Les filtres ND font partie de l’attirail indispensable en vidéo pour obtenir de meilleurs résultats et travailler l’exposition avec plus de souplesse. La vidéo peut s’avérer délicate, surtout dans des conditions de forte lumière , et utiliser des filtres ND permet en effet d’optimiser ses réglages et de « récupérer » de la matière à l’image. Découvrez les avantages de ces accessoires et améliorez vos prises de vue avec ces filtres ND, variables ou non.
Qu’est-ce qu’un filtre ND ?
ND signifie littéralement Neutral Density. Ces filtres à densité neutre sont conçus pour réduire l’intensité lumineuse qui arrive au capteur de la caméra. Les filtres ND sont dits neutres, car l’intensité est réduite sur l’ensemble des longueurs d’onde (les couleurs). Il n’y a aucune modification des couleurs (normalement…). On peut aussi les trouver sous l’appellation de filtres gris neutre. Concrètement, un filtre ND est un verre plus ou moins teinté (= plus ou moins dense) selon la réduction de lumière attendue. Les références de ces filtres sont soit un indice précédé de ND, soit une valeur de densité optique, soit un nombre de f-stops de réduction.
Que veulent dire ces valeurs sur les filtres ND ?
Les fabricants ne semblent pas uniformes sur les dénominations de leurs produits, et les filtres ND ont des références différentes pour un même rendu. Un filtre noté ND32 ne laissera passer environ que 1/32e de la lumière dans l’objectif (soit environ 3% seulement). On peut le trouver sous l’appellation ND1.5. Cette valeur correspond concrètement à la densité optique du filtre.
Dans les descriptifs, les fabricants annoncent une réduction du nombre de f-stops, de quoi perdre un peu plus l’acheteur ! Une valeur de f-stop c’est, à une exposition donnée, la modification de ces mêmes réglages d’exposition qui permet de faire arriver au capteur deux fois plus ou moins de lumière… La notation la plus courante reste NDx avec « x » étant toujours une puissance de 2 (ND2, ND4, ND8, ND16, ND32… ND8192), et 1/x vous donnera le taux de lumière qui passera dans votre objectif. Le tableau ci-après récapitule l’ensemble des valeurs de filtres ND.
Pourquoi vouloir réduire la quantité de lumière ?
La réponse rapide est la suivante : « quand il y en a trop » ! Ce serait oublier qu’il y a quelques règles à respecter pour réaliser de belles images. Si on cherche à produire des vidéos de manière « cinématique », il faudra un peu de rigueur. On peut tout faire en automatique sans se soucier de rien, mais il y a beaucoup de règles qui régissent l’activité pour un rendu optimal, cinéma, ralenti etc. C’est le cas notamment de la vitesse d’obturation : pour un « flou de mouvement dit cinématique », la vitesse d’obturation est idéalement 2 fois plus rapide que la fréquence d’images (frame rate). C’est la règle des 180° d’obturation. Si vous filmez à 25 images par seconde, votre cible idéale est d’avoir un shutter speed à 1/50s, quelques soient les conditions. Mais comme vous le savez, le triangle d’exposition ne vous laisse pas beaucoup de leviers pour agir : la vitesse d’obturation (shutter speed), la sensibilité, et l’ouverture de diaphragme de votre objectif. Si on ne veut pas changer la vitesse d’obturation pour avoir un joli flou de mouvement, que pouvons-nous faire ?
Baisser la sensibilité ISO ?
La qualité de l’image dépend beaucoup de ce paramètre, et il est préférable de conserver un ISO natif ou bas (peu sensible). Si vous êtes déjà au minimum (le moins sensible), il faut trouver un autre paramètre.
Fermer le diaphragme ?
Si vous jouez sur l’ouverture de diaphragme pour compenser, vous allez pouvoir réduire sans aucun artifice la quantité de lumière entrante, certes, mais cela va modifier l’image qui ne correspondra pas forcément au plan que vous vouliez : en fermant beaucoup le diaphragme, vous allez augmenter la profondeur de champ.
Que reste-t-il ?…. le filtre ND !
Avec beaucoup de soleil, vos réglages « figés » (ISO, vitesse d’obturation et diaphragme) peuvent laisser passer encore trop de lumière. Si vous souhaitez respecter la règle de 180°, vous devrez conserver une ouverture de diaphragme et une valeur d’ISO optimale. Les filtres ND sont donc faits pour vous ! Le filtre ND sera le paramètre qui viendra s’ajouter à votre triangle d’exposition pour plus de souplesse.
Filtres ND variables vs fixes : lequel choisir ?
