Amateur de Nikon, vous recherchez un reflex plein format. Deux options s’offrent à vous : le D750 et le D850. Des tarifs très distincts, mais également des appareils bien différents ; il est évident que le D850 est techniquement supérieur, mais profiterez-vous réellement de ses avantages ?
Nikon D750
Lancé en 2014, le Nikon D750 représentait une belle montée en gamme par rapport au D610. S’il conservait le capteur, il recevait un autofocus plus performant, un nouveau système d’exposition et surtout un boîtier revu et corrigé en profondeur. Il était plus compact, sensiblement plus léger grâce à une façade en fibre de carbone, et adoptait le premier écran orientable de la marque. Enfin, il faisait preuve de modernité avec une liaison Wi-Fi, afin de télécharger les images et de commander le déclenchement à distance.
Il a certes 4 ans, mais il n’a pas à rougir face à une concurrence plus jeune : son capteur de 24 Mp reste conforme aux standards pour un plein format abordable, il est réactif et performant, et seul son écran non tactile peut réellement trahir son âge. Et son tarif le place parmi les reflex plein format les plus accessibles.
Nikon D850
Apparu en 2017, le Nikon D850 était une véritable révolution, après un D810 resté très proche du précédent D800. Il reprenait l’excellent système d’autofocus et d’exposition du modèle sportif professionnel, le D5. Il réunissait aussi tout ce qu’on attendait d’un appareil moderne : écran tactile, connexions Wi-Fi et Bluetooth, vidéo en 4K UHD.
Mais le cœur de cette nouveauté, c’était son capteur, le premier CMOS BSI de Nikon. Cette technologie lui permettait de combiner une définition de 45,7 Mp, une sensibilité améliorée et une excellente plage dynamique. Il offrait ainsi une qualité d’image sans précédent dans cette gamme, saluée par les critiques.
Mêmes optiques, mais…
La monture Nikon F est apparue en 1959. Au fil des décennies et des évolutions technologiques, la compatibilité entre les objectifs et les boîtiers a parfois été remise en question. Les utilisateurs de reflex APS-C connaissent ainsi des contraintes diverses (autofocus, exposition…) selon leurs appareils.
La situation est plus simple sur les pleins formats : ils ont tous la même variante de la baïonnette F. Les D750 et D850 permettent donc d’utiliser l’autofocus sur toutes les optiques AF. Pour les plus anciennes, la mesure matricielle 3D est disponible sur les G, E et D, et tous les AI et suivants fonctionnent en mode M ou A.
Ceci étant, la définition presque doublée du D850 met bien plus facilement en évidence les limites optiques. Pour réellement profiter de ses 45 Mp, il faut donc disposer d’objectifs plutôt haut de gamme, généralement coûteux, ou ne photographier qu’autour de f/9 pour profiter du piqué maximal. Avec ses 24 Mp, le D750 se contente de moins. Bien entendu, la différence ne se verra guère sur un tirage 20×30 cm ; mais si vous comptez imprimer des posters en haute résolution ou recadrer très fortement l’image, c’est un élément à garder à l’esprit.
Grand public ou professionnel ?
En ergonomie, tout est affaire de goût. Plutôt que « mieux », dans ce domaine, D750 et D850 sont différents et ne visent pas la même cible. Dans les grandes lignes, ce sont deux reflex, robustes, équipés d’un écran orientable, de deux molettes de réglages, d’un écran de rappel supérieur et de bon nombre de touches et de personnalisations.
Mais le D750 s’adresse au grand public, tandis que le D850 vise les techniciens. Aussi, le premier dispose d’une molette de sélection du mode d’exposition. Elle offre les classiques PSAM ainsi qu’un mode automatique, deux modes personnalisés, un accès aux filtres et des modes scènes préprogrammés. Rien de tout cela sur le D850 : la simple touche Mode permet de naviguer dans les seuls modes PSAM. L’utilisateur d’un D850 doit savoir régler son appareil sans assistance, celui du D750 peut se faire aider.
