Après les modèles APS-C, intéressons-nous aux appareils reflex plein format. Comme les précédents, ils sont fabriqués par trois constructeurs : Canon, Nikon et Pentax. Leur cœur est un capteur de 24 × 36 mm, d’une surface plus que doublée. Ils offrent donc une qualité d’image supérieure, tout en restant assez légers et accessibles pour le grand public.

Bien entendu, vous seuls pouvez décider celui qui vous correspond. Pour cela, vous pouvez consulter notre article, Bien choisir son appareil reflex, et les caractéristiques des différents modèles. Mais vous trouverez ci-dessous notre sélection de reflex plein format actuels, selon votre budget et vos besoins.

L’entrée de gamme : Nikon D750 et Canon EOS 6D Mk II

Avec leurs tarifs de l’ordre de 1 500 €, ces modèles sont les deux reflex plein format les plus abordables. Il ne s’agit pas pour autant d’appareils bridés : tous deux ont des systèmes d’autofocus et d’exposition très efficaces, et ils photographient à 6,5 images par seconde. Ils ont également une ergonomie sérieuse avec deux molettes de réglages, un viseur confortable et une construction robuste. Tous deux filment en Full HD jusqu’à 60 im/s et proposent une liaison Wi-Fi permettant de les contrôler depuis un smartphone. Ils se distinguent tout de même de leurs cousins plus haut de gamme par leurs obturateurs limités à 1/4000 s.

Nikon D750 : un ancien toujours vert

Nikon D750 et 24-120 mm f/4Lancé en 2014, le Nikon D750 est le doyen de notre sélection. Son écran n’est pas tactile et il ne bascule que vers le haut ou vers le bas. Pour autant, ce modèle n’est pas dépourvu d’atouts. Son viseur couvre 100 % du champ photographié, là où celui du Canon se contente de 98 %. Le D750 offre également un flash intégré, permettant de déboucher un contre-jour ou de déclencher un flash distant. Il propose aussi un deuxième logement de carte SD afin d’accroître la capacité de la mémoire, de séparer photos et vidéos…

Canon EOS 6D Mark II : éloge de la modernité

Canon EOS 6D Mk II et 24-70 mm f/4L
L’EOS 6D Mk II est le seul reflex plein format adapté aux « selfies »

Le Canon EOS 6D Mk II est apparu en 2017. Contrairement au D750, il n’a pas de flash intégré et n’accepte qu’une seule carte mémoire à la fois. En revanche, son écran sur rotule peut être orienté latéralement ou retourné pour les autoportraits. Par ailleurs, il propose un autofocus bien plus efficace en vidéo, grâce au système Dual Pixel AutoFocus, et la surface tactile de l’écran permet de sélectionner la zone de mise au point instinctivement et silencieusement. Plus anecdotique, il dispose d’une puce GPS pour géolocaliser vos images.

Malgré trois ans d’écart, les deux capteurs sont très proches. Le Nikon propose 24 MP, le Canon 26, une différence négligeable en pratique. Le traitement d’image du 6D Mk II est un peu meilleur en JPEG, surtout passés 3200 ISO, mais les fichiers RAW offrent des qualités d’image extrêmement similaires.

Si vous n’êtes pas déjà engagé dans un système, le choix entre EOS 6D Mk II et D750 se fera sur l’ensemble du système… ou sur la prise en main et la logique des menus. Sur le plan technique, les deux appareils offrent en effet des performances proches, et déjà très élevées.

L’original : Ricoh Pentax K-1 II

Contrairement à ses rivaux, Ricoh ne propose qu’un reflex plein format, le Pentax K-1 II. C’est donc logiquement que celui-ci s’insère entre les modèles d’entrée de gamme et les plus avancés. Son système autofocus est un peu moins poussé que les autres (33 collimateurs) et il se contente de 4,4 images par seconde.