Il existe des filtres ND fixes et d’autres dits variables. C’est comme choisir entre un objectif fixe (prime) et un zoom. L’un est de meilleure qualité et l’autre est plus pratique. Le filtre ND fixe est plus qualitatif pour l’image, car il n’est constitué que d’un verre teinté. Mais cela veut dire que vous maîtrisez l’indice de transmittance dont vous aurez besoin. Et vous devrez en avoir plusieurs avec vous, et les changer selon chaque situation, ce qui peut devenir vite inconfortable.
Les filtres ND variables vous allègent le sac et sont prévus pour remplacer toute une gamme de ND fixes. Cet avantage a une incidence sur le rendu final hélas, surtout sur des filtres bas de gamme.
Comment fonctionnent les filtres ND variables ?
Les filtres ND (fixes) sont des verres teintés. En revanche, les filtres ND variables sont constitués de 2 verres polarisants. De ce fait, l’utilisation d’un filtre ND variable peut induire un léger effet de polarisation, et modifier certaines couleurs de votre plan. Attention ! L’effet est relativement faible, et ce type de filtre ne se substitue en aucun cas au filtre polarisant… Le problème majeur étant que sur ces valeurs de densité extrêmes va se créer un effet de croix, au moment où les deux verres polarisants se retrouvent en opposition. La lumière passe aussi par 2 couches de verre. Cela peut affecter la qualité de l’image. Ces phénomènes ne se retrouvent pas sur des filtres ND variables hauts de gamme. L’effet de croix est inévitable physiquement… Mais sur les filtres de qualité, les plages indiquées par le fabricant sont englobées dans un angle de rotation des deux verres. Cela évite d’atteindre cet effet.
Quel filtre ND choisir ?
Ne faites jamais l’impasse sur la qualité des filtres ! Mettez le prix nécessaire, car toute la lumière passe par eux. Ce serait dommage de mettre un filtre bas de gamme sur un bel objectif. Non seulement vous devez éviter l’effet de croix, mais de mauvais filtres peuvent donner une teinte à votre image. Vous êtes plutôt run & gun, toujours prêt à dégainer ? Vous cherchez la rapidité et le transport léger ? Alors, optez pour un ND variable avec une large plage de densités. Ce sera bien plus flexible à l’usage. Pour des projets où la qualité de l’image prime sur les aspects pratiques, et que vous avez le temps de préparer vos prises de vues, les filtres ND fixes seront de meilleurs alliés. Vous devrez maîtriser et avoir l’ensemble des filtres en fonction des conditions de lumières attendues. Si vous filmez principalement au grand angle, les filtres fixes seront moins propices à l’effet de croix. Reportez-vous au tableau plus haut pour voir les indices qui vous seraient utiles. Si je devais faire simple, par très grand soleil et forte réverbération, il faut couvrir l’indice ND32 à 64. Mais la quantité de lumière ne s’écrit pas et il vous faudra aussi faire vos essais !
Sur le terrain…
Les grosses caméras intègrent presque toutes des filtres ND fixes. L’objectif est clairement de ne pas modifier la qualité de l’image (couleurs, etc.). Et comme ils sont intégrés, il n’y a rien à dévisser, ranger, revisser. Ce qui n’est pas le cas de la plupart des filmmakers indépendants avec des boîtiers « reflex », DSLR ou mirorless. Dans ce créneau de caméras, j’ai tout de même un faible pour le ND variable de bonne qualité, car j’y trouve beaucoup de flexibilité. Avec un seul filtre variable monté sur mon objectif, et couvrant une plage assez large, je suis à l’aise en exposition pour quasiment toutes les conditions de lumière. Je reste soudé à mon triangle d’exposition, histogramme ou waveform en visu, rivé sur 25 images/s, ISO et ouverture bloquée (celle que je veux, souvent la plus grande). Je ne modifie l’exposition que par le filtre, en tournant la bague frontale. Simple, rapide et efficace. Quelque-soit votre choix, les objectifs ont des diamètres très variés. Vous ne voudrez pas obligatoirement investir dans autant de filtres que d’objectifs. Je vous conseille alors d’opter pour un filtre de diamètre 82mm et d’avoir des bagues « step-up », pour passer du diamètre des objectifs que vous utiliserez au diamètre de filtre que vous aurez choisi (idéalement 77 ou 82mm pour couvrir large). Vous pourrez alors le monter sur chacun de vos objectifs et être passe-partout même si vous en rachetez d’autres.
Ce grand diamètre présente aussi l’avantage d’être moins risqué parce qu’il provoquera moins de vignettage sur des focales courtes (grand-angles). Sur ce sujet, je vous conseille fortement d’éviter justement les filtres trop épais. Dernier point bien pratique à vérifier : trouvez des filtres qui disposent d’un filetage intérieur sur la bague frontale. Cela sera bien utile pour mettre un bouchon (cache d’objectif) pour protéger votre filtre pendant le transport. À vous de jouer !