Redécouverte dans les années 2000 à l’occasion de l’avènement des appareils photo numériques. En réalité, la technique du light painting est centenaire. Profondément lié au principe même de la photographie – qui consiste à « écrire avec la lumière » –, cet effet créatif fait appel au caractère technique de la pose longue, tout en demandant une dextérité propre à la peinture, au dessin ou encore à la calligraphie. Dans cet article, nous vous donnons quelques conseils pour que vous puissiez vous essayer au light painting.

#1 Qu’est-ce que le light painting ?

Définition

Le light painting est une technique photographique qui consiste à réaliser des traînées de lumière en combinant la pratique de la pose longue et l’utilisation d’une ou plusieurs sources mobiles d’éclairage artificiel. Le mouvement de ces sources lumineuses ne pouvant être révélé que par l’adoption d’un temps de pose relativement long, la réalisation d’un light painting doit par conséquent prendre place dans un espace relativement sombre – de manière à éviter toute surexposition.

La technique du light painting autorise deux principales déclinaisons qui peuvent être mariées à différents sujets et pratiques photo (portrait, photographie de paysage, d’architecture, etc.) :

les sources de lumière artificielle peuvent être placées dans le cadre et dirigées directement vers l’appareil photo afin de laisser apparaître des traits lumineux sur l’image finale. On parle d’éclairage direct ;
les sources peuvent au contraire être maintenues en dehors du cadre et orientées vers une partie de la scène photographiée de manière à révéler et sculpter un sujet à l’aide de lumière. L’éclairage est alors dit « indirect ».

Lightpainting : exemple.
Exemple de light painting avec éclairage direct. Photo : Kane Jameson / Shutterstock.
Lightpainting : exemple.
Exemple de light painting avec éclairage indirect. Photo : Phildaint/Shutterstock.

Un peu d’histoire

En autorisant aux photographes un nombre d’essais presque illimité et en leur octroyant la possibilité de visionner leurs images immédiatement après leur capture, la démocratisation de la photographie numérique a largement contribué à la montée en puissance du light painting. Cette technique a ainsi trouvé ses lettres de noblesse au 20e siècle. Il convient cependant de préciser que son invention remonte à une époque antérieure et que diverses tentatives ont ainsi jalonné l’histoire de la photographie.

Différentes sources s’accordent en effet pour attribuer le tout premier light painting au photographe et médecin Étienne-Jules Marey – notamment connu pour sa pratique de la chronophotographie. Datant de 1882, l’image en question laisse deviner le nom « Marey ». Elle aurait été réalisée en utilisant un fond sombre et en déplaçant une boule blanche réfléchissant la lumière. Si le résultat obtenu était alors bien loin de l’esthétique moderne que nous associons aujourd’hui au light painting, cette première tentative a eu le mérite d’ouvrir la voie à des artistes tels que Man Ray ou encore Picasso.

Lightpainting : Étienne-Jules Marey.
Photo : Étienne-Jules Marey, 1882.

#2 Le matériel de prise de vue nécessaire

Comme pour beaucoup de disciplines photographiques en vogue, il est désormais possible de s’essayer au light painting avec un simple smartphone équipé d’un mode de prise de vue dédié. La maîtrise des résultats obtenus requiert cependant le réglage manuel de certains paramètres de prise de vue, ainsi que l’utilisation de quelques accessoires précis :

  • Un appareil photo disposant d’un mode manuel constitue donc un élément important pour réaliser un light painting de qualité. La nature du boîtier choisi n’a que peu d’importance, mais celui-ci doit être en mesure de proposer le paramétrage de l’ouverture de diaphragme, du temps de pose, de la sensibilité ISO, de la balance des blancs et de la mise au point ;
  • Une ou plusieurs sources lumineuses sont également nécessaires. Les sources les plus fréquemment utilisées sont les lampes torches, les néons, les guirlandes Led, les fils électroluminescents, les cierges magiques, les flashs, etc. Des filtres et gélatines peuvent de plus leur être additionnés afin de créer des effets de couleur ;
  • Comme toute pratique photo faisant appel à la technique de la pose longue, le light painting exige que l’appareil utilisé reste parfaitement immobile pendant plusieurs secondes. Il est recommandé de poser l’appareil photo sur un support quelconque. L’utilisation d’un trépied octroie bien entendu une plus grande stabilité ainsi que des possibilités de cadrage plus poussées. Pour vous aider à choisir un trépied adapté, nous avons élaboré un guide d’achat ;
  • Bien qu’elle ne constitue pas nécessairement un accessoire indispensable, une télécommande autorisant le déclenchement à distance peut s’avérer fort utile. Pour ceux qui pratiquent le light painting seul, une télécommande permet en effet de déclencher l’appareil tout en étant déjà positionné de façon adéquate pour manier différentes sources lumineuses. À défaut de télécommande, il convient d’utiliser le retardateur de l’appareil photo.
Lightpainting : télécommande.
La télécommande Bluetooth Canon BR-E1 autorise les prises de vues à distance avec de nombreux appareils reflex et hybrides Canon.