Pentax K-1 et 28-105 mm f/3,5-5,6En revanche, son obturateur atteint 1/8000 s, comme sur les modèles plus coûteux. Il reçoit également un capteur de 36 MP, une définition nettement supérieure à celle des D750 et EOS 6D Mk II. Celui-ci est en outre stabilisé : le K-1 II contre donc les vibrations, jusqu’à 5 IL quel que soit l’objectif monté. Ce mécanisme ouvre également la voie à des fonctions supplémentaires. Le Pentax propose un mode Pixel Shift Resolution permettant d’éliminer le dématriçage et ses artefacts, ainsi qu’un simulateur de filtre passe-bas activable à volonté.

Autre fonction originale : l’Astro-Tracer, qui déplace le capteur pendant une pose longue pour suivre le mouvement des étoiles. Ainsi, les cieux nocturnes offrent des points bien nets. Vous pouvez par exemple faire des photos de la Voie lactée, plus simplement que par l’assemblage de dizaines d’images et sans monture équatoriale.

Écran orientable du Pentax K-1

L’ergonomie du K-1 est également originale. Son écran, s’il n’est pas tactile, est monté sur une articulation inhabituelle, qui permet de l’orienter verticalement ou latéralement sans déborder sur le côté. Il intègre également des diodes éclairant les commandes afin de travailler de nuit. Les amateurs de contrôle manuel apprécieront la troisième molette de réglages, dont ils peuvent choisir la fonction à volonté. Par exemple, en mode manuel, les trois molettes peuvent régler vitesse, ouverture et sensibilité. En mode TAv, vitesse, ouverture et correction d’exposition. Pour la photo de sport, cela pourrait être vitesse, correction d’exposition et cadence de rafale… À vous de choisir !

Pour les experts : Canon EOS 5D Mk IV et Nikon D850

Si leurs modèles d’entrée de gamme sont similaires, Canon et Nikon ont choisi des options très différentes pour leurs reflex plein format plus avancés. Bien entendu, ils ont d’importants points communs. La construction tout temps est particulièrement robuste. Les systèmes autofocus sont extrêmement puissants, et de nombreux réglages sont proposés. Le contrôle de la mise au point est confié à un joystick, plus pratique qu’un pavé directionnel. Deux logements de cartes mémoire sont présents, et les modes « scènes » prisés des amateurs disparaissent. Enfin, l’enregistrement vidéo passe à la 4K.

Mais les entrailles des deux appareils sont, elles, très différentes.

Canon EOS 5D Mark IV : vidéo et Dual Pixel

Canon EOS 5D Mk IV et 24-70 mm f/4LLe Canon EOS 5D Mark IV utilise un capteur CMOS de 30 MP, équipé de la technologie Dual Pixel. Il offre ainsi une excellente gestion de la sensibilité : à 12 800 ISO, ses images sont encore très propres, en JPEG comme en RAW. Petite originalité, le mode Dual Pixel RAW permet d’enregistrer toutes les données issues des deux photodiodes de chaque photosite. Il est possible de retoucher légèrement la mise au point sur l’ordinateur, au post-traitement !

L’appareil s’adapte également à un flux de travail cinéma : il filme en 4K DCI de 24 à 30 im/s avec un débit de 500 Mbps. Cela amène à leurs limites ses cartes mémoire, des classiques Compact Flash et des SD UHS-I. Un port USB 3 permet de récupérer rapidement les fichiers. Petit regret : l’écran, s’il est tactile, est solidement fixé au dos de l’appareil.

Logements de cartes des reflex plein format Canon EOS 5D Mk IV et du Nikon D850
L’EOS 5D Mk IV utilise des cartes CF et SD UHS-I ; le D850 utilise des XQD et SD UHS-II, plus performantes.

Nikon D850 : définition élevée et photo de sport

Le Nikon D850 a choisi la voie de la haute définition, avec 45 MP. Ses images sont bien plus précises (avec des objectifs haut de gamme !), mais un peu plus granuleuses en haute sensibilité. Optimisé pour les photographes, il offre un viseur remarquable au grossissement de 0,75×, contre 0,71× sur le Canon.

