Panasonic a été le premier fabricant à se débarrasser du miroir et à miser à 100% sur l’hybride avec sa marque Lumix et son G1 sorti en 2008. C’est cette audace et cette envie de bouleverser le modèle existant qui m’ont tout de suite séduit.
Quand j’ai pris le G1 entre mes mains en 2008 et plus tard le GH1 en 2009, j’ai tout de suite compris qu’ils allaient vraiment bouleverser le monde de la photo et de la vidéo. J’ai une relation particulière avec la marque. Ça fait maintenant 10 ans que j’ai la chance de collaborer avec eux. Mes premières expérimentations avec le GH1 m’ont vraiment marquées. Jamais je n’avais ressenti une telle émotion avec un objet technologique. Mon parcours est particulier car je n’ai jamais voulu choisir entre l’image animée et l’image fixe, je pratique la photo depuis mon plus jeune âge et la vidéo aussi. Avoir un outil qui me permette de faire les 2 a toujours été un rêve et je suis un utilisateur comblé par cette gamme de boitiers GH.
Quand Michiharu Uematsu, l’un des pères du GH, m’a dit un jour qu’ils pensaient sortir un boitier « full frame », j’ai commencé à avoir peur, peur qu’ils abandonnent le Micro 4/3 ! Ce qui à mon sens aurait été une erreur. Notre œil est formaté et a l’habitude de voir des photos à travers cette fenêtre. Et même si la taille d’un capteur n’est pas le critère le plus important quand on fait de la photo ou de la vidéo, les images produites avec un grand capteur ont un cachet particulier. Le Micro 4/3 a pour moi un grand intérêt car j’aime travailler avec des outils légers et compacts. Il est clair que je ne basculerai pas à 100% sur du plein format.
Une fois rassuré sur la pérennité de la gamme Micro 4/3 et l’engagement de Panasonic pour ce format je me suis dit : tiens, pourquoi pas ! Le savoir-faire technologique de la marque est exceptionnel. S’ils se lancent dans une nouvelle aventure avec une nouvelle gamme, cela peut faire des étincelles et ils pourraient sortir un produit qui pousse un peu plus loin les limites imposées par les ténors du marché.
A l’annonce de la sortie des S1 et S1R en septembre 2018, j’ai été très emballé. L’idée que l’ADN de mon GH5 chouchou se retrouve dans un boîtier doté d’un capteur 24×36 m’a fait saliver. J’adore l’ergonomie des Lumix GH, ce sont pour moi des produits qui sont malins, qui ont fait avancer le marché et qui ont bousculé la concurrence.
Les spécifications officielles sont tombées, j’avoue, je suis scotché !
Un parc optique et un consortium autour d’une monture déjà existante
La création d’un consortium autour de la monture L, annoncé par Leica lors de la dernière Photokina en septembre dernier, m’a énormément rassuré. Cela signifie que nous n’aurons pas à attendre trop longtemps pour avoir un parc optique suffisamment conséquent. Les objectifs Leica en monture L, créés pour le Leica SL, sont déjà nombreux et d’excellente qualité même s’ils sont au « tarif Leica ». L’arrivé de Sigma comme 3ème partenaire autour de cette monture est aussi une très bonne nouvelle. Panasonic nous a, de plus, prouvé qu’ils avaient acquis toutes les compétences nécessaires à produire d’excellentes optiques, après toutes ces années à collaborer avec Leica. Petite précision : c’est bel et bien une nouvelle gamme qui est en train de naître. Les petits malins qui s’intéressent aux accords entre les fabricants l’ont peut être remarqué, Panasonic avait collaboré aussi sur la création du boîtier Leica SL il y a quelques années.
Coté objectif justement, Panasonic en annonce 3 : un 50 mm f/1.4, un 24-105 mm f/4 et un 70-200 mm f/4 aussi. C’est le minimum vital en attendant la suite et l’arrivée des SIGMA ART qui existent déjà en monture Sony E. Ils ne devraient pas mettre trop de temps à les sortir en version L, d’autant que Sigma a annoncé aussi que ses boîtiers Foveon allaient basculer sur la monture L.