#3 Les paramètres de prise de vue à privilégier

Après avoir choisi une scène présentant un éclairage ambiant limité – voire presque inexistant –, installé l’appareil photo sur son trépied et réalisé le cadrage qui vous semble le plus approprié, il est maintenant temps de se pencher sur les paramètres de prise de vue propices à la pratique du light painting. Gardez néanmoins à l’esprit que les réglages suivants ne constituent qu’une proposition, et que plusieurs essais seront certainement nécessaires pour obtenir les résultats souhaités.

  • Commencez par sélectionner le mode manuel (M) de votre appareil photo ;
  • Choisissez ensuite d’enregistrer vos images au format RAW de manière à être en mesure de les retoucher (exposition, contraste, colorimétrie, etc.) au cours de la phase de postproduction ;
  • Effectuez une mise au point manuelle sur le plan de la scène qui correspond à l’emplacement à partir duquel vous manierez plus tard votre source de lumière. Si vous souhaitez créer des traînées lumineuses, c’est en effet sur celles-ci que le point doit être fait. Si, au contraire, vous préférez maintenir vos sources hors du cadre, il convient alors d’effectuer la mise au point sur l’objet ou la personne que vous considérez comme le sujet principal de votre photo ;
  • Procédez à un paramétrage manuel de la balance des blancs. Si la scène photographiée dispose d’un éclairage ambiant, nous vous conseillons de paramétrer votre balance des blancs de façon à ce qu’elle corresponde à celui-ci ;
  • Sélectionnez une faible sensibilité ISO afin de limiter l’apparition de bruit numérique. Pour votre premier essai, privilégiez une sensibilité de 100 ISO. Il vous sera possible de l’adapter plus tard en fonction des conditions lumineuses et de l’effet recherché ;
  • Afin de vous assurer que les effets lumineux créés feront bel et bien partie de la zone de netteté, adoptez une ouverture de diaphragme vous permettant d’obtenir une profondeur de champ relativement étendue. Si vous utilisez un objectif grand-angle, une ouverture de diaphragme de f/8 nous semble être un bon choix. Tout comme la sensibilité ISO, l’ouverture de diaphragme pourra être modifiée suite à vos premiers essais ;
  • Ajustez ensuite le temps de pose en fonction de la mesure de l’exposition qu’indique votre appareil. Sachez qu’un temps de pose compris entre 10 et 30 secondes se révèle relativement confortable pour manier les sources de lumière qui permettent la création de traînées lumineuses. Si la cellule de l’appareil vous conseille un temps de pose inférieur à 10 secondes, il est possible de sélectionner une plus petite ouverture de diaphragme et d’augmenter le temps de pose en conséquence. Si, au contraire, un temps de pose de 30 secondes (valeur maximale pour la plupart des boîtiers) est insuffisant pour obtenir une bonne exposition, il est alors possible de choisir une sensibilité ISO plus élevée ou une plus grande ouverture de diaphragme pour compenser le manque de luminosité ;
  • Déclenchez enfin l’appareil photo – en utilisant une télécommande ou le retardateur –, puis saisissez une source de lumière pour écrire, dessiner des motifs ou éclairer des éléments de la scène. Pour éviter d’apparaître sur la photo, déplacez-vous tout au long de la prise de vue. Si vous souhaitez au contraire apparaître sur la photo, adoptez une position fixe pendant plusieurs secondes.
Lightpainting : exemple.
Photo : Prachaya Roekdeethaweesab/Shutterstock.

Pour conclure

La réussite d’un light painting nécessite un certain degré de pratique. Si vous n’obtenez pas un résultat satisfaisant dès le premier essai, ne vous découragez pas ! Prenez tout d’abord un peu de temps pour ajuster l’exposition, puis tentez de perfectionner les mouvements effectués avec les sources de lumière d’une prise de vue à l’autre. Avec l’expérience, il devient de plus en plus facile de dessiner sans support et d’évaluer les effets produits par différentes sources. Pour l’amateur de light painting celles-ci constituent autant de pinceaux présentant des tailles et textures différentes. Il est également intéressant d’observer attentivement les images réalisées par d’autres photographes, afin de tenter d’appréhender leurs méthodes.

Avatar de Lucien de MissNumerique
Auteur

Photographe, auteur et formateur. Il est un grand spécialiste de l'industrie de l'image. La photo et la vidéo n'ont pas de secret pour lui.

5 Commentaires

  1. Avatar de Lucien de MissNumerique

    Un peu déçu que l’on cite Picasso pour le light pai nting alors qu’il n’a jamais pris de photo « de lumiere ». En 1949 c’est Gjon Mili, photographe du mouvement qui a pris Pablo en pose longue dessinant un centaure, une Femme… Auparavant il avait également fait de nombreuses photo dont une patineuse avec des lampes sur ses patins… pour moi, le light painting c’est Gjon Mili.

Écrire un commentaire

Retour en haut