Une goutte d’eau posée sur une plume d’oiseau, les strates colorées d’un morceau de quartz, les boucles aériennes d’une plante, la structure géométrique d’un plumage, d’une fleur, d’une pierre, d’une feuille ou d’une bulle de savon…     Bruno Militelli zoome sur notre monde pour en dévoiler un autre.

En macrophotographie, les possibilités sont infinies… L’univers entier devient espace de jeu, et la nature un formidable écrin de créativité. Notamment parce que cette manière de montrer le monde a le pouvoir de transformer complètement notre point de vue sur les choses qui nous entourent… Alors, si nous vous proposions il y a quelques temps de découvrir comment faire de la macrophotographie, aujourd’hui c’est l’occasion de dresser le portrait d’un jeune artiste brésilien qui a fait de cette technique sa grande spécialité : Bruno Militelli.

© Bruno Militelli
© Bruno Militelli

NATURE ET ABSTRACTION 

Cela semble assez difficile à croire lorsque l’on découvre ses différentes séries de photos, et pourtant Bruno Militeli est complètement autodidacte – d’ailleurs cela ne fait que quelques années qu’il s’est réellement lancé dans la photographie de manière professionnelle. Basé à Sao Paulo, au Brésil, il s’est très vite passionné pour l’infiniment petit, le minuscule, l’invisible à l’oeil nu… Tout en considérant Dame Nature comme une oeuvre d’art à part entière, fourmillant de millions de milliards de détails que l’on ne voit pas ou plus. Des fragments brillants d’une beauté abstraite, qu’un bon objectif photo, une bonne maîtrise de a lumière et un peu (beaucoup) d’entraînement permettent de mettre en exergue. 

« Depuis que j’ai commencé à faire de la photo, ma passion pour ce type d’art s’est développée naturellement dans le désir de capturer des perspectives uniques et individuelles » explique-t-il sur son site internet. « Au travers de mon travail, je cherche un résultat abstrait mais toujours naturel en combinant les lumières, les contrastes et les couleurs afin de pouvoir capturer les détails les plus fugaces tout en vous permettant d’apprécier ce nouveau point de vue. »

© Bruno Militelli

UN JOUR SUR TERRE 

Son style, qu’il décrit comme à la fois « vif et naturaliste », nous offre ainsi une vision étonnante et incroyablement fascinante d’éléments naturels très simples. Des éléments que l’on a parfois même bien du mal à reconnaître au premier coup d’oeil ! Mais au final, qu’importe car là n’est pas le propos : ce qui compte, c’est la beauté singulière et intrinsèque de l’objet. Un spectacle de couleurs, de contrastes, de jeux de lumière, de formes géométriques, presque architecturales, qui souligne « la beauté de la planète dans laquelle nous vivons ».

Notons d’ailleurs en passant que s’il utilise Lightroom et Photoshop en post-production, c’est uniquement pour quelques retouches basiques, ou pour nettoyer ses images des éventuelles tâches de poussière et autres. « Le reste, c’est la nature qui me l’offre… » – et sa chouette maîtrise de son Fujifilm X-T2, et de ses objectifs macro aussi.

© Bruno Militelli

« J’en suis venu à considérer mon appareil photo numérique comme un instrument moderne capable de me transporter dans un nouveau monde inexploité, où je pouvais découvrir des lieux et des scénarios encore inconnus. » D’où, sans doute, cette impression que le temps a suspendu son vol, ou que le sujet vient tout juste d’arriver d’une autre planète avant de se poser délicatement devant son objectif… 

D’ailleurs en regardant les différentes séries de photos de Bruno Militelli, on retrouve une sensation de douceur inhérente à chaque image, marquant ainsi le croisement entre art, science, biologie et poésie. « Avec chaque image, j’espère dépeindre la beauté de l’objet, en montrant ses éléments uniques et en soulignant à quel point notre planète est intrigante. ». Ainsi, pour Chemicals, il multiplie par exemple les expériences mélangeant notamment de l’eau, de l’alcool, des colorants, du savon et de l’huile… Et les résultats sont spectaculaires de symétrie, de schémas étonnants, de reflets de lumière.

© Bruno Militelli

« Ma série Cryptocrystals est consacrée à l’exploration de l’effet de la lumière qui traverse des cristaux. Mon but est de célébrer les couleurs vibrantes et les motifs incroyables de ces cristaux, et de révéler la structure cachée de la nature. Cette image est en agate, une variété de quartz translucide, qui se caractérise par ses couleurs variées et son arrangement de bandes parallèles, droites et concentriques. C’est fascinant de voir comment nous identifions ces motifs abstraits et ces formations organiques comme autant d’éléments naturels beaucoup plus vastes de notre planète : rivières, mers, montagnes, vagues et plages semblent piégés dans le minuscule cristal. »

CLOSE-UP

Dans Aquabeads, l’artiste a choisi de jouer sur cette « interaction subtile » entre les plumes d’oiseaux, et les gouttes d’eau. « C’est la capacité inhérente des oiseaux à repousser l’eau qui les maintient au sec, leurs plumes sont naturellement imperméables. C’est cette propriété répulsive qui a généré des sphères d’eau parfaites qui flottent pratiquement sous la surface de la plume. Observé dans une perspective macro, il est possible d’admirer la beauté de ces perles d’eau impeccablement rondes et translucides, révélées sur ces photos d’une manière singulière, afin de montrer l’influence de la lumière lors du passage de ces gouttes.

© Bruno Militelli
© Bruno Militelli

« En raison du phénomène optique de réfraction créé par l’eau, ces gouttelettes d’eau ont la capacité de dévier la lumière qui les traverse. Ainsi, elles fonctionnent exactement comme une loupe. L’arrangement de rayures parfaitement parallèles et symétriques qui, avec les motifs et les couleurs uniques de ces petits filaments, a dévoilé un motif organique et abstrait… Le spectateur est invité à se perdre dans l’interprétation personnelle de ce monde qui pourrait facilement passer inaperçu. En fonction de l’angle d’incidence de la lumière dans la goutte et de la disposition des bandes de plumes, le résultat est transformé en image. Le tout en générant des textures et des contours bien distincts, toujours avec des contrastes nets et des lignes bien définies. »

Voilà en tout cas une manière bien singulière de découvrir le monde – et une chouette façon de se lancer dans la photo… A condition d’être patient !

© Bruno Militelli

En savoir plus sur Bruno Militelli : site internet / Instagram / Facebook

Avatar de Aurélie Vautrin
Auteur

Journaliste, Curieuse, Baroudeuse, Couteau Suisse. Passionnée par le cinéma, la littérature, la photographie et la contre-culture. Bref, lire, écrire et courir, mais pas les trois à la fois parce que ce n'est pas pratique.

Écrire un commentaire

Retour en haut