Le Canon EOS R7 et le Fujifilm X-H2s viennent coup sur coup de remettre les hybrides APS-C haut de gamme sous les feux des projecteurs. Tous deux visent les amateurs de photo de sport, avec des rafales impressionnantes. Leurs fiches techniques aux sommets technologiques actuels n’ont rien ou presque à envier aux meilleurs plein format. Mais le précédent Fujifilm X-T4 conserve des arguments à faire valoir et son tarif a baissé : et s’il était le bon compromis ?

EOS R7 et X-H2s, le retour de l’APS-C expert

Les deux nouveaux modèles partagent donc une caractéristique devenue rare ces dernières années : des capteurs au format APS-C dans des boîtiers haut de gamme. Il existe donc des appareils plein format dans la même gamme de prix. Or, les grands capteurs saisissent mieux la lumière et peuvent offrir des définitions supérieures. Pourquoi donc choisir un capteur APS-C ?

Canon EOS R7 et Fujifilm X-H2s côte à côte
Le Canon EOS R7 et le Fujifilm X-H2s ont des dimensions extrêmement proches. Le X-T4 également !

Voici les deux principaux arguments : le poids des optiques et la réactivité. À champ égal, un objectif pour APS-C est 1,5× plus court. Il suffit donc d’un 200 mm pour cadrer comme avec un 300 mm. C’est très utile en photographie animalière ou sportive par exemple.

En outre, la définition plus faible simplifie l’intégration de technologies de lecture ultra-rapide. Celle-ci permet d’accélérer l’autofocus, l’affichage du viseur et la capture des images – sans pour autant faire exploser le prix du capteur comme sur un Alpha 9 II, un EOS R3 ou un Z9.

Les appareils au format APS-C sont donc naturellement prédisposés à la photo de sport. Ils ont évidemment d’autres applications, mais c’est essentiellement cette activité que Canon et Fujifilm mettent en avant pour leurs nouveaux porte-étendard à petit capteur.

Qualité d’image à confirmer

Commençons cette comparaison par un bref avertissement. Il est trop tôt pour trancher en matière de qualité d’image. Le capteur du Canon EOS R7 compte 32 MP, comme celui des EOS 90D et M6 II, mais il a été retravaillé. C’est aussi la première fois qu’il est associé au processeur Digic X. Le Fujifilm X-H2s compte 26 MP et inaugure le premier capteur empilé de la marque. Les deux capteurs sont stabilisés, les deux fabricants annonçant une efficacité de 7 IL.

Nos premiers tests confirment une excellente qualité d’image en toutes circonstances. Il faudra toutefois attendre les mises à jour des logiciels pour traiter les RAW et établir un classement définitif.

La rafale : l’argument premier

Les photographes sportifs sont des utilisateurs massifs de rafale. L’EOS R7 et le X-H2s sont donc au sommet dans ce domaine. Le premier atteint 30 im/s, le second pousse à 40 im/s ! Ils peuvent donc capturer, en RAW et en pleine définition, au rythme d’une vidéo.

Mais encore faut-il enregistrer ces images. Canon a intégré un tampon de 42 images en RAW ou 126 en JPEG. Fujifilm a vu plus haut : 170 RAW (compression sans perte) ou 184 JPEG. Le X-H2s peut donc faire une rafale ininterrompue de quatre secondes, contre une seconde et demie pour son adversaire.

Rafale du Fujifilm X-H2s
Le X-H2s offre la rafale la plus rapide : 40 im/s. Mais l’EOS R7 n’est pas loin…

Ensuite, c’est la carte mémoire qui fait la différence. Là encore, le X-H2s a l’avantage, avec son logement CFexpress B. Plus rapide que les cartes SD UHS-II de l’EOS R7, elle ralentit moins la rafale une fois le tampon plein, et elle permet de vider plus vite celui-ci lorsque vous relâchez le déclencheur.

Notez que ces deux appareils sont capables de « pré-capturer » des images. Ainsi, la rafale enregistrée commence légèrement avant que vous enfonciez le déclencheur.

Quant au X-T4, il ne démérite pas : il capture 30 im/s. Cependant, il sature en à peine plus d’une seconde en RAW. De plus, il doit recadrer l’image à 16,6 mégapixels. En pleine définition (26 MP, comme le X-H2s), il ne dépasse pas 20 im/s – ce qui reste extrêmement rapide !

