Tamron a longtemps eu l’image d’un opticien abordable et d’un spécialiste du zoom polyvalent. Il faisait des objectifs pour la plupart des montures de reflex, beaucoup moins chers que ceux des fabricants d’appareils, avec des performances correctes. L’entreprise savait également faire des optiques de qualité extrême, mais agissait alors souvent comme « marque blanche », permettant à d’autres de remplir leurs gammes… Ces dernières années, Tamron a beaucoup progressé ou, plus exactement, a commencé à produire sous son propre nom des optiques plus haut de gamme. Les tarifs ont augmenté, mais restent abordables ; et la qualité optique n’a pas plus grand-chose à envier aux meilleurs. Voici nos préférés parmi les Tamron destinés aux hybrides.

Le transstandard : Tamron 28-75 mm f/2,8 Di III RXD

À tout seigneur, tout honneur : le transstandard lumineux est l’objectif le plus utilisé. Chez Tamron, c’est le 28-75 mm f/2,8. Il se distingue donc des standards actuels, qui couvrent plutôt la plage 24-70 mm. Le choix de commencer à 28 mm a des raisons à la fois techniques et photographiques.

Commençons par le photographe. Un 24 mm capture un champ nettement plus large qu’un 28 mm. Il nécessite une composition différente, plus soignée, pour éviter que le vide envahisse l’image. Le champ du 28 mm est plus facile à visualiser : le cadrage est donc plus simple. Évidemment, les 24-70 mm permettent de photographier à 28 mm. Mais pour les photographes qui ont le 28 « dans l’œil », le 28-75 mm est l’outil idéal pour cadrer instinctivement, à la focale minimale, sans zoomer.

Tamron 28-75mm F2.8 Di III RXD

Mais ce n’est pas tout. Même sur une monture hybride, un zoom 24 mm devient encombrant. En se contentant de 28 mm, le Tamron reste svelte : 550 g. C’est environ 300 g de moins que les 24-70 mm f/2,8 de Sony, Nikon, Canon et Sigma. En fait, ce 28-75 mm pèse le poids d’un transstandard à f/4, mais il ouvre à f/2,8 ! Randonneurs, nous savons que vous apprécierez l’argument…

Conçu spécifiquement pour les hybrides Sony, le 28-75 mm supporte toutes les fonctions de ces appareils. Cela comporte entre autres la mise au point sur l’œil et les profils de corrections optiques embarqués. Sa motorisation RXD assure rapidité en photo, fluidité en vidéo et silence en toutes circonstances. Sur le plan optique, il intègre moult lentilles asphériques et verres spéciaux, ainsi qu’un diaphragme à 9 lamelles. La qualité d’image est donc élevée, et le bokeh est agréable, notamment aux longues focales pour les portraits.

Exemple de photo au Tamron 28-75mm F2.8 Di III RXD (© Tamron)
Les trois zooms Tamron supportent particulièrement bien les contre-jour. © Tamron

Ainsi, Tamron propose un transstandard atypique, mais très réussi, qui sera parfaitement équilibré sur un plein format léger de la série Alpha 7.

Le télézoom léger : Tamron 70-180 mm f/2,8 Di III VXD

Le télézoom est souvent le premier objectif acheté après le transstandard. En effet, la plupart des photographes veulent une optique plus longue pour faire des portraits et extraire des détails lointains – ou photographier leurs enfants qui pédalent. Comme pour le transstandard, Tamron a choisi une plage inhabituelle : là où les concurrents poussent à 200 mm, son télézoom lumineux se contente de 180 mm.

Tamron 70-180mm F2.8 Di III VXD

Pour le photographe, la différence est presque insensible. À 180 mm, le recadrage nécessaire pour arriver à 200 mm est extrêmement faible. Mais pour l’opticien, cela présente plusieurs avantages. Évidemment, un zoom réduit permet de faire un objectif plus compact et léger. Le 70-180 mm mesure moins de 15 cm et pèse 810 g. En comparaison, les 70-200 mm f/2,8 font souvent une vingtaine de centimètres et plus de 1400 g. Même le poids plume de la bande, le Canon RF 70-200 mm L IS USM, dépasse déjà un kilo.

Mais ce n’est pas tout. À f/2,8, la pupille d’entrée d’un 180 mm mesure 64 mm (contre 71 mm pour un 200 mm). Cela permet au Tamron d’utiliser des filtres de 67 mm de diamètre, bien moins chers que les 77 mm de la concurrence. Cerise sur le gâteau : 67 mm, c’est également le diamètre du pas de vis du 28-75 mm. Vous pouvez ainsi utiliser les mêmes filtres sur les deux objectifs, ce qui réduit à la fois les coûts et l’encombrement !

