La monture E a été le tout premier système hybride plein format. Les Alpha 7 et 7R et leurs premiers objectifs, les Sony FE 28-70 mm et Zeiss FE 35 mm, 55 mm et 24-70 mm, fêtent leurs dix ans. De plus, Sony a très tôt permis à d’autres constructeurs de proposer des optiques compatibles. Une demi-douzaine de marques s’y sont essayées, sans compter les innombrables fabricants obscurs disponibles en ligne. Il s’agit donc, logiquement, du système qui offre le plus grand choix d’objectifs. Nous avons relevé le défi de faire une liste de nos favoris – qui tienne en un seul article !
Monture E : la surpopulation !
Imaginez faire un schéma récapitulatif des gammes en monture E. Même en le limitant aux objectifs plein format, ce schéma compte… 115 références ! Votre défi : trouver une solution pour obtenir une présentation vaguement lisible…
Placez les quelque 45 références de Sony sur un schéma à part. Celui-ci est presque lisible, mais il met déjà en évidence certains encombrements. La gamme compte par exemple cinq zooms ultra-grand-angle, huit transstandards, six focales fixes de 50 mm…
Il ne vous reste qu’environ 70 références à faire rentrer sur le deuxième schéma. Celui-ci réunit donc les Sigma, Tamron, Samyang, ainsi que Laowa. Malgré les efforts de certains (merci Sigma pour ce très bel alignement de focales fixes), les références concurrentes se multiplient. Les transstandard à f/2,8 ne sont pas moins de 4, auxquels on pourrait ajouter les « presque » transstandard 20-40 mm (Tamron) et 35-150 mm (Tamron et Samyang) !
Il ne vous reste plus qu’à assembler mentalement ces deux schémas… et vous comprendrez aisément que choisir dans ce dédale n’a rien de simple !
La triplette de zooms en monture E
Commençons donc par la solution la plus simple et la plus classique pour couvrir un maximum de focales utiles. Trois zooms, un ultra-grand-angle, un transstandard et un télézoom.
Pour le premier, nous optons pour le Sigma 14-24mm F2.8 DG DN Art. Les deux ou trois millimètres qui le séparent des zooms commençant à 16 ou 17 mm changent beaucoup de choses. Les Sony 12-24 mm vont certes bien plus large, mais leurs tarifs sont prohibitifs. Le Sigma offre donc le meilleur compromis.
Même marque pour le transstandard : le Sigma 24-70mm F2.8 DG DN Art. Presque aussi performant que les Sony, il est un peu plus lourd, mais beaucoup moins cher. Inversement, le Samyang est plus lourd et optiquement en léger retrait, sans être beaucoup plus abordable.
Le dilemme est plus complexe pour le télézoom. Les 70-200mm f/2,8 souffrent d’un prix à la hauteur de leurs performances : stratosphérique ! Le Tamron concurrent se limite à 180 mm et n’est pas compatible avec les téléconvertisseurs, parfois bien utiles en photo de sport. Nous sacrifions donc un cran d’ouverture et optons pour le Sony FE 70-200m F4 G OSS II, excellent, relativement léger et presque abordable.
Focales fixes : GM, Art… et les autres ?
Les zooms ne répondent pas à tous les besoins ni à tous les goûts. Il est donc probable que vous recherchiez des focales fixes, que vous soyez en quête de légèreté ou de luminosité.
Si vous en avez les moyens, notez qu’il existe deux griffes que vous pouvez acheter les yeux fermés : G Master chez Sony, et Art chez Sigma. Ces optiques sont généralement imposantes, souvent coûteuses surtout chez Sony, mais elles valent chaque gramme et chaque euro.
C’est ainsi que notre ultra-grand-angle favori est le Sony 14mm F1.8 GM. Pour un grand-angle modéré idéal en reportage, nous conseillons son frère, le Sony 35mm F1.4 GM, et les fans de photo de rue trouveront le Sony 50mm F1.4 GM incontournable. Ceci dit, les adeptes de la photo à la sauvette le troqueront contre le 50mm F2.5 G, beaucoup plus léger et agile, dès que la lumière le permettra.