L’autofocus, toujours plus avancé

Voici l’autre nerf de la guerre pour la photo sportive : la mise au point. Les autofocus des hybrides progressent spectaculairement, en sensibilité comme en fonctionnalité. Le Canon fait le point jusqu’à -5 IL, tandis que Fujifilm annonce -7 IL !

Ils sont également capables de reconnaître et de suivre automatiquement un sujet. Visages et yeux sont évidemment proposés, mais aussi animaux terrestres et oiseaux. De plus, les deux modèles détectent les voitures et les motos, sujets souvent photographiés en compétition. Fujifilm va un peu plus loin en ajoutant les avions et les trains. Une bonne idée, les amateurs de meetings aériens utilisant souvent des appareils APS-C pour « allonger » leurs focales.

Reconnaissance des oiseaux chez Canon et Fujifilm
Canon met en avant une buse, Fujifilm préfère une sittelle. Un appareil APS-C est en effet bien adapté à la photo animalière.

Dans l’ensemble, les deux modèles sont donc très proches, avec un léger avantage théorique pour le X-H2s. Dans ce domaine, le X-T4 se laisse logiquement détacher. Il dispose d’un suivi de sujet générique, qui lui permet d’accrocher efficacement l’objet que le photographe lui a désigné, mais il ne reconnaît que les visages et les yeux humains.

Vidéo : des outils professionnels ?

Comme tous les hybrides modernes, l’EOS R7 propose de nombreux modes vidéo. Notons en particulier la 4K « Fine » à 30 im/s, obtenue à partir de la rafale en pleine définition pour une qualité d’image optimale. En 4K normale, il pousse à 60 im/s, et il atteint 120 im/s en Full HD. Et il peut naturellement enregistrer en 4:2:2 10 bits, en All-I et en Log.

Tascam CA-XLR2d sur Canon et Fujifilm
Les deux hybrides proposent la même connectique – jusqu’à la mixette XLR Tascam, qui peut passer de l’un à l’autre en changeant juste sa griffe !

Mais le X-H2s enfonce le clou : il peut enregistrer la totalité du capteur à 30 im/s, dans une vidéo 6,2K au format 3:2. Pour la 4K 60p, il propose le choix entre le format UHD (télévision 16:9) et le DCI (cinéma 1,89). Quant à la vidéo haute vitesse, elle atteint 240 im/s en Full HD…

Et surtout, il permet d’enregistrer en ProRes422, un codec de qualité supérieure idéal pour le montage. C’est peut-être ici que l’adoption d’une carte CFexpress B se justifie pleinement : les SD UHS-II de l’EOS R7 sont incapables d’avaler un débit aussi élevé. Il dispose aussi d’une sortie RAW pour un enregistreur externe. Enfin, résiste mieux à l’échauffement avec son ventilateur optionnel.

Logement CFexpress et ventilateur du X-H2s
La carte CFexpress B et le ventilateur optionnel permettent au X-H2s de filmer en définition supérieure, longtemps et sans surchauffe.

Le X-T4, quant à lui, était au sommet de 2020. Il reste donc dans la course avec sa 4K jusqu’à 60 im/s et ses pointes à 240 im/s en Full HD, et propose même l’enregistrement en Log. Il souffre logiquement de quelques limites, mais il demeure amplement suffisant pour un amateur, même très exigeant.

Ergonomie : moderne ou classique ?

Tous ces appareils étant destinés aux experts et aux professionnels, ils comportent naturellement des joints contre les intempéries et la poussière. Ils proposent également une ergonomie avancée, avec de nombreuses personnalisations. EOS R7 et X-H2s ont tous deux un écran orientable et tactile. Quel que soit votre choix, vous pourrez régler rapidement tous les paramètres voulus et peaufiner le fonctionnement de votre boîtier.

Dos des EOS R7 et X-H2s

Cependant, Canon et Fujifilm ont opté pour des approches radicalement différentes. L’EOS R7 a un design tout en rondeur et une conception originale. Il propose notamment un accès direct au mode vidéo sur l’interrupteur. La molette arrière est une roue qui entoure le joystick. Le sélecteur autofocus est placé à côté de la poignée, sous le majeur droit du photographe.

Le X-H2s est plus classique, dans le design comme dans la prise en main. Le mode vidéo se trouve sur le barillet de mode d’exposition et la molette arrière est séparée du joystick. En revanche, il dispose d’un écran de rappel des paramètres, toujours pratique pour vérifier ses réglages sur pied ou en bandoulière.

