Panasonic a lancé le Lumix S5 en 2020. Ce modèle plus léger que ses emblématiques S1 et S1R affronte une concurrence particulièrement affûtée, menée par le récent Sony A7 IV. Il cède donc la place à une version modernisée, logiquement baptisée Lumix S5 II. Si l’extérieur évolue peu, l’intérieur est revu en profondeur. En particulier, c’est le premier Panasonic qui utilise un autofocus à corrélation de phase. Il se décline également dans une mouture plus discrète, dotée de codecs vidéo plus avancés, le Lumix S5 IIx.

La corrélation de phase, une révolution ?

En 2009, Panasonic et Olympus présentaient le premier système à objectifs interchangeables et visée électronique, le Micro 4/3. Rapidement, il apparut que ces nouveaux appareils, bientôt appelés « hybrides », avaient besoin d’un nouvel autofocus. La simple détection du contraste de l’image ne leur suffisait pas, contrairement aux appareils photo compacts. Ceux-ci profitaient en effet d’une profondeur de champ étendue pour réduire le nombre de « pas » de mise au point. Avec leurs relativement grands capteurs et leur profondeur de champ limitée, les hybrides devaient faire le point très précisément. Pour cela, ils devaient tester de très nombreuses positions. Leur autofocus était lent !

Panasonic S5 II nu
Le capteur du S5 II paraît identique au S5 avec ses 24 MP. Mais il intègre des détecteurs de phase.

Deux solutions sont apparues. La corrélation de phase intégrée au capteur, notamment chez Sony et Fujifilm, nécessitait de masquer physiquement certains pixels. L’opération était coûteuse. Pis : il fallait revoir les algorithmes de développement d’image pour éviter les artefacts de ces photosites différents. De son côté, Panasonic a opté pour une solution logicielle : analyser les zones floues – étendue du flou, aberrations chromatiques, etc. Baptisé DFD (pour « depth from defocus », profondeur déduite du flou), cet autofocus a permis aux Lumix d’affronter leurs concurrents sans recourir à des modifications du capteur. Beaucoup plus rapide et fiable que la classique détection de contraste, le DFD reste cependant un ton en dessous de ses adversaires les plus évolués, notamment le Dual Pixel AF de Canon.

Le Panasonic S5 II est le premier Lumix à utiliser la corrélation de phase. C’est donc un revirement important dans l’histoire de la marque. Il devrait ainsi capturer les sujets mobiles en pleine rafale aussi bien que les Sony, Nikon et consorts.

Principale évolution du S5 II : la réactivité

D’ailleurs, la rafale est l’autre élément en pleine révolution. Le S5 se contentait de 7 im/s en AF unique (5 im/s en AF-C) et d’une mémoire tampon de 24 fichiers Raw. Cela suffit aux besoins de la plupart des utilisateurs, mais reste faible par rapport à la concurrence, habituée à dépasser les 10 im/s. Panasonic a donc totalement revu son électronique : le S5 II capture 30 im/s, même en autofocus continu ! Et il peut saisir une rafale de 200 images en Raw. Il s’agit ainsi d’un véritable boîtier de sport, capable de concurrencer le Canon EOS R6 II. Les Sony A7 IV et Nikon Z6 II, avec respectivement 10 et 14 im/s, semblent désormais lents…

Deux logements de cartes SD UHS-II
Autre élément plus rapide : les deux logements sont désormais compatibles UHS-II.

Notez que la rafale rapide du S5 II repose sur une obturation électronique. Panasonic annonce avoir réduit le rolling shutter, mais n’avance aucun chiffre. L’obturateur mécanique, toujours présent, peut réduire les distorsions (il offre une synchronisation au 1/250 s). Mais la rafale ne dépasse alors pas 9 im/s avec la mise au point bloquée sur la première image, et 7 im/s en autofocus continu.

Nouvelles fonctions du Lumix S5 II

L’accélération générale n’est naturellement pas la seule nouveauté du S5 II. Panasonic a également intégré des fonctions inspirées des concurrents, comme la stabilisation active. Celle-ci, déjà vue chez Sony notamment, est dédiée à la vidéo. Elle n’assure pas seulement l’élimination des flous de bougé sur une image, mais aussi la fluidité du clip. En somme, elle imite dans une certaine mesure un stabilisateur.

Stabilisation active pour filmer à main levée

L’enregistrement vidéo profite également de l’électronique plus puissante. Le S5 II peut filmer en 6K au format 3:2 à 30 im/s — autrement dit, une rafale ultra-rapide avec son. En 4K, il pousse à 60 im/s et propose l’échantillonnage 4:2:2 (limité à 30 im/s sur le premier S5). Un ventilateur a été intégré afin de ne plus limiter la durée d’enregistrement. La stabilisation permet d’utiliser des objectifs anamorphiques. L’enregistrement en 10 bits en Log permet d’atteindre une plage dynamique de 14 IL.

Plus original, des LUT peuvent être chargées sur une carte SD et appliquées en temps réel. Il est donc possible de les utiliser lors d’une diffusion en direct.

