Dans une clairière, au bord d’une rivière, mais aussi devant chez vous et jusqu’au cœur des villes : les animaux sont partout. Mignons ou hostiles, farouches ou familiers, discrets ou impressionnants… Ce sont d’excellents sujets photographiques. Mais chacun a sa propre personnalité : on ne photographie évidemment pas de la même façon une buse et un ours. Prenez le temps d’apprendre à les connaître, allez découvrir la nature près de chez vous… Et ramenez de superbes photos animalières !

Connaître les animaux

Il n’y a pas de miracle. Pour vous lancer en photo animalière, vous devez apprendre à connaître vos sujets. D’abord, bien sûr, vous devez savoir quels animaux sont présents là où vous êtes, et à quelle période. Si vous habitez à Avignon, vous tomberez peut-être sur des hérons cendrés à chaque balade en mars, mais inutile d’en chercher en juillet !

Héron cendré en vol
Les hérons ne sont pas présents partout toute l’année. Et même à la période propice, ils peuvent affectionner des zones précises et être absents à quelques centaines de mètres de là. © Franck Mée

Commencez donc par explorer votre environnement. Visitez les coins isolés, les bords de rivières et de ruisseaux. Restez silencieux et, régulièrement, installez-vous une demi-heure pour voir qui peut apparaître. Sortez de préférence au petit matin et en fin de journée : la plupart des animaux sont inactifs aux heures chaudes. De toute manière, comme vous le savez, un soleil au zénith est rarement idéal pour les photos !

Pensez aussi aux clubs naturalistes dans votre région. Ils peuvent vous fournir de précieux renseignements sur les espèces présentes, mais aussi plus précisément sur les lieux qu’elles affectionnent. Par exemple, près de chez moi, j’ai noté qu’un repli de la Charente est apprécié des cygnes alors qu’ils délaissent totalement le suivant. Personnellement, les deux endroits me paraissent pourtant très similaires…

L’approche animalière : patience et calme

Nous avons tous l’image du photographe animalier qui reste des heures dans son affût, enfoncé jusqu’à la taille dans un marais, ou cuisant immobile en pleine savane. Bonne nouvelle : de telles extrêmes ne sont pas toujours nécessaires. Beaucoup d’animaux sauvages sont en effet accoutumés à la présence de l’homme. C’est évidemment le cas en ville, mais aussi en zone périurbaine et près des lacs et des côtes en été. Il suffit alors de s’arrêter quelques minutes pour voir des animaux très divers.

Décollage d'une buse à queue rousse
Cette buse à queue rousse était perchée sur un arbre. J’ai attendu patiemment qu’elle finisse sa toilette et décolle… © Franck Mée

Bien entendu, certains restent farouches. Un chevreuil fuit dès qu’il perçoit quelqu’un à moins de cent mètres, mobile ou non. D’autres espèces se laissent approcher, mais sont trop petites pour être photographiées, même de relativement près. Par exemple, les bergeronnettes vous ignorent souvent jusqu’à une quinzaine de mètres. Mais même avec un 500 mm, vous devrez être deux ou trois fois plus près pour avoir un cadrage correct… Et alors, vous devrez rester parfaitement immobile plusieurs (dizaines de) minutes en espérant qu’elles approchent !

Le ragondin, bon sujet pour débuter la photographie animalière
Presque omniprésent en France, le ragondin se laisse volontiers approcher, parfois à moins de cinq mètres. © Franck Mée

Enfin, certains animaux sont tout simplement faciles. Lorsqu’ils sont dans l’eau ou sur la berge, les ragondins vous laisseront les photographier longuement, plein cadre, au 300 mm. Et leurs petits n’ont quasiment aucun instinct de survie : au printemps, vous les trouverez jusqu’au milieu des chemins, et une démarche souple sans geste brusque permet de les approcher à 2 mètres à peine ! De même, beaucoup de rapaces ignorent superbement les activités humaines tant qu’ils sont en vol. Si vous connaissez une butte ou une falaise qu’ils affectionnent, vous pourrez les photographier tout à votre aise.