EOS R7, X-H2s et X-T4 vus de dessus
Outre sa conception plus rétro, le X-T4, à droite, a une poignée plus petite.

Enfin, le X-T4 offre une alternative encore plus rétro. Il dispose de barillets de sélection de la vitesse, de la sensibilité ISO et de la correction d’exposition. Difficile ici de trancher : entre modernité et tradition, c’est une affaire de goûts.

Il existe tout de même un point de comparaison objectif et important : le viseur. Celui du X-H2s offre 5,76 millions de points et un grossissement de 0,8×. Le X-T4 est moins précis : 3,69 Mpt et 0,75×. Plus surprenant, l’EOS R7 se contente de 2,36 Mpt et 0,72×, comme le Sony Alpha 77 en 2011 !

L’impact du tarif

Dans l’ensemble, le Fujifilm X-H2s est actuellement l’hybride au format APS-C le plus performant du marché. En photo, il est très légèrement plus rapide que le Canon EOS R7. Sa reconnaissance des sujets est un peu plus souple et il accroche mieux en très basse lumière. En vidéo, il offre une définition supérieure et des options de compression plus avancées.

Le Canon EOS R7 profite d’une ergonomie un peu plus moderne, idéale pour ceux qui alternent constamment entre photo et vidéo. Il se place en revanche légèrement derrière sur le plan des performances pures – tout en restant nettement supérieur à tous les appareils APS-C précédents, à commencer par le Fujifilm X-T4.

Les tarifs reflètent logiquement ces positions. Le X-H2s coûte plus de mille euros de plus que l’EOS R7 ! L’investissement est évidemment justifié pour ceux qui ont besoin de repousser les limites, mais le Canon répond aux besoins de l’immense majorité des utilisateurs. Et la différence de prix permet de s’offrir des optiques plus diverses ou plus haut de gamme…

Le choix entre EOS R7 et X-T4 est moins une question de prix, et plus une question d’esthétique et d’ergonomie. Ici, c’est une affaire de goûts personnels : vous seul pouvez trancher !

Dans tous les cas, étudiez aussi l’ensemble du système. La gamme optique Fujinon X est plus complète, mais Canon met les bouchées doubles pour développer ses RF et RF-S.

Avatar de Franck Mée
Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

4 Commentaires

  1. Avatar de Franck Mée
    Franck Mée Répondre

    En fait, ils ne seraient pas moins onéreux.
    Depuis une dizaine d’années, les avancées en photo nourrissent la vidéo et inversement. Les modes Rafale actuels ne sont rien d’autre que des modes vidéo sans son, le format d’image HEIF qui permet enfin de dépasser les limites du JPEG utilise exactement les mêmes technologies que la compression H.265 des vidéos… Ça coûterait plus cher de faire un processeur dédié à la photo que d’utiliser les processeurs d’images génériques existants.
    En fait, un appareil hybride performant en photo (avec un bon mode rafale haute définition, un autofocus performant, l’enregistrement de fichiers de qualité avec ou sans compression, une prévisualisation en temps réel sans « lag », etc.) est naturellement prêt à filmer : cela n’impose aucune dépense supplémentaire de lui faire faire aussi de la vidéo.
    La seule économie que permettrait un appareil purement dédié à la photo, ce serait la suppression des micros et des jacks audio. Vu les prix de ces composants, je serais surpris que ça réduise le prix du boîtier de plus de 0,50 €.

  2. Avatar de Franck Mée

    Bonjour. En termes de comparaison, il serait bon, s’agissant de l’animalier, d’intégrer le poids. C’est un sujet incontournable des discussions dans les affûts. Poids de l’AP, de l’objectif, du tout surtout. Merci

    • Avatar de Franck Mée
      Franck Mée Répondre

      Bonjour,
      l’EOS R7 pèse 612 g, boîtier nu avec batterie et carte. Le X-T4 pèse 607 g et le X-H2s pèse 660 g.
      La différence de poids se joue donc beaucoup, beaucoup plus au niveau des optiques que des boîtiers. Cet article étant dédié aux boîtiers, nous avons préféré évoquer d’autres critères.
      En revanche, nous avons bien évoqué le poids dans les articles sur les optiques, notamment celui concernant les 600mm et 800mm f/11 de Canon.

  3. Avatar de Franck Mée

    Toujours cette volonté chez les constructeurs d’associer des « perfs » photo avec des « perfs » vidéo.
    A quand des boitiers dédiés et moins onéreux…

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