II et EOS C700 ne dépassent pas 5,9K. De l’autre, il faudra donc enregistrer le son séparément ou se contenter d’une entrée micro de qualité limitée. Ce ne sera pas gênant pour les productions importantes, mais les reporters et ceux qui aiment voyager léger doivent être conscients de cette (petite) limitation.
Une ergonomie revue, plus cohérente
L’ergonomie du Canon EOS R sortait des sentiers battus, notamment avec une barre tactile entre le viseur et la molette arrière. L’EOS RP était revenu à une recette plus classique, mais pensée pour le grand public avec notamment un pavé directionnel bas et réduit.
L’EOS R5 vise les professionnels et, logiquement, son ergonomie fait évoluer celle de l’EOS R pour le rapprocher des reflex de la marque. La face supérieure est presque identique à son aîné, avec son écran de rappel des réglages, ses déclencheurs photo et vidéo séparés et ses deux molettes. Celle de derrière conserve l’accès au mode de prise de vue, plus ergonomique que la touche à gauche du viseur de la série EOS-1D.
Le dos, en revanche, se rapproche de la série EOS 5D, avec la célèbre roue codeuse et un joystick idéalement placé au bout du pouce. Le pointage du sujet, œil dans le viseur, sera ainsi bien plus aisé, de même que la navigation dans les menus et les images capturées. La série EOS 5D étant très appréciée des productions vidéo, ce rapprochement ergonomique facilitera également la transition des cinéastes vers l’hybride.
Connexions avancées
Enfin, Canon a également soigné la connectique. Outre la sortie HDMI 4K 10 bits déjà mentionnée, l’EOS R5 dispose d’un port USB-C 3.1 Gen 2 et du Wi-Fi 5 GHz. Les transferts de fichiers vers un ordinateur ou une tablette seront donc extrêmement rapides, avec ou sans fil. Le Bluetooth 4.2 est également au rendez-vous, comme sur l’EOS R : il simplifie la configuration de la connexion et permet notamment de contrôler l’appareil à distance et d’enregistrer des données de localisation dans les clichés.
Une télécommande filaire et un flash de studio peuvent également être utilisés. Enfin, outre l’entrée son stéréo, une sortie casque permet de surveiller l’enregistrement vidéo.
Canon EOS R6 : le petit frère sensible
Si l’EOS R5 attire logiquement les regards, Canon annonce également un modèle un peu plus accessible : l’EOS R6.
Extérieurement, l’EOS R6 ressemble à l’EOS R5 : formes, dimensions et poids sont similaires. Il s’adresse cependant à un plus grand public. Il troque donc l’écran de contrôle pour un sélecteur de mode de prise de vue, plus simple à appréhender. En revanche, il conserve le dos de son frère, en particulier le joystick de pointage : un bien meilleur choix que le combiné qui équipe le reflex EOS 6D Mk II par exemple.
À l’intérieur, les différences sont évidemment plus importantes. Le Canon EOS R6 se contente d’un capteur de 20 MP, qui le limite logiquement à la vidéo 4K. Il compense cette définition moindre par une sensibilité accrue : 102 400 ISO en plage normale (extensible à 204 800 ISO) et mise au point jusqu’à -6,5 IL ! La stabilisation étant toujours présente, l’EOS R6 devrait donc offrir un excellent comportement nocturne.
D’autres différences moins spectaculaires méritent d’être signalées. L’EOS R6 se limite au Wi-Fi 2,4 GHz, plus lent que celui à 5 GHz du R5. Il utilise deux cartes SD UHS-II, un choix logique pour le public visé et suffit à prendre des rafales à 20 im/s. Et si le viseur offre le même grossissement (0,76×), sa définition est moindre : 3,69 millions de points contre 5,69.
L’EOS R6 est donc moins spectaculaire que l’EOS R5, mais il reste un appareil hybride plein format intéressant et équilibré. Son ergonomie s’annonce confortable et il semble avoir d’excellentes dispositions pour la photo d’action.