Et pour les portraits ? Voici un nouveau dilemme ! Sony et Sigma proposent chacun d’excellents 85 mm f/1,4 et 135 mm f/1,8. Mais c’est sur ce type d’objectif qu’un outsider sort du bois : le Samyang AF 135mm F1.8. Plus léger et accessible que ses concurrents, il possède pourtant des joints d’étanchéité et des touches Fonction. Il offre aussi une excellente qualité d’image et son diaphragme à onze lamelles assure un très beau rendu des zones floues.
Macro : du grand public au marginal
Autre domaine où les focales fixes sont incontournables : la macro. Un objectif d’environ 100 mm est généralement idéal. Sans grand surprise, nous trouvons le rapport qualité/prix du Sigma 105mm F2.8 DG DN Macro Art inégalé. Il vous offrira une distance de travail d’une bonne dizaine de centimètres et permettra de saisir en taille réelle papillons, libellules et autres détails de natures mortes. Il fournira également d’excellents portraits, bien que son ouverture à f/2,8 ne permette pas d’isoler le sujet comme avec le 135 mm précédent.
Hors de ces classiques, le grand expert de la macrophotographie est Laowa. La marque est en effet la seule de notre portfolio à proposer des objectifs « ultra-macro », dépassant largement la taille réelle pour atteindre le rapport 2:1. Il y a un prix à payer : la mise au point manuelle. Ils sont donc plus adaptés à la macro posée, en nature morte ou à l’affût.
Tant qu’à faire des photos uniques, évitons la demi-mesure : optons pour le plus étrange objectif de notre catalogue ! Le Laowa 24mm F14 2x Macro Probe est un grand-angle de 41 cm de long. Au rapport 2:1, il ne laisse que 2 cm entre son extrémité et le sujet… mais il permet de s’enfoncer dans les endroits les plus inattendus. Il intègre également son propre éclairage, afin de pallier son ouverture limitée et de photographier dans les recoins sombres.
Photo animalière : une vraie force de la monture E
Si vous reprenez notre article consacré à la monture L, vous noterez une zone où les schémas diffèrent : les très longues focales. En monture L, seuls deux objectifs dépassaient 400 mm. La monture E offre un choix nettement plus large. Aux Sigma 150-600 mm et 60-600 mm s’ajoutent en effet un Tamron 150-500 mm et un Sony 200-600 mm. Sony propose également un 400 mm f/2,8 et un 600 mm f/4 – mais vous aurez besoin d’un solide portefeuille pour les envisager.
Pour les adeptes de photographie animalière, nous avons deux favoris. Le premier est l’étonnant Tamron 50-400mm F4.5-6.3 Di III VC VXD. À peine plus cher qu’un 100-400 mm, aussi lumineux (peu) et presque léger, il permet de revenir à tout moment à une focale standard. Il est donc parfait pour pendouiller en bandoulière tout au long d’une randonnée, prêt à photographier aussi bien la marmotte ou le vautour isolé qu’un bouquetin dans son environnement, au milieu d’une large falaise ou entouré de son troupeau.
Le second est plus classique : le Sony FE 200-600mm F5.6-6.3 G OSS. Relativement lourd, il sera plus à l’aise sur un point d’appui et imposera un peu d’entraînement pour l’utiliser à main levée. En revanche, il offre une qualité d’image exceptionnelle pour son prix. Il est également compatible avec le téléconvertisseur 1,4× et le doubleur. Avec celui-ci, vous avez donc un 400-1200 mm f/11-13,5, qui offre encore une très bonne qualité d’image et un autofocus fonctionnel !
La monture E, un choix exceptionnellement (excessivement ?) large
Vous l’aurez compris au simple nombre de références de cet article : il est parfois difficile de trancher. Le choix d’optiques en monture L est pléthorique, même sur des segments de niche. Seuls les amateurs de bascule et décentrement peuvent rester sur leur faim : Laowa leur propose juste deux objectifs à décentrement. Quant au Rokinon TSL 24 mm et au TTArtisan 50 mm Shift, il ne sont pas vendus en France.
N’hésitez donc pas à explorer les gammes pour chercher l’objectif qui vous convient. Aucun de ceux que nous citons ne devrait vous décevoir, mais peut-être un autre serait-il encore plus adapté à vos besoins !