Seul le 50 mm n’est pas stabilisé. Il bénéficiera donc uniquement de la stabilisation via le capteur, qui s’annonce très performante car la stabilisation sur les optiques 24-105 et 70-200 mm n’ajouterai que 0,5IL sur les 6 annoncés. Le diaphragme de ce 50 mm sera doté de 11 lamelles, ce qui augure de jolis effets de bokeh bien ronds !
Un viseur hors normes, des choix technologiques audacieux
Un viseur OLED de 5716K points avec un rafraîchissement de 120 images par seconde, c’est du jamais vu sur le marché. Ça veut dire qu’on va avoir une précision sur un viseur électronique suffisamment définie pour aller vérifier sa mise au point comme sur un viseur reflex. Sans parler de la sensation d’immersion et sans oublier le contraste de 100000:1 ! C’est le cheval de bataille de Panasonic : après avoir lancé la visée vidéo, il leur fallait marquer le coup et faire mieux que la concurrence.
Il n’y a pas que sur le viseur qu’ils marquent le coup. La fiche technique montre qu’ils ne sont pas là pour rigoler. Tous les détails techniques sont là pour faire bonne impression et s’attirer les faveurs des professionnels et des amateurs exigeants. Ils n’ont fait aucune impasse que ce soit en vidéo ou en photo. La tropicalisation semble être de haut vol, c’est un critère décisif pour les pros qui auraient envie de switcher…
Le fait de laisser le choix au niveau du support de stockage est une belle ouverture proposée aux utilisateurs. Nikon a fait le pari de l’exclusivité XQD (coûteuse mais très pro et très robuste), Panasonic nous laisse libre d’utiliser XQD et carte SD : c’est appréciable !
La stabilisation est annoncée comme redoutable : ils parlent de 6IL. Le GH5 avait impressionné lors de sa sortie mais ce genre de performance est totalement inédit sur un capteur de cette taille. Ça devrait être très intéressant en utilisation vidéo aussi. Autre détail incroyable (comme Olympus l’a initié), le S1R sera capable de créer des fichiers ultra haute résolution à plus de 180 Mp par déplacement du capteur (pour le S1, ce sera plus de 90 Mp).
Leur système d’autofocus reste sur la technologie de détection de contraste. Elle est très efficace en photo sur leur dernier boîtier, le G9, mais est parfois décevante en vidéo malgré les dernières évolutions des firmwares sur les GH5 et GH5S. Si l’autofocus est désormais réactif et précis aussi en vidéo, les transitions de mise au point sont parfois disgracieuses. En effet, cette technologie a besoin de faire du flou pour faire le point ensuite. Il en résulte des effets de pompage et d’hésitation, en vidéo uniquement d’après ce que j’ai pu voir. A priori ce ne serait pas le cas sur les S1 et S1R.
Grâce à leur technologie DFD, ils annoncent une réactivité impressionnante car le système est capable de réagir 480x par seconde et de faire la mise au point en seulement 0,08 secondes !!! Panasonic inaugure un système autofocus intelligent qui reconnait le sujet pris en photo et s’adapte à ses caractéristiques. Reconnaissance de visage, détection d’œil et le système reconnait aussi s’il s’agit d’un animal. Une des caractéristiques que Panasonic avait déjà annoncé pendant le CES, c’est ce fameux mode HLG en photo. Il est taillé pour faire de la photo avec un rendu dynamique très élevé, qui sera compatible avec les téléviseurs de la marque.
Pour ceux qui sont comme moi amateur de ce côté hybride photo/vidéo, Panasonic indique que le S1 et son capteur de 24 Mp serait plus adapté. La différence notable se fait justement sur le V-Log, qui ne sera disponible que via une mise à jour ultérieure (courant 2019) et uniquement sur le S1. Après cette mise à jour, il permettra donc d’enregistrer en 4:2:2 10 bits en interne à 24/25 et 30 images par seconde. Dans un premier temps, seul le 8 bits en 4:2:0 sera accessible.
Pour la partie vidéo, une fonction timelapse 8K a attiré mon attention. Je ne peux pas en écrire plus avant de l’avoir testé mais ça m’a l’air très intéressant. Serait-ce la porte ouverte à une future évolution vidéo 8K ? Ce n’est que supposition de ma part mais je m’autorise à rêver !
