Photographier la neige est une pratique qui regroupe un grand nombre de disciplines photographiques : la photo de paysage, la photographie lifestyle, la macrophotographie, l’animalier et beaucoup d’autres. La neige en elle-même est rarement le sujet principal d’une image (sauf flocons évidemment). En revanche, une mauvaise prise en compte des caractéristiques photographiques liées à cet élément très réfléchissant peut nuire à la qualité globale de votre cliché. Dans cet article, j’aborderai les 2 pièges à éviter dans la photo de neige et 3 idées pour photographier autrement.
Balance des blancs : la solution contre la neige bleue
Voici le premier écueil que vous allez devoir affronter. Mais rien d’insurmontable rassurez-vous, même si cela peu paraître un peu technique. La neige bleue, ou plutôt la neige teintée de bleu, est bien souvent la conséquence d’un temps couvert et d’une grande étendue de neige sur l’image. Cette lumière dite froide va tromper la balance des blancs de votre matériel.

Plusieurs solutions de correction de la balance des blancs s’offrent à vous pour contourner le problème. Préalablement à la liste qui suit, enlevez le mode balance auto dans les menus de votre appareil, puis, au choix :
- effectuez une balance des blancs manuelle précise dans les paramètres de votre boitier
- utilisez les modes prédéfinis de votre appareil photo (testez les modes nuageux ou couvert pour apprécier le résultat)
- optez pour la solution post-traitement : vous avez photographié dans un format brut (raw ou raw + jpg). Vous disposez donc d’une souplesse de la correction colorimétrique dans votre logiciel de retouche favori (Photoshop, Lightroom, Darktable, Capture on…).
Exposition : remède contre la neige grise
Le deuxième piège dans lequel on tombe, c’est un rendu de neige grisâtre. Or, la neige est tout ce qu’il y a de plus blanc (quand elle n’est pas polluée). La coupable, c’est votre cellule d’exposition. Elle mesure toute la répartition et l’intensité de la lumière présente dans votre image. Ce n’est un secret pour personne : la neige réfléchit énormément la lumière. En tout bon soldat qu’il est, votre boîtier traitera cette information comme étant trop lumineuse en lui appliquant une sérieuse sous-exposition.
Plus le temps sera beau et ensoleillé, plus votre reflex, hybride ou compact sous-exposera la scène. Ce n’est donc pas simplement la neige présente dans votre cliché qui est grise mais bien l’ensemble de votre image qui a subi une sous-exposition. Indirectement, tous les éléments présents dans votre composition seront également plus sombres.

Si vous voulez rendre à la neige tout son éclat, appliquez une correction d’exposition.

La plupart des boîtiers proposent une correction jusqu’à 3 IL. Concrètement, et selon le mode utilisé, on va demander à notre appareil :
- soit d’exposer le capteur plus longtemps (durée)
- d’augmenter les iso (sensibilité)
- ou d’ouvrir le diaphragme (ouverture, attention à la profondeur de champ)
Bien sûr, si vous souhaitez avoir le contrôle total de ces paramètres, le mode manuel est idéal. Sans tomber dans le tout manuel (qui peut faire peur en matière de réactivité selon la scène photographiée), le mode AV est un excellent compagnon ?.
Quelques recommandations générales :
- +1,5IL si le ciel est nuageux ou couvert
- entre 2 et 3IL si le temps est lumineux ou ensoleillé
Par exemple, pour cette image, la correction d’exposition est de +2IL

Une autre astuce photographique si vous êtes adepte des portraits sous la neige mais n’avez pas de flamant rose sous la main (?) : demandez à votre modèle de montrer la paume de ses mains. Vous ferez alors une mesure de lumière avec le mode spot sur la main du sujet. Mémorisez l’exposition et procédez à la photo. Si tout se passe bien, votre cliché devrait être bien exposé !