Dans le même esprit, le D850 dispose d’une touche ISO directement derrière le déclencheur : le photographe peut régler la sensibilité dans le feu de l’action. Pour les amateurs, ce paramètre est moins crucial et il est déporté sur une des touches de gauche. Autre différence notable : le D750 se contente d’un pavé directionnel pour sélectionner le collimateur actif ; son grand frère propose en plus un joystick au bout du pouce, afin de suivre manuellement un sujet en gardant l’œil collé au viseur.
Le viseur, justement, est un autre élément très différent entre les deux modèles. Et, cette fois, ce n’est pas affaire de goût : le D850 est tout simplement meilleur. Son prisme a un grossissement de 0,75×, contre 0,70× sur le D750. Celui-ci ne démérite pas : il est grand, confortable, agréable à utiliser, et il permet bien d’estimer la netteté de son sujet. Mais le D850 offre réellement une vision plus large et plus précise. Que ce soit par confort ou pour réaliser une mise au point manuelle exacte, les amateurs de beaux viseurs n’auront aucun mal à choisir.
De grands sensibles
Un grand viseur est également préférable en basse lumière. Cela tombe bien : c’est un des domaines d’excellence du D850. Sa mesure est fiable jusqu’à -3 IL, contre 0 IL pour celle du D750. L’écart n’a rien de symbolique : si tous deux sont à l’aise sous un éclairage urbain, seul le D850 continue à régler l’exposition avec fiabilité lorsqu’il ne reste que la lune.
Dans de telles conditions, la sensibilité du capteur est tout aussi primordiale. Et ici, le CMOS BSI fait la différence : malgré sa définition presque double, le D850 offre des images parfaitement utilisables jusqu’à 6400, voire 12800 ISO (selon votre tolérance au bruit numérique). Le D750 est « seulement excellent » et vous pourrez le pousser à 6400 ISO sans arrière-pensée, mais il est ici dominé par son cadet – surtout à taille de tirage égale.
Enfin, faire de bonnes images bien exposées ne sert à rien si elles sont floues ; et sur la question de l’autofocus, le D850 est encore une fois à l’avantage. L’écart est cette fois plus ténu (le module AF du D750 excelle déjà en basse lumière), mais il accroche des objets encore un peu plus sombres.
En photographie nocturne ou en intérieur, le verdict est donc clair : le D850 domine son sujet. Cela ne veut pas dire que le D750 démérite ; il reste un reflex performant doté d’un très bon capteur. Nous l’avons d’ailleurs utilisé avec succès sur un entraînement de trampoline, dans un gymnase à l’éclairage perfectible. Mais si vous souhaitez être certain d’accrocher le visage de votre enfant illuminé par les seules bougies de son gâteau, si vous voulez l’assurance d’un rendu précis pour ce cliché du Mont Aiguille sous la lune, le D850 fera cela un peu plus aisément.
Le D750 peut toutefois retourner la situation dans certains cas grâce à son flash intégré, qui peut apporter la lumière qui manque et contrôler d’autres flashs à distance. Alors que le D810 en disposait, Nikon a inexplicablement décidé de supprimer le flash du D850, une vraie contrainte pour qui veut ajouter un éclairage artificiel…
Le D850 pour le sport ?
Nul ne sera surpris que le D850 soit doué pour le sport : il hérite du système autofocus du D5, né pour les Olympiades. Précision, accroche et suivi de sujet, c’est son domaine. Il propose également des réglages plus pointus et la possibilité de regrouper des collimateurs selon la taille du sujet (le D750 ne permet que le suivi 3D ou la sélection individuelle). En outre, la reconnaissance des visages fonctionne même en visée reflex. Rappelons enfin qu’il dispose d’un joystick, plus pratique pour déplacer rapidement la zone de mise au point, et vous comprendrez que le match soit bref.
Les rafales des deux appareils peuvent paraître proches, à 6,5 et 7 images par seconde. Mais pour les sportifs, le D850 dispose d’une arme secrète : en l’équipant d’une poignée d’alimentation et de la batterie EN-EL18b du D5, il grimpe à 9 images par seconde. Toujours en 45 Mp, et sur une vingtaine de clichés en RAW !
