Quiconque prend des photos a déjà été confronté à un problème de flare, ce phénomène optique qui crée un voile ou un halo lumineux sur votre photo. Souvent décrié, nous allons voir comment l’éviter ou au contraire, comment le provoquer afin de l’utiliser comme une signature personnelle dans votre création photographique.

Définition

Si dans l’imaginaire collectif on restreint le Lens Flare, ou Facteur de Flare, à l’apparition d’un halo lumineux sur l’image, dans la réalité, le flare se concrétise par l’ensemble des aberrations optiques allant du halo lumineux, à une perte générale de contraste de l’image, ainsi qu’à l’apparition de taches colorées dans ses parties sombres.
Ces différentes aberrations optiques sont principalement dues à une diffusion parasite d’une source de lumière à l’intérieur de l’objectif de l’appareil photo ou de la caméra. Les flares ne se produisent qu’à certaines ouvertures et sous certains angles. C’est-à-dire lorsque la lumière pénètre dans l’objectif et est due à la réflexion et à la diffraction de cette dernière sur le bord des lames du diaphragme.

Mais, d’autres facteurs peuvent favoriser son apparition, à commencer par la multiplication du nombre de lentilles dans l’objectif – même si le traitement multicouche permet de le limiter – l’ajout de filtres, la prise de vue à grande ouverture et surtout, le fait d’être à contre-jour.

Concrètement, on peut donc différencier deux types de flare avec des variantes pour chacun d’entre eux.

  • En premier lieu, nous avons le plus connu de tous et sans doute celui qui peut avoir le rendu le plus esthétique, à savoir le halo lumineux. C’est-à -ire celui qui fait apparaître des cercles généralement de couleur magenta ou verts sur votre image ;
Flare : paysage.
Photo : Nguyen Quang Ngoc Tonkin / Shutterstock.
  • Puis, plus incommodant et moins esthétique, il y a celui qui a tendance à créer un effet de voile sur l’ensemble de la photo, générant une perte de contraste. Vous avez alors l’impression que la scène est brumeuse alors qu’en réalité il n’en est rien.
Flare : portrait.
Photo : VaLiza / Shutterstock.

Comment éviter le flare ?

Comme il a été vu précédemment, le flare étant principalement dû à la réflection d’une source lumineuse dans l’objectif de l’appareil photo, la première des choses à faire consiste à ne pas se placer directement dans l’axe de la source de lumière. Sans aller jusqu’à lui tourner totalement le dos, il faut adopter un angle suffisant pour casser la projection de la lumière dans la lentille. La bonne nouvelle est qu’en ce qui concerne les halos lumineux, si le flare est présent vous le verrez aussi dans votre viseur avant de déclencher, de fait, aucune mauvaise surprise n’est possible. Pour l’effet de voile, par contre, il est plus difficile de l’anticiper.

Flare : portrait.
Photo : eva_blanco / Shutterstock.

Deuxièmement, un des meilleurs moyens d’éviter que le soleil ne vienne taper dans votre objectif est encore d’utiliser un pare-soleil. Comme son nom l’indique, même s’il a bien d’autres utilités, sa fonction première est avant tout de préserver un maximum la lentille de l’objectif des projections de lumière directe et donc du flare. Généralement fournie avec l’objectif, cette solution est idéale dans de nombreuses situations, même si elle n’est pas fiable à 100%.

Flare : prise de vue.
Photo : fantom_rd / Shutterstock.

Si vous n’avez pas de pare-soleil pour votre objectif ou que celui-ci ne suffit pas, il est toujours possible d’opter pour une solution maison. En tenant l’appareil photo d’une main, vous pouvez utiliser la deuxième ou n’importe quel objet type pochette cartonnée, ou éventail pour masquer la source lumineuse. Attention tout de même à bien tenir et orienter l’obstacle afin qu’il ne se retrouve pas, lui ou son ombre, dans le champ de prise de vue.

De même, si vous utilisez un filtre sur votre objectif, et ce conseil est valable pour le flare et de manière générale, optez pour des filtres de très bonne qualité. Sachant que plus il y a d’éléments optiques dans l’objectif, plus il peut être sensible au flare, en rajouter un pourrait alors en favoriser l’apparition. Si les lentilles qui composent votre optique sont traitées pour limiter les aberrations, pourquoi tout ruiner en optant pour des filtres de mauvaise facture qui feront autant baisser le piqué de la photo que faire apparaitre des artefacts.

