Le Nikon Z8 se présente comme un hybride plein format sans compromis : 45 MP, obturation au 1/32000 s, rafale à 30 im/s avec affichage continu et pré-déclenchement, vidéo 8K à 60 im/s… De quoi affronter non seulement les Sony et Canon équivalents, mais aussi le sommet de la gamme maison, le Z9. En effet, face à la concurrence, Nikon a repris l’essentiel de celui-ci.

Nikon Z8 : le semi-pro à l’assaut des pros

Historiquement, les appareils du segment « semi-pro », juste en-dessous des porte-étendard, ont soigneusement évité d’attaquer leurs grands frères. Les constructeurs ont souvent joué sur la rafale et l’autofocus, critères essentiels pour les reporters et les sportifs. Ainsi, le premier EOS 5D plafonnait à 3 im/s et n’avait que neuf collimateurs. Il restait ainsi prudemment en retrait de l’EOS-1D Mk II N, dont les 8,5 im/s et 45 collimateurs justifiaient le coût nettement supérieur.

En 2008, Nikon présentait le D700. Avec le même capteur et le même autofocus que le D3, il ne laissait à celui-ci que la rafale pour se distinguer réellement. Et encore : avec sa poignée d’alimentation, il pouvait utiliser une batterie plus puissante et obtenir une cadence presque identique ! Le choix était audacieux, il s’est avéré dangereux : les ventes du D3 ont souffert de la concurrence. Dès la génération suivante, Nikon a soigneusement séparé les deux gammes. Au D800 les hautes définitions, les images ultra-détaillées et une certaine lenteur, au D4 le sport, les cadences infernales et la photographie nocturne.

Le Z8 (à droite) se classe au même niveau de gamme que le D850 (à gauche). Mais celui-ci faisait très attention à ne pas attaquer le sommet de gamme, au contraire du nouveau modèle.

Mais les temps ont changé. Avec les hybrides récents, les débit des capteurs ont explosé. Définition et cadence ne sont plus incompatibles, comme l’ont montré successivement les Sony Alpha 1, Canon EOS R5 et Nikon Z9. Et la concurrence féroce a poussé les appareils « amateurs » (A7R V, EOS R6 Mk II, Z7 II, S5 II…) à devenir à la fois plus précis et plus réactifs.

Aussi, pour reprendre le glorieux flambeau du D850, Nikon n’avait guère le choix. Comme le D700 en son temps, le Z8 reprend le cœur du porte-étendard de la marque, au risque de le concurrencer directement.

Capteur de 45 MP, jusqu’à 30 im/s, vidéo 8K…

Le Nikon Z8 reçoit donc le même capteur CMOS empilé de 45 mégapixels et le même processeur Expeed 7 que le Z9. Comme lui, il photographie ainsi jusqu’à 30 images par seconde (20 im/s en RAW), sans interrompre la visée. Il pousse à 60 im/s au format DX et à 120 im/s en 11 MP. Nikon n’a pas non plus réduit la quantité de mémoire embarquée et annonce toujours une rafale de plus de 1000 images.

Mieux : le Z8 inaugure le format d’image HEIF. Avec ses couleurs en 10 bits (contre 8 bits pour le JPEG), celui-ci offre une dynamique accrue qui permet d’éviter de brûler les hautes lumières. Le format RAW devient donc un peu moins nécessaire – bien qu’il conserve de larges avantages.

Comme sur le Z9, un volet vient protéger le capteur à l’extinction de l’appareil. Il n’a en revanche pas d’obturateur mécanique.

L’obturation reste possible jusqu’au 1/32000 s, dans un parfait silence : elle est entièrement électronique.

Pas de bridage non plus du côté de la vidéo. La 8K à 60 im/s en N-RAW (apparue avec le firmware 2.0 du Z9) est toujours présente. L’Apple ProRes RAW sur 12 bits également. Le Z8 peut par ailleurs enregistrer des fichiers directement utilisables, compressés en H.265 sur 8 ou 10 bits. La 8K plafonne alors à 30 im/s, la 4K monte à 120 im/s maximum.

Autofocus : le Nikon Z8, comme le Z9

Le système autofocus est lui aussi repris du Z9. Il détecte les gens (visage et yeux, mais aussi tête et tronc), les animaux et oiseaux, et les véhicules terrestres et aériens. Les amateurs de photo aéronautique noteront qu’il détecte précisément le cockpit des avions et le poste de conduite des trains.

Il réalise 120 analyses par seconde, comme le Z9, afin d’assurer une réactivité irréprochable même en rafale. Et avec un fonctionnement jusqu’à -9 IL, il devrait être particulièrement efficace en très basse lumière.

Rafale à 120 im/s avec autofocus continu…

Nikon précise que le Z8 est capable de détecter et d’accrocher un visage n’occupant que 3 % de l’image. Cela devrait particulièrement plaire aux photographes de sport qui cherchent à montrer le compétiteur dans son environnement.

Ainsi, le Z8 devrait être prêt à affronter les Sony Alpha 9 et Canon EOS R3, références des appareils photo d’action.

La compacité, un changement profond

Si le Z8 est fondamentalement un Z9, qu’a donc changé Nikon ? Sur les images, la réponse est évidente : l’extérieur. Le boîtier sur Z8 n’intègre plus la poignée verticale. Il gagne ainsi trois centimètres de hauteur et presque 300 grammes. Avec 11,8 cm et 960 g, il reste toutefois légèrement plus haut et presque aussi lourd que le Panasonic S1. Il est donc plus encombrant que les modèles amateurs (Sony série 7, Nikon Z7 II, EOS R5…), mais il reste sensiblement plus compact et léger qu’un D850 ou que les hybrides « monoblocs » (Z9 et EOS R3).

L’écran du Z8 reste orientable comme celui du Z9.

Cette cure d’amaigrissement a plusieurs impacts. Tout d’abord, les prises synchro flash et RJ45 ont disparu, de même que le récepteur GPS. Notez que la connexion réseau est toujours possible via un adaptateur USB. Quant à la géolocalisation, elle nécessitera donc une connexion avec un smartphone.

Ensuite, le second logement de carte mémoire passe au standard SD, plus compact, ne laissant plus qu’un logement CFexpress B. C’est un mal pour un bien, les SD étant moins coûteuses et déjà très largement utilisées. Seuls ceux qui ont vraiment besoin des performances maximales devront donc s’offrir une CFexpress.

Autonomie limitée mais poignée optionnelle

Enfin et surtout, la batterie EN-EL15 est celle des Z5, Z6 et Z7. Et avec l’électronique de pointe du Z8, elle souffre : Nikon n’annonce que 330 vues sur une charge ! L’ajout d’un port USB-PD (aux côtés de l’habituel USB-C) est donc une bonne nouvelle. Il sera en effet bien pratique de recharger ou d’alimenter le Z8 avec n’importe quelle batterie externe USB-C.

Pour pallier cet inconvénient, Nikon propose une poignée amovible, la MB-N12. Moyennant 399 € et 455 g supplémentaires, il pourra donc recevoir deux batteries et passer les 600 vues. L’ensemble reste presque 1000 € plus accessible que le Z9…

Prix et disponibilité du Nikon Z8

Le Nikon Z8 sera disponible fin mai, seul ou en kit avec le Nikon Z 24-120 mm f/4 S.

La poignée MB-N12 sera quant à elle vendue 399 €.

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Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

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