Une ergonomie et des fonctionnalités pour les pros
L’ergonomie des boutons semble très judicieuse et dans la suite logique de ce qu’ils ont fait jusque-là. Tout semble accessible et disponible au bout des doigts sans contorsion et les boutons programmables sont toujours présents. Joystick et écran tactile en plus des 2 molettes avant et arrière, un petit coup de chapeau pour les boutons rétro éclairés : pour la photo et la vidéo de spectacle ou encore en condition de nuit, c’est une vraie bonne idée.
La présence d’un mode « nuit » qui bascule l’interface en rouge et noir me semble aussi très judicieuse, ainsi que leur système d’amplification de la lumière. Pour avoir fait récemment des photos de nuit en pause longue, ça m’a manqué ! La mise au point manuelle peut être assistée par un système de grossissement de l’image avec un facteur x20, ce qui est inédit sur ce type de boîtier.
Panasonic semble avoir travaillé d’arrache-pied pour proposer un système d’alimentation à la hauteur des plus exigeants. Les GH étaient déjà très bons de ce côté là depuis le GH3. Ils ont créé une nouvelle batterie et surtout un mode « eco » intelligent, qui coupe le viseur quand il n’est pas utilisé. Ceci permet, d’après le constructeur d’Osaka, de prendre 1150 images sur le S1 et S1R (l’autonomie serait très légèrement plus faible lors de l’enregistrement des images sur la carte XQD). La charge via le port USB type C fait désormais partie des spécificités de ces nouveaux boîtiers, chose qui manque cruellement sur les GH.
Un nombre impressionnant d’accessoires est prévu pour le lancement des 2 appareils : un grip batterie qui fait aussi office de poignée verticale, un micro hybride canon et stéréo, flash, torche LED et adaptateur XLR.
Précision importante, l’obturateur mécanique des Lumix S1 et S1R est prévu pour assurer 400 000 déclenchements : c’est largement au-dessus de la moyenne de ce que propose les autres constructeurs. Encore un positionnement très pro !
Pour finir, ils annoncent le contrôle total des boîtiers à distance via un Mac ou un Pc grâce au logiciel « Lumix Tether ».
Pour conclure
Je précise pour le moment que je n’ai pas encore eu le plaisir de tester ces boîtiers qui arrivent auprès de quelques journalistes. J’ai eu la confirmation par Panasonic que je ferais partie des heureux élus, je n’ai plus qu’à m’armer de patience pour récupérer un précieux !
Le seul bémol est l’abandon de l’écran orientable à 360°, comme c’était le cas sur les Lumix G et GH depuis 2008. Pourquoi ce retour en arrière ? Si Panasonic se met à copier la concurrence sur les détails les plus décevants, j’avoue ne pas comprendre ?! J’ai posé la question et voici la réponse. Ils ont fait une étude auprès des utilisateurs de GH et beaucoup se seraient plaint du fait que ce n’était pas pratique de jouer avec l’articulation, une fois les câbles vidéo et audio branchés sur le coté de l’appareil !? Oui certes, mais je préfère devoir gérer ça de temps en temps plutôt que de me contorsionner quand je veux faire une prise de vue dans un axe audacieux ou quand je veux faire du face caméra pour ma chaîne YouTube… C’est bien dommage.
Pour l’instant, sur le papier, je suis complètement séduit. Leur communication annonce « le plein format sans compromis », c’est quasiment le cas d’après leur fiche technique. Ce ne sont que mes impressions d’après les différents communiqués officiel de Panasonic et les premières images réalisées par mes collègues en photo et en vidéo. Ils ont l’air très bien nés ces 2 hybrides : une conception qui ne semble en effet rien laisser au hasard. Et connaissant les capacités de Panasonic à ne pas faire semblant, je suis très enthousiaste à l’idée de tester prochainement ces bijoux de technologie, dédiés au service de la création d’images.
Voici les premières vidéos officielles de Panasonic
2 Commentaires
Merci beaucoup Emmanuel pour cet article fort intéressant. Je suis depuis peu sur le GH5, mais le S1 me fait de l’œil et je pense que mon GH sera en bonne compagnie à côté du S1 🙂
Anthony
Merci pour votre commentaire, j’ai moi aussi un GH5 et après avoir testé ce S1 j’avoue que je suis séduit meme si son encombrement et son poids ne le destinent pas du tout à la même utilisation que mes GH, la qualité des images que j’ai produit avec est tout simplement exceptionnelle !