Tarifs et disponibilité
→ Le Canon EOS R5 sera disponible fin juillet 2020 pour 4500 €.
→ Pour sa part, le Canon EOS R6 attendra fin août. Il coûtera 2700 € seul, ou 3060 € en kit, avec le 24-105 mm.
6 Commentaires
Bonjour, est-ce que le R6 est toujours prévu pour fin août ? Je vois que la dispo du R5 est repoussée. Quelle en est la raison ?
Merci d’avance
Bonjour, Canon nous annonce toujours une disponibilité du R6 pour fin août. Quant au R5, nous en avons eu quelques pièces et attendons les prochaines pour septembre. Ces 2 modèles sont les grandes nouveautés du moment, nous les recevons au compte-goutte car elles sont très demandées. Bonne journée
Bonjour,
Est-ce que l’on peut s’attendre à une réactivité parfaite de l’autofocus, en mode vidéo, avec les bagues d’adaptation et des objectifs EF. Le suivi en vidéo à l’air très bon avec des optiques RF, mais qu’en sera t-il avec toutes nos optiques de Série L. Beaucoup n’auront pas forcement envie de se reconstituer tout un parc optique en RF 🙂
Bonjour,
on retrouve le système DPAF des autres hybrides et reflex récents de Canon, donc la réactivité devrait être similaire.
Les optiques EF s’y prêtent plus ou moins bien selon la motorisation de l’autofocus : les moteurs pas-à-pas (STM) gèrent mieux ce système que les ultrasoniques (USM), qui sont un peu plus brutaux dans leurs transitions (surtout les plus anciens). De manière générale, les EF récents, conçus en prenant en compte les besoins du Live View et de la vidéo, devraient très bien fonctionner, mais idéalement il faudra vérifier modèle par modèle.
Pourquoi avoir prive le R6 de l’écran supérieur . Pourquoi proposer des optiques avec du f:11 ? C’est pas encourageant pour faire de la photo animalière au lever du jour ou a la tombée de la nuit sauf si le capteur est parfait. Cela reste un peu cher pour des gens qui aiment la photo et ne sont pas professionnels et de plus la protection est faible au regard d’un 1D ou du 5D Mk4 …Cela sous entend t il qu’il y aura un autre modèle plus protégé ?
L’écran supérieur est rare sur les boîtiers d’entrée de gamme, et il fallait bien mettre le sélecteur PSAM (plus simple à appréhender pour le grand public qu’une touche Mode) quelque part.
Les très longues focales de voyage ne sont pas du tout une idée neuve : dans les années 1980, les objectifs catadioptriques 500 mm f/8 ou similaires étaient monnaie courante. Ils ont peu à peu disparu à l’aire de l’autofocus, et plus encore avec le numérique ; le dernier proposé par une grande marque, comme je l’écrivais dans l’article, était le Sony 500 mm f/8, hérité de Minolta. Ces objectifs étaient très appréciés des randonneurs et leur disparition laissait le créneau libre. C’est donc plutôt une bonne chose que Canon réintroduise cette possibilité.
La conception catadioprique ne correspond plus aux standards de qualité d’image actuels et ne permet pas de faire une optique stabilisée. Il était donc logique de retenir une structure plus classique, mais celle-ci aurait été plus lourde à ouverture égale. La ramener à f/11 n’est pas choquant étant donnée la capacité des capteurs modernes à monter en sensibilité : si on se acceptait de se contenter de f/8 avec une pellicule plafonnant à 400 ISO, grimper à f/11 sur un capteur qui donne d’excellentes images à 1600 ISO ne devrait pas être un problème.
Bien entendu, il faut espérer que des téléobjectifs plus lumineux soient également proposés à terme, mais si vous en avez besoin, vous pouvez utiliser n’importe quel télé EF avec une bague RF-EF. Il paraît donc cohérent de commencer par proposer les produits qui n’existent pas pour se distinguer de la concurrence.