Au risque de nous répéter, le D750 ne démérite pas dans ce domaine : une rafale à 6,5 im/s est déjà très correcte, son suivi de sujet 3D est extrêmement efficace et souple d’emploi, et il sera tout à fait à son aise au bord d’une piste ou dans un gymnase.
Vidéo : correct vs excellent
Les deux modèles sont tout à fait utilisables en visée sur écran, avec un autofocus plus lent qu’en reflex mais un écran orientable fort appréciable pour cadrer près du sol, à hauteur d’enfant ou par-dessus une foule.
Le mode vidéo du D750 est aux bons standards de son temps : il filme en Full HD jusqu’à 60 im/s, il intègre un micro stéréo (avec possibilité de brancher un micro externe) et peut envoyer le son sur un casque pour que vous contrôliez l’enregistrement.
Mais le D850, plus moderne, va tout simplement plus loin. Il filme en 4K UHD à 30 im/s. Il propose également un mode ralenti à 120 im/s qui permet de varier les effets cinématiques. Enfin, la gestion du son est plus poussée. En somme, le D750 filme parce qu’il peut le faire ; le D850 est un outil de production capable de s’intégrer dans un flux de travail vidéo pointu.
La question de la mémoire
Le D850 a tout de même une faiblesse qu’il faut noter : il utilise deux types de cartes mémoire différents. Étant donné ses performances, il était inévitable qu’il adopte un format moderne aux débits extrêmement élevés, et Nikon a pour cela intégré un port XQD. Mais le second est resté au format SD.
Certes, il est compatible UHS-II, ce qui permettra de gérer sans trop de latence les énormes fichiers de 45 Mp. Mais cela oblige à avoir deux types de cartes mémoire ou à gérer soigneusement les données enregistrées.
Le D750 héberge, quant à lui, deux cartes SD (compatibles UHS-I, un débit suffisant pour 24 Mp). Vous n’aurez donc qu’un seul format de cartes à gérer. Certes, celui-ci est moins performant, mais c’est un avantage pratique sur le terrain – sans parler du coût, les XQD étant bien plus chères.
Suffisant ou pas ?
Techniquement, le duel est clairement à l’avantage du D850. Il est plus sensible, plus réactif, plus avancé, plus moderne, et il propose une meilleure qualité en photo comme en vidéo.
Le D750 offre une ergonomie un peu plus accessible avec sa molette des modes et il n’oblige pas à panacher les cartes mémoire. Il a également deux gros avantages que nous n’avons pas encore détaillés. D’une part, il est plus compact. Plus d’un centimètre de moins de hauteur, presque 200 grammes de moins sur la balance, ça n’est pas négligeable. D’autant plus que le D850 sera sans doute équipé exclusivement d’optiques haut de gamme, elles-mêmes encombrantes et lourdes, afin de profiter pleinement de sa définition gargantuesque. Dans un sac à dos à la fin d’une journée de randonnée, vous pourriez être très content d’avoir choisi le petit modèle.
Et puis, il est beaucoup moins cher que le D850. Surtout compte tenu du prix d’optiques adaptées au capteur de 45 Mp et de cartes XQD. Et plus encore si vous voulez lui faire donner le meilleur en photo d’action grâce au grip et à la batterie optionnelle.
Aussi, plutôt que « lequel est le meilleur ? », la question à vous poser est : « le D750 me suffit-il ? »
Nous l’avons répété tout au long de l’article : même quatre ans après sa sortie, il reste tout à fait dans le coup. Sa qualité d’image est très bonne, son autofocus est très efficace même sur des sujets mobiles, sa rafale est performante… Relisez les paragraphes précédents en vous demandant, à chaque étape, si un très bon reflex vous convient ou si l’excellence absolue vous est indispensable. Vous seul connaissez la réponse.
1 Commentaire
» si vous comptez imprimer des posters en haute résolution ou recadrer très fortement l’image, c’est un élément à garder à l’esprit » si on compte imprimer des posters ou recadrer fortement l’image, ce sera pire avec un D750 même avec des objos haut de gamme du coup ^^.