Météo et photo animalière

C’est bien connu : la plupart des animaux entendent et sentent beaucoup mieux que nous. Il est donc important d’avoir le vent de face, afin de diminuer le risque que votre bruit et votre odeur leur parviennent. Ce n’est pas le seul impact de la météo. Par forte chaleur, les animaux crépusculaires tendent à devenir franchement nocturnes. Un temps relativement frais est donc plus propice si vous voulez voir des mammifères avant le coucher du soleil.

Le repas du milan
Ce milan est resté plusieurs minutes dans l’ascendance d’une colline, faisant des huit en finissant son repas. © Franck Mée

Les oiseaux sont extrêmement sensibles au vent. En particulier, les adeptes du plané cherchent en permanence les ascendances. Ils sont donc plus présents sur les pentes ensoleillées et face au vent, et fuient les zones d’ombre sous le vent. Connaître le sens des courants au fil de la journée vous aidera donc à trouver vautours, aigles et buses, mais aussi goélands et sternes. Les spécialistes du vol Saint-Esprit (un quasi-stationnaire face au vent), comme les faucons crécerelles et les milans, aiment aussi se placer en haut des collines, là où la brise monte : ils réunissent ainsi poste d’observation et économie d’énergie.

Cadrage et composition en photo animalière

Une fois parvenu au bon endroit, face aux animaux voulus, il reste à faire des photos. Fondamentalement, la photo animalière tient du portrait. Commencez donc par vous mettre autant que possible à la hauteur du sujet. Oui, vous serez souvent agenouillé dans l’herbe ! Faites le point sur la tête, ou plus précisément sur l’œil. Certains appareils modernes (comme l’EOS R5, le GH5 II, les Alpha 1 et 9 II…) reconnaissent les animaux : activez ces fonctions !

Sterne pierregarin et voilier
Une sterne pierregarin (dont les migrations approchent dix mille kilomètres) double un voilier : un cadrage large pour une invitation au voyage. © Franck Mée

Pensez à laisser de l’espace négatif du côté où regarde votre sujet. Et, comme tous les portraits, vous pouvez resserrer le cadrage pour un impact maximal ; mais vous pouvez aussi adopter un plan d’ensemble qui montre l’animal dans son environnement.

Mais la photo animalière ne tient pas que du portrait. La variété des espèces, de leurs formes, de leurs dimensions mène naturellement à bien d’autres styles. Juste après les fleurs, les insectes sont sans doute les sujets les plus photographiés en macro. Les ailes d’hyménoptères offrent des motifs géométriques idéaux pour des clichés abstraits. Les cous et les corps longs et souples de certaines espèces permettent de créer des compositions graphiques, voire abstraites.

Accouplement de demoiselles
En période reproductrice, les demoiselles prennent souvent des poses originales, idéales pour des compositions graphiques. © Franck Mée

Et naturellement, la photographie animalière se rapproche parfois de la photo sportive. Pour saisir le vol saccadé d’un insectivore, les gestes vifs d’une parade nuptiale ou la course d’un cervidé, vous devrez réagir vite, choisir entre figer l’action et faire un filé, et adapter votre vitesse d’obturation aux mouvements du sujet. Et vous devrez être réactif, non avec un petit 105 mm, mais souvent avec un 500 mm ou plus…

Le matériel en photographie animalière

N’ayez pas peur de la phrase précédente. Un équipement courant permet de faire d’excellentes photos d’animaux. Prenez un double kit d’hybride ou de reflex moderne (comme ceux du Nikon Z fc et du Sony A6100) : la focale maximale correspond souvent à environ 350 mm en plein format. Avec un peu de patience, dans de bonnes conditions lumineuses, vous pourrez vous faire plaisir sur des sujets communs !

Mais pour aller plus loin, viser des espèces plus farouches ou petites, le besoin d’objectifs spécialisés apparaîtra vite. Pour les mammifères et les oiseaux diurnes, un bon télézoom atteignant ou dépassant 500 mm est un excellent choix. Pensez par exemple aux 150-600 mm de Sigma et Tamron ou au Nikon 200-500 mm. Les récents Canon 600 mm et 800 mm, compacts et légers, sont parfaits pour saisir les chamois en randonnée.