Viseur plus grand et mieux défini

Le boîtier du S5 II ressemble à s’y méprendre à celui du S5. La principale différence est la poignée remodelée, qui améliore le confort de prise en main. Le boîtier lui-même, très réussi, ne change donc guère. La principale différence est la position supplémentaire sur le sélecteur d’entraînement, pour la rafale à 30 im/s.

Poignées des Panasonic S5 et S5 II
Panasonic a peaufiné certains détails. L’attache de sangle ne va plus appuyer dans le creux de la main et le déclencheur est légèrement incliné pour être plus accessible.

Un élément est cependant inédit : le viseur. Son grossissement passe de 0,74× à 0,78×, comme sur les Lumix S1. La définition de la dalle OLED grimpe également, à 3,68 Mpt. Il est ainsi parfaitement aligné sur le Sony A7 IV, à peine plus petit que celui du Nikon Z6 II et plus grand que le Canon EOS R6 Mk II.

Panasonic S5 IIx, plus beau pour la vidéo

Si vous voulez vous distinguer avec un appareil qui ne ressemble pas à un simple S5 première version, Panasonic vous propose le Lumix S5 IIx. Celui-ci profite en effet d’une finition exclusive, presque entièrement monochrome. Beaucoup plus sobre que le S5 II, il conserve tout juste une touche de rouge sur le déclencheur vidéo.

Panasonic S5 IIx

Ce n’est pas la seule particularité du S5 IIx. Il offre en effet des options plus avancées pour la vidéo : la compression All-Intra et l’enregistrement en Raw. Il peut ainsi envoyer un fichier ProRes 5,8K sur un SSD branché sur la prise USB-C, ou un flux vidéo Raw vers un Ninja V+ en HDMI. Enfin, il permet de diffuser en direct sur un réseau filaire à l’aide d’un adaptateur USB-C Ethernet. Notez que ces fonctions pourront ultérieurement être ajoutées au S5 II normal via un firmware optionnel.

Panasonic S 14-28mm F4-5.6 Macro : zoom ultra-grand-angle

Pour accompagner ses deux nouveaux appareils, Panasonic lance un nouvel objectif. Le S 14-28mm F4-5.6 Macro est, comme son nom l’indique, un zoom ultra-grand-angle. Il rejoint le 20-60mm et le 70-300mm dans la série des zooms S abordables, à ouverture glissante.

Panasonic Lumix S 14-28mm F4-5.6

Comme eux, il est relativement compact et léger (345 g) malgré une protection tout-temps. Il offre également quelques possibilités en prise de vue rapprochée : il ne s’agit pas d’un véritable objectif macro, mais il descend à 15 cm et atteint le rapport 1:2. Nous regretterons tout de même qu’avec son pas de vis de 77 mm, il ne puisse pas partager les filtres du 20-60 mm (67 mm).

Disponibilité et prix des Panasonic S5 II et 14-28 mm :

Les boîtiers Lumix S5 II et S5 IIx seront disponibles respectivement fin janvier et en milieu d’année. Il pourront être accompagnés du transstandard 20-60 mm.

Le Panasonic Lumix S 14-28mm F4-5.6 Macro arrivera pour sa part en février et coûtera 799 €.

Avatar de Franck Mée
Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

3 Commentaires

  1. Avatar de Franck Mée

    correction de la dernière phrase qui est un peu absconte :

    les RAW Lumix ne sont PAS lu (traduit, développé) paR les produits ADOBE à date …

  2. Avatar de Franck Mée

    e menu des dossiers est peut-être plus clair que chez Nikon …par contre il y a des fonctions qu’il va falloir apprivoiser… et le passage en clichés verticaux m’a contrarié ce matin ??? faut que je trouve l’option qui m’empêche de déclencher dans cette position
    Le zoom du kit (20-60) me semble moins grand angle que le kit (16-50) du Nikon Zfc …. faut que je fasse des photos identiques pour en être sur puisque sur le papier 20 FF est plus grand angle que 24 équivalent FF….
    Est un problème auquel, je ne m’attendais pas les RAW Lumix ne sont lu (traduit, développé) pas les produits ADOBE à date … RW2 obligé de passer par un autre logiciel pour convertir …. ca fruste

    J’attends ce soir pour me faire les premiers coucher de soleil. a bientot pour raconter le début de l’aventure Lumix

    • Avatar de Franck Mée

      Bonjour,
      passer d’une marque à l’autre est toujours un peu déstabilisant, mais on retrouve vite ses marques.
      Pour les fichiers RAW, il est habituel de devoir attendre que les éditeurs de différents logiciels se mettent à jour. Dans le cas d’Adobe et du S5 II, ça vient d’être fait : la version 15.2 de Camera RAW, annoncée la semaine dernière (et intégrée à Lightroom 6.2 et Lightroom Classic 12.2), gère le S5 II (ainsi que les Canon EOS R8 et R50). Pensez à mettre à jour vos logiciels !

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