Le filtre polarisant
Si vous aimez le ciel de montagne contrasté qui tranche avec l’éclat de la neige, il est recommandé d’utiliser un filtre polarisant. En effet, cette lentille qui se visse sur le devant de votre objectif applique un effet très difficile (voire impossible) à reproduire dans un logiciel de retouche. Petit conseil : vérifiez le diamètre de votre objectif avant de vous précipiter sur cet accessoire optique.
3 manières de photographier la neige
Les environnements enneigés sont un excellent terrain de jeu pour aborder différents aspects de la prise de vue.
Jouer sur la profondeur de champ
Ce que vous pouvez facilement faire quand il neige, c’est jouer avec la profondeur de champ : isoler un sujet dans cet univers blanc, gris et un peu bleu . Ouvrir le diaphragme d’un téléobjectif (200 à 300 mm) en temps de neige permet de créer des atmosphères particulièrement vaporeuses autour du sujet principal. A l’inverse, un objectif grand angle (en dessous de 30 mm) donnera de l’ampleur à la scène neigeuse. Ici, une photo réalisée à la focale de 17mm en Camargue.

Jouer sur le temps d’obturation
Un temps d’obturation court (au moins 1/320s) fige les flocons quand il neige. Il est également intéressant de baisser cette vitesse pour rechercher un effet de traînée. N’hésitez pas à vous munir d’un trépied pour des temps d’exposition proches ou dépassant la seconde.
Photographier la neige en détail
Comment ne pas parler d’une photo de neige sans aborder les flocons ? Si les premiers paragraphes de cet article étaient plutôt généraux, la photo d’un flocon est plus spécifique sans être plus complexe. Il existe plusieurs formes de flocons : des étoiles, des plaquettes ou encore des colonnes. Il faut savoir que la pointe des flocons s’agrandit en fonction de la température et de l’humidité. Bref, comme vous le savez, il n’y a pas deux flocons identiques !
Pour photographier un flocon de neige :
- Évitez de le photographier au milieu d’autres flocons, car la scène manquera de lisibilité
- Photographiez un flocon sur un élément contrasté ou foncé
En ce qui concerne les éléments plus techniques :
- Un objectif macro est idéal mais pas obligatoire. Un téléobjectif avec une bague-allonge fait aussi l’affaire : le recadrage n’est pas interdit.
- Gardez une ouverture assez fermée pour avoir le flocon net en entier
- Optez pour une vitesse d’obturation élevée car vous serez la plupart du temps à main levée
En post-traitement, il est courant de refroidir la température de couleur pour faire ressortir le côté “glacial”. Mais tout cela reste une affaire de goût !

Recommandation autour de la protection de votre matériel
Le sujet ayant déjà été abordé dans l’article traitant des bulles de savon gelées, seuls quelques compléments sont à ajouter :
- Mettez un pare-soleil pour protéger l’objectif et éviter les flares et la désaturation de l’image
- Lorsque vous vous promenez, dirigez votre appareil vers le bas. Vous éviterez ainsi les flocons sur la lentille frontale et donc un nettoyage fastidieux de celle-ci.
- L’ajout d’un filtre UV de protection est une option à considérer pour protéger votre lentille
- Gardez toujours une batterie de secours sur vous
- Faites attention au changement brutal de température que vous faites subir à votre matériel (risque de dysfonctionnement, condensation …)
Les points clé à retenir pour photographier la neige
Si vous deviez ne retenir que 3 conseils pour bien photographier la neige, les voici. Prenez soin de bien caler votre balance des blancs pour éviter une dérive bleue sur vos images. N’hésitez pas à surexposer vos prises de vue pour rendre hommage à la blancheur de la neige et bien exposer les éléments présents sur l’image. Et enfin, amusez-vous à changer les configurations de prises de vue, pour varier les ambiances. À ce titre, essayez de composer vos futurs images avec une approche noir et blanc.
2 Commentaires
Très utile!
Merci et bonne année.
Frédy Kocher
Bonjour et merci pour votre commentaire.
L’équipe Miss Numerique vous souhaite une très bonne année.
A bientôt sur notre blog !