Le Fujifilm X100VI succède logiquement au X100V. Mais pour ses 90 ans, la marque ne se contente pas d’une simple évolution : cette sixième génération est une des plus grosses nouveautés de la série. Elle reçoit notamment une stabilisation mécanique et une électronique entièrement nouvelle. À elle seule, la stabilisation étend spectaculairement la plage d’utilisation de ce compact à capteur APS-C et focale fixe 35 mm.

Fujifilm X100, une série de succès

En 2010, rares étaient les fabricants qui avaient tenté l’aventure du compact à capteur APS-C. Sigma proposait ses DP1 et DP2, mais ils restaient marginaux. Leur capteur Foveon avait de grandes qualités, mais une faible sensibilité et une réactivité médiocre. Le Leica X1 proposait une meilleure ergonomie, un excellent capteur, mais il n’avait pas non plus de viseur et son tarif était prohibitif.

Fuji X100, premier de la série
Avec son look de télémétrique, son objectif équivalent 35 mm et ses commandes directes de vitesse et d’ouverture, le X100 est immédiatement devenu le chouchou des photographes de rue.

Et puis, à la Photokina 2010, Fujifilm a présenté le X100. Capteur similaire à celui du Leica, objectif à focale fixe équivalent 35 mm à f/2, le tout 30 % moins cher. Il était aussi plus réactif et surtout, il avait un viseur. Son « viseur hybride » combinait en fait un viseur optique et un écran électronique. Un cadre de correction de la parallaxe et des paramètres de prise de vue s’affichaient en surimpression sur la visée optique. Il pouvait aussi couper celle-ci pour passer à un aperçu totalement électronique, plus pratique en macro ou pour cadrer précisément.

Schéma du mode Télémètre électronique du viseur hybride des X100T et suivants
Apparu sur le X100T, le télémètre électronique associe confort de la visée optique et précision de mise au point de la loupe numérique. © Fujifilm (schéma) / Miss Numérique (légendes)

La recette était bonne : le X100 a fait un carton chez les photographes de rue. Il a donc été suivi par le X100S, doté d’un capteur X-Trans pour améliorer la qualité d’image. Puis vint le X100T et son « télémètre numérique », qui pouvait superposer un extrait de l’image vue par le capteur sur la visée optique. Le X100F recevait un nouveau capteur, une meilleure batterie et des améliorations ergonomiques. Enfin, le X100V s’offrait un objectif plus piqué et un écran orientable.

Notre vidéo YouTube « Fujifilm X100 VI : COMPACT EXPERT enfin STABILISÉ ! »

X100VI : 50 % de définition en plus

Second, Third, Four, fiVe… Fujifilm n’a semble-t-il pas voulu tenter le X100X et revient à une numérotation plus classique. La sixième génération de son compact premium s’appelle donc X100VI, en chiffres romains.

Le capteur est toujours au format APS-C, mais après les évolutions douces (12, 16, 24, 26 MP…) des générations précédentes, il subit une révolution. Le X100VI reçoit le capteur X-Trans 5 HR du X-H2 et du X-T5, avec ses 40 mégapixels !

Fuji X100VI noir de face
En six générations, l’appareil a naturellement évolué : nouvelles molettes, meilleur objectif, etc. Mais l’esprit reste le même.

Cette définition accrue a un intérêt secondaire : elle permet de recadrer à la prise de vue. Ainsi, outre son équivalent 35 mm d’origine, le X100VI propose le cadrage d’un 50 mm ou d’un 70 mm. Les images finales font alors 20 et 10 MP, respectivement. Il est ainsi un peu plus polyvalent que l' »autre » compact APS-C, le Ricoh GR III, dont le mode 50 mm ne laisse déjà que 7 MP.

La stabilisation, la grande nouveauté du X100VI

Chez Sigma, Leica, Sony ou Fujifilm, les compacts à grand capteur ont longtemps été dépourvus de stabilisation. Créer un ensemble objectif-grand capteur de qualité, mais assez petit pour tenir dans un appareil compact semblait déjà assez compliqué. Mais, en 2019, cette barrière a sauté. Leica a intégré une stabilisation optique à son Q2 et, surtout, Ricoh a stabilisé le capteur de son GR III – en réussissant l’exploit de le rendre plus petit que le GR II !

La stabilisation était donc la grande absente du X100V, sorti l’année suivante. Fujifilm corrige aujourd’hui ce manque. Le X100VI reçoit une stabilisation mécanique du capteur, fonctionnant sur cinq axes. Elle peut compenser jusqu’à 6 IL – il devrait donc être possible de photographier à main levée avec un temps de pose de l’ordre d’une seconde.

Capteur stabilisé du Fuji X100VI et photo de Gabriel Rippe prise à main levée de nuit
La stabilisation simplifie la photo de rue nocturne à main levée. © Gabriel Rippe / Fujifilm

Cela peut paraître anecdotique, mais la possibilité d’allonger ainsi les poses ouvre un tout nouveau champ d’activité en photo de rue. À vous les traînées lumineuses des voitures de nuit, à vous les filés sur les piétons et vélos, à vous le mouvement de la vie urbaine, le tout à main levée. Le filtre ND de 4 IL intégré à l’optique permet d’ailleurs d’en profiter même dans des environnements lumineux.

Un vrai X100, entre tradition et modernité

Hormis ces deux grandes nouveautés, le X100VI reste fidèle à l’esprit de ses prédécesseurs. Son design rétro et sa construction flatteuse séduisent les amateurs de beaux objets. Son ergonomie vise les utilisateurs traditionnels, avec des réglages directs de la vitesse et de l’ouverture. Le viseur dans l’angle lui donne l’allure d’un appareil télémétrique, prisé des photographes de rue.

Dessus du Fuji X100VI version argent
Un coup d’œil suffit pour savoir que ce X100VI est en priorité à l’ouverture à f/5,6 et 125 ISO.

Pour autant, il propose toutes les fonctions modernes attendues en 2024. Il filme en 4K à 60 images par seconde ou en 6,2K à 30 im/s. L’écran orientable permet de cadrer dans n’importe quelle position. Le viseur, outre son mode optique idéal pour photographier à la volée, propose la surimpression d’une zone du capteur pour vérifier la mise au point, ou un mode totalement électronique pour prévisualiser fidèlement l’image finale.

Et comme tous les appareils modernes, il sait communiquer en Bluetooth ou en Wi-Fi. Mieux : il peut envoyer ses images directement sur le cloud Frame.io via n’importe quel réseau Wi-Fi !

Transfert d'images vers Frame.io sur le Fuji X100VI
Il suffit d’une connexion Wi-Fi pour que le X100VI puisse envoyer ses images sur le cloud Frame.io, sans ordinateur ni smartphone.

Le X100VI est ainsi un appareil assez unique. Vous pouvez l’utiliser manuellement, œil au viseur, comme un M3 des années 1960. Mais vous pouvez aussi profiter des fonctions les plus modernes du moment.

Prix et disponibilité

Au fil des générations, les tarifs des X100 ont peu à peu augmenté. Le X100V était apparu juste sous la limite psychologique des 1500 €, avant de la franchir lors du pic d’inflation sur les composants électroniques, en 2021-2022.

Le Fujifilm X100VI poursuit cette évolution : il sera lancé à 1799,90€. Il sera disponible en deux versions, l’une entièrement noire, l’autre avec un objectif et un capot supérieur argentés.

La marque propose aussi de nombreux accessoires. Parmi ceux-ci, notez le porte-filtre et le filtre de protection qui permettent de profiter d’une protection contre les intempéries.

Avatar de Franck Mée
Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

Écrire un commentaire

Retour en haut