Nikon D850 et Nikkor 24-120 mm f/4

Il accepte les nouvelles cartes mémoire XQD et la version UHS-II des cartes SD. Le débit extrême de ces supports permet d’enregistrer de généreuses rafales en RAW. Sa définition ne l’empêche en effet pas de prendre 7 images par seconde — et il pousse même à 9 im/s avec la poignée verticale et la batterie haute puissance optionnelles ! En revanche, il ne filme qu’en 4K UHD (format plutôt adapté à la télévision) et vous aurez intérêt à disposer d’un lecteur de cartes mémoire : son port USB est resté à la version 2.

L’ultra-haute définition chez Canon : l’EOS 5DS R

Si Canon est resté à 30 MP sur l’EOS 5D Mk IV, c’est sans doute parce que la marque proposait déjà un produit à la définition record. L’EOS 5DS R compte en effet pas moins de 50 MP. Un peu plus lent (5 im/s), il est également moins performant en basse lumière et en vidéo.

L'EOS 5DS R est le reflex plein format le plus défini.
Avec de bonnes optiques, 50 MP permettent de saisir les moindres détails. © Franck Mée

Mais pour les photographes à la recherche du plus infime détail, il garde une longueur d’avance même sur le D850 ! De quoi permettre des recadrages extrêmes ou des tirages en très grandes dimensions sans perte de qualité.

Il n’y a pas de mauvais reflex plein format

Tous les reflex plein format ne sont pas dans cet article. Nous avons notamment délaissé les Canon EOS-1D X et Nikon D5, encore plus avancés, qui dépassent le cadre d’une sélection grand public. Comme pour les reflex APS-C, nous avons également éliminé le dernier modèle du catalogue Sony, le « faux reflex » à visée électronique Alpha 99 II. Le constructeur concentre en effet ses efforts sur les hybrides en monture E. Acheter un modèle en monture A reviendrait donc à s’engager dans un système à l’avenir incertain.

Dans notre article sur les reflex APS-C, nous avons vu que certains pouvaient être frustrants. Viseurs étroits, manque de réglages, autofocus rustiques ou construction légère limitent le confort et les performances. Ce n’est pas le cas des reflex plein format : les modèles les moins chers associent déjà ergonomie, confort et efficacité. Les EOS 6D Mk II et D750 sont des outils extrêmement performants, qui permettent à des utilisateurs avancés de réaliser des images superbes. Si votre budget est limité, n’hésitez pas : pour le même coût, il vaut mieux les associer à un objectif haut de gamme que prendre un boîtier plus avancé et une optique limitée.

Les appareils haut de gamme se destinent donc à des utilisateurs aux besoins particuliers. L’EOS 5D Mk IV apporte des possibilités supplémentaires en vidéo, et les photographes profitent de post-traitements supplémentaires grâce au Dual Pixel RAW. Le D850 peut être « boosté » pour la photo de sport, son viseur est exceptionnel et la définition de ses photos est extrême. Tous deux offrent également une ergonomie plus avancée que leurs petits frères. Mais ces choix sont plus coûteux, surtout que ces modèles ne donneront leur meilleur qu’avec des objectifs eux-mêmes avancés.

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Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

4 Commentaires

  1. Avatar de Franck Mée

    Grand blog que je veux relire plusieurs fois. Vous avez très bien transmis l’idée et vos informations sont très intéressantes. Excellent travail.
    Tout le meilleur

  2. Avatar de Franck Mée

    Dommage que l’image pour le Canon 5D SR ne soit pas parlante. La définition (loupe) montrée dans cette page est vraiment pauvre de détails.

    • Avatar de Franck Mée
      Franck Mée Répondre

      Bonjour,
      nous aurions pu mettre une photo de mire, qui aurait été effectivement plus explicite quant à la résolution brute de l’image. Mais je pense que ce cliché est parlant pour tous ceux qui ont été dans cette situation : avec un tel cadrage, il est rare de voir distinctement les yeux du pilote, sans parler de séparer suffisamment iris et blanc de l’œil pour suivre son regard…

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