Avec le GFX100RF, Fujifilm propose un véritable inédit : un appareil photo numérique compact moyen-format. Ce grand frère des X100 utilise en effet le capteur 33×44 mm de 102 MP de la série GFX 100. Il lui accole un objectif fixe, un 35 mm ouvrant à f/4. Le but avoué : coiffer le Leica Q3 dans le rôle du compact de luxe à la meilleure qualité d’image.
Le GFX100RF, à la fois gros X100, GFX compact et… aspirant Leica
Fujifilm aime faire preuve d’originalité. Avec la série X100, il fait partie des tout premiers constructeurs de compacts à grand capteur. Et plutôt que d’opter pour le plein format, il a choisi pour ses hybrides haut de gamme GFX un capteur moyen-format, mesurant 33×44 mm.

Le GFX100RF veut réunir ces deux singularités. Il s’agit donc d’un appareil photo compact à focale fixe et à capteur moyen-format. L’objectif : prendre pied sur le marché du compact luxueux. En effet, si les X100 sont peu ou prou incontournables sur le segment haut de gamme « accessible » (entre 1000 et 2000 €), il existe un marché au-dessus, sur lequel les Leica Q3 et Q3 43 sont totalement seuls. Leur offrir leur premier concurrent doit permettre à Fujifilm de s’imposer comme un artisan de luxe. La marque veut ainsi produire le compact absolu – celui qui ne fait aucune concession sur la qualité d’image.
L’héritage argentique mis en avant
Comme pour la série X100, le GFX100RF s’appuie sur un style résolument rétro. Le boîtier métallique est gainé de similicuir, donnant un effet « deux tons » particulièrement évident sur la version argentée. La prise en main est traditionnelle. La main gauche sous l’objectif, les bagues d’ouverture et de mise au point tombent sous les doigts. Un barillet règle la vitesse d’obturation et la sensibilité ISO (en le soulevant). Le viseur, repoussé dans l’angle, permet de viser facilement de l’œil droit tout en échangeant avec ses sujets.

Plus original, Fujifilm a ajouté une molette de sélection des proportions de l’image. Il ne s’agit pas d’un sélecteur sur l’objectif, comme sur les Panasonic LX et Leica D-Lux, mais d’une véritable molette parfaitement accessible au dos de l’appareil. Au programme : format carré (utilisé sur le moyen-format 6×6), 7:6, 5:4 (moyen-format 6×7 et chambre 20×25), 4:3 (format natif du capteur et classique 645), 3:2 (habituel en 24×36), 16:9 (courant en vidéo), 65:24 (panoramique TX-1 et Xpan), 17:6, et pour finir 3:4 (645, magasin à la verticale). Curieusement, il s’agit bien des proportions 7:6 et 17:6, et non des formats argentiques correspondants. Les appareils 6×7 faisaient des photos de 70×56 mm, exactement au ratio 5:4 ; les 617 capturaient pour leur part des vues de 168×56 mm, donc aux proportions 3:1.
Fujifilm propose aussi des recadrages à la prise de vue. Outre l’équivalent 28 mm natif, il peut ainsi cadrer comme un 36 mm, un 50 mm ou un 63 mm au format 24×36.
Il est possible, en utilisant les formats recadrés, de conserver l’affichage complet afin de surveiller ce qui se passe hors du cadre et d’anticiper l’arrivée d’un sujet. Une possibilité classique sur les télémétriques et les Fuji X100 et X-Pro, mais plus inhabituelle sur un viseur électronique.
Le GFX100RF, résolument moderne
Car sous sa robe « vintage », le GFX100RF est un appareil dernier cri. Pas de viseur optique ici : tout passe par un écran Oled de 5,76 millions de points et d’un grossissement de 0,84×. Il est donc identique à celui du GFX100S II. Quant à l’écran, il est naturellement tactile et orientable, permettant notamment de cadrer à hauteur de taille.

Le reste de l’électronique provient de la même source. Le GFX100RF dispose ainsi lui aussi d’un autofocus hybride et de la reconnaissance de sujets par IA. Si Fujifilm ne met pas en avant la vidéo, l’appareil n’est pas pour autant dépourvu : il filme en 4K (DCI ou UHD) à 30 im/s. Le flux peut être compressé en H.264, H.265 ou ProRes 422, avec des couleurs jusqu’à 10 bits. La vidéo peut être envoyée directement sur un SSD branché en USB-C. Et deux jacks 3,5 mm permettent d’utiliser un micro externe et de contrôler l’enregistrement.
De même, la connectivité sans fil est complète, avec Bluetooth et Wi-Fi 5 GHz. L’application permet de charger des fichiers et de contrôler l’appareil depuis un smartphone. Et le GFX100RF intègre également la liaison Frame.io, permettant de télécharger les fichiers automatiquement et presque instantanément vers un serveur cloud.
Un Fujinon 35 mm f/4 entièrement nouveau
Si l’électronique reprend fidèlement la configuration du GFX100S II, l’optique est entièrement nouvelle. Avec une focale de 35 mm, elle offre au GFX100RF un grand-angle modéré : il cadre comme un 28 mm en plein format. Sur ce point, le nouveau Fujifilm est donc plus proche du Leica Q3 que des Fuji X100 (qui utilisent un équivalent 35 mm). La formule optique compte 10 éléments dont deux asphériques afin d’offrir des performances homogènes jusque dans les angles et de profiter pleinement des 102 mégapixels. Pour les amateurs de gestion de la profondeur de champ et de pose longue, Fujifilm a également intégré un filtre ND de 4 IL. Le GFX100RF pourra ainsi travailler à grande ouverture en extérieur de jour.

L’ouverture, justement, reste modérée : il fallait préserver la compacité de l’appareil. Son Fujinon 35 mm n’ouvre qu’à f/4. C’est 2,5 IL de moins que le Leica Q3. Fujifilm a également renoncé à toute stabilisation d’image. Mais cela lui permet de réussir un véritable tour de force : malgré son capteur de 33×44 mm, le GFX100RF est… plus léger que le Q3 ! Il ne pèse que 735 g, contre 743 g pour son rival germanique. Il est également moins épais, avec 7,6 cm. En revanche, il est 1 cm plus haut et 3 mm plus large.

Un point doit être noté : l’objectif n’est pas lui-même protégé contre les intempéries. Pour travailler sereinement dans des conditions hostiles, il faut donc installer un filtre de protection. Fujifilm le fournit, avec un élégant porte-filtre qui supporte également le pare-soleil.
Prix et disponibilité du Fujifilm GFX100RF
Avec le GFX100RF, Fujifilm s’attaque directement au marché du luxe. C’est l’exacte antithèse des compacts ludiques grand public que nous vous présentions au début du mois. L’objectif est ici d’offrir la meilleure qualité d’image jamais vue sur un appareil compact.
À ce titre, le tarif annoncé à 5499,90€ n’est pas délirant. Il est même nettement moins élevé que celui des Leica, qui se contentent d’un « modeste » capteur 24×36 mm. Le GFX100RF sera disponible en avril.