Photo animalière et macro : la sauterelle
Les compacts et bridges (ici un Panasonic FZ30) excellent parfois en macro, à condition de s’approcher à quelques centimètres. © Franck Mée

Pour les insectes, un 100 ou 105 mm macro est incontournable. Vous pourrez néanmoins faire des photos d’insectes tout à fait correctes avec certains télézooms, capables de faire le point relativement près. Vérifiez le rapport de reproduction maximal indiqué dans la fiche technique. S’il dépasse 1:3, vous aurez des libellules quasiment plein cadre.

Charmez votre banquier ou soyez raisonnable

Pour vous attaquer aux animaux farouches et crépusculaires, vous n’aurez guère de choix : vous aurez besoin de longues focales lumineuses. Un 200 mm est trop court, et f/6,3 est trop fermé. Vous ne souhaitez pas revendre votre maison pour vous offrir le superbe Canon 200-400 mm f/4L EXT ou l’aussi précieux qu’encombrant Sigma 200-500 mm f/2,8 ?

Dans ce cas, vous pouvez opter pour un 300 mm f/2,8 ou f/4 à focale fixe. Ou bien, montez un zoom 70-200 mm f/2,8 sur un multiplicateur 1,4×. Vous aurez ainsi un 100-300 mm f/4 qui, avec la gestion de la sensibilité des appareils modernes, vous permettra de saisir un renard au crépuscule.

Renard roux par Ray Hennessy
Le renard est omniprésent, mais particulièrement craintif. Un 500 mm n’est pas de trop pour le saisir. © Ray Hennessy / Unsplash

N’hésitez pas à adopter un trépied robuste capable de descendre assez près du sol. Il sera extrêmement pratique lors des longues périodes d’attente. Prenez aussi des vêtements adaptés à une longue immobilité dans les conditions du moment. Pensez que même en été, les nuits peuvent être fraîches, surtout allongé dans l’herbe. Et n’oubliez pas un répulsif contre le moustiques et les tiques !

Papillon dans l'infrarouge
Autre exemple de matériel spécialisé : un reflex converti pour la photo infrarouge permet de faire ressortir ce papillon. En lumière visible, il se distingue mal du feuillage… © Franck Mée

À vous de jouer !

Vous voilà équipé, prêt à photographier les animaux de votre région. Commencez donc par les moins farouches au caractère placide. Les grands voiliers comme les vautours et goélands sont d’excellents partenaires pour débuter. Vous pouvez aussi installer un nourrissoir pour photographier facilement mésanges, chardonnerets et autres gros-becs.

Photo animalière : gros plan de chardonneret
Une coupelle de graines, en hauteur, face à une branche, vous permettra de voir facilement les chardonnerets. © Franck Mée

Si les insectes vous passionnent, libellules et demoiselles restent souvent plusieurs secondes immobiles, et vous ignorent jusqu’à quelques mètres.

Du côté des mammifères, vous pourrez bien entendu étudier ceux domestiqués ou apprivoisés. En pleine nature, les ragondins sont très tolérants : il est souvent plus difficile de les voir, nageant ou broutant près de la rive, que de les approcher ! Renards, cerfs et autres bouquetins seront bien moins coopératifs…

Photo animalière : chevreuil dans la prairie
Lorsqu’un chevreuil qui broutait paisiblement se retourne vers le photographe, il est temps de reculer. © Franck Mée

Dans tous les cas, soyez attentifs aux signes de stress des animaux. Ne les effrayez pas inutilement, prenez le temps de vous faire accepter. Un animal détendu, qui vit sa vie paisiblement, fait de bien meilleures photos – et c’est aussi une question de respect : après tout, c’est vous qui vous rendez chez eux !

 

Guide d'achat photo animalière 
Nikon Z fc + 16-50mm + 50-250mm
Sony A6100 noir + 16-50 mm + 55-210 mm
Objectifs photo 150-600 mm
Nikon AF-S NIKKOR 200-500 mm f/5.6E ED VR objectif photo
Objectifs photo macro
Canon EF 200-400 mm f/4L IS USM + EXT 1.4x objectif photo
Zoom & téléobjectif SIGMA 187-797 mm f/2.8
Objectif photo focale fixe 300 mm
Zoom & téléobjectif 67-362 mm f/2.8
Tube-allonge & multiplicateur multiplicateurs
Trépied photo de 5 à 10 kg
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Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

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