Exemple de photo au Tamron 70-200mm F2.8 Di III VXD © Tamron
Le 70-180 mm associe piqué élevé, bokeh homogène et focales idéales pour le portrait éloigné. © Tamron

Comme le 28-75 mm, le 70-180 mm repose sur une formule optique complexe qui assure une excellente qualité d’image générale. Tamron a accepté un petit compromis avec une distorsion plus marquée que les concurrents à la plus longue focale. Cela ne gênera guère le grand public, qui utilisera cette optique principalement sur des sujets naturels. En revanche, les photographes urbains ou industriels doivent être prêts à utiliser une correction logicielle. Ce compromis a permis d’assurer un piqué élevé et une belle réduction des autres aberrations, permettant des réaliser des portraits et des photos animalières très agréables.

L’autofocus VXD utilise deux moteurs linéaires. Il assure une mise au point silencieuse et rapide, malgré le poids des lentilles à déplacer. Le 70-180 mm est ainsi adapté à la photo sportive, où l’autofocus des derniers Alpha fait merveille. C’est donc dans l’ensemble un télézoom polyvalent et compact, au tarif raisonnable.

Le grand-angle lumineux : Tamron 17-28 mm f/2,8 Di III RXD

Le zoom grand-angle lumineux fait partie des savoir-faire historiques de Tamron. Les possesseurs de reflex apprécient par exemple l’excellent 15-30 mm f/2,8 Di, au coût raisonnable et aux performances aussi élevées que son poids. Naturellement, il n’était guère envisageable de placer une optique aussi lourde sur des boîtiers d’environ 600 grammes. Tamron a donc réduit la plage de zoom. La focale maximale à 28 mm en fait le complément naturel du 28-75 mm ci-dessus. La focale minimale, à 17 mm, reste très généreuse : l’angle de champ dépasse 103 degrés !

Tamron 17-28mm F2.8 RXD

Avec une vision aussi large et une ouverture constante à f/2,8, à vous les paysages urbains ou astronomiques et les photos d’architecture intérieure. Le diaphragme circulaire à neuf lamelles et la formule optique complexe assurent une excellente maîtrise des aberrations. Les lampadaires hors de la zone de netteté profitent d’un bokeh très homogène, ceux situés dans la profondeur de champ sont parfaitement nets. Les étoiles sont ponctuelles, sans traînées de coma excessives. Bref, la qualité d’image n’a rien à envier aux zooms ultra-grand-angles concurrents.

Exemple de photo au Tamron 17-28mm F2.8 Di III RXD
L’ultra-grand-angle est particulièrement utile en architecture. © Tamron

Et la plage de zoom limitée permet à cet objectif de rester étonnamment svelte : moins de 10 cm de longueur et seulement 420 grammes. En comparaison, avec leurs zooms légèrement plus longs, le Sony 16-35 mm pèse 680 g et le Zeiss 16-35 mm f/4 pèse 518 g, malgré son ouverture plus faible de 1 IL.

Une triplette f/2,8 compacte… et c’est tout ?

Pour cette sélection, nous avons donc retenu les trois zooms f/2,8 de Tamron. Ils couvrent la plage 17-180 mm, en partageant leurs filtres et une protection anti-ruissellement, pour un total de 1780 g et 2620 €. En soi, la performance est remarquable : chez certains fabricants, le 70-200 mm f/2,8, à lui seul, atteindra presque ce poids et ce prix !

Ce ne sont évidemment pas les seuls objectifs Tamron pour hybride. Mais il faut noter que la marque s’est lancée sur ce marché un peu plus tard que son principal concurrent, Sigma. La gamme est donc encore en construction et ne dispose pas encore de « fast 50 » ou de focale fixe dédiée aux portraits. L’autre objectif que nous pourrions conseiller au grand public est le très agréable 35 mm f/2,8. Cependant, son ouverture est un peu limitée par rapport au Sony 35 mm f/1,8, pour une utilisation généraliste. Le Tamron se distingue bien sûr par ses capacités en macro ; mais la macro au 35 mm est une pratique un peu trop spécifique pour cette sélection destinée au plus grand nombre. Si vous avez des besoins précis, n’ignorez pas la gamme Tamron : elle comporte des objectifs atypiques qui peuvent parfois mieux répondre à vos envies que d’autres…

Avatar de Franck Mée
Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

Écrire un commentaire

Retour en haut