Flare : filtre.
Photo : 99Art / Shutterstock.

Dernièrement, même si l’incidence fait parfois débat, gardez la lentille frontale de votre objectif propre. Les poussières et autres traces de doigts gras et d’humidité peuvent être un facteur de flare. Et même si ce n’était pas le cas, une lentille sale aura toujours une incidence sur la qualité générale de votre photo.

Flare : nature.
Photo : tomertu / Shutterstock.

Si malgré tout vous êtes tout de même victime d’un effet de flare sur votre photo, il peut être parfois possible de le corriger en post-production. Concernant les halos lumineux, il sera plus compliqué de les corriger. Selon leur nombre, leur taille et leur emplacement, il sera possible ou non de les effacer à l’aide de l’outil “Tampon de duplication” sur Photoshop, mais ce sera un long travail de minutie.
Concernant l’apparition d’un effet de voile, il sera beaucoup plus facile d’y remédier puisqu’étant provoqué par la perte de contraste, il suffit de rehausser le niveau de contraste dans votre logiciel de retouche d’image. De plus, sur Lightroom 6 et supérieur, et depuis DxO Optics Pro 10, les fonctions “Correction du voile” et “DxO Clear View” sont dédiées à la correction de voile atmosphérique.

Flare : correction.
La correction du flare.

Comment provoquer le flare ?

Jusque là, nous avons vu tous les moyens pour éviter d’avoir un flare sur votre photo. Cependant, il peut être intéressant de composer avec dans un souci artistique ou tout simplement parce qu’il n’est pas possible de l’éviter à cet instant.

Si par nature c’est avant tout un effet parasite sur votre photo, le flare peut aussi être un atout artistique. Il peut ajouter une touche onirique dans un portrait ou un paysage et un aspect réaliste quand on photographie avec le soleil de face. C’est un bon moyen de transmettre le côté éblouissant de la lumière.

Flare : portrait.
Photo : AnastasiaDudka / Shutterstock.

Malheureusement, il est beaucoup plus simple de l’éviter que de le provoquer. Pour ce faire il faut avoir une source de lumière suffisamment intense avec un angle précis afin d’avoir un effet intéressant. Si par exemple, pour un portrait, vous souhaitez absolument ajouter un flare pour créer votre ambiance, il existe aussi des filtres comme ceux de la gamme Prism Lens FX ou Fractal Filters qui facilitent l’apparition de flare grâce à des systèmes de rayures ou de surface irrégulières pour provoquer des diffractions. Si vous n’avez rien de tout ça, vous pouvez aussi trouver dans le commerce des prismes ou utiliser de vieilles lentilles ou verres de lunettes que vous placerez devant ou proche de l’objectif afin de créer une projection de lumière dans l’optique et ainsi créer un flare.

Une dernière possibilité consiste à créer ce flare en post-production via Photoshop. Soit en utilisant l’outil “Filtre -> Rendu -> Halo” qui génère automatiquement un halo lumineux, soit en ajoutant sur votre photo un calque de halo que vous pouvez trouver en banque d’image, puis de le fusionner à la photo d’origine grâce au mode de fusion “Superposition”.

Flare : Photoshop.
Travail du flare sur Photoshop.

Cependant, si vous créez votre effet de flare en postproduction, il est important de garder en tête que pour un rendu réaliste, il faut que la source de lumière responsable du flare soit crédible et soit placée dans l’axe d’une source de lumière existante. Si sur votre photo d’origine on comprend que vous avez la lumière dans le dos, ajouter un flare sera incohérent et révélera inévitablement la tricherie.

Conclusion

Maintenant que vous avez les clés pour comprendre les conditions d’apparition du Lens Flare, il ne vous reste plus qu’à les mettre en pratique, que ce soit pour ne plus en être victime à la prise de vue ou pour réussir à le corriger en postproduction. Ou au contraire, pour savoir comment le provoquer, c’est-à-dire en se positionnant correctement, en utilisant des filtres spécifiques ou en l’ajoutant en postproduction. Laissez libre cours à votre créativité !

Avatar de Lucien de MissNumerique
Auteur

Photographe, auteur et formateur. Il est un grand spécialiste de l'industrie de l'image. La photo et la vidéo n'ont pas de secret pour lui.

Écrire un commentaire

Retour en haut