Pour nombre de photographes, l’été est aussi la saison des grandes balades à la campagne ou en forêt. Mais rapidement, les limites des besaces apparaissent : douleurs aux épaules, difficulté de portage… Voici donc nos conseils de sac à dos photo rando, adaptés pour marcher des heures confortablement.

Sac photo rando : des besoins très spécifiques

Nous l’avons vu dans notre guide des sacs photo : le choix entre accessibilité et confort est toujours un compromis. Pour accéder rapidement à son matériel, il faut l’avoir sous la main, dans une besace. Mais une besace, quelle que soit sa conception, tire sur le côté ! Un sac sling, qui repose sur le dos avec une seule bretelle diagonale, est plus confortable et toujours capable de glisser autour du buste pour sortir le matériel. Mais il suffira de trois ou quatre kilos et d’une heure de marche pour sentir la charge sur une seule épaule, tirant le dos en biais. Et trois ou quatre kilos, ce n’est rien : un hybride en double kit et une bouteille d’eau suffisent !

Dos et ouverture d'un sac photo classique
Dos peu aéré, harnais basique à ceinture étroite, intérieur dépourvu de compartiment séparé… Le sac à dos photo classique est inadapté à la randonnée.

Pour randonner, seul le sac à dos est donc envisageable. Mais là encore, tous ne se valent pas. Les sacs à dos photo sont souvent prévus pour porter un matériel relativement lourd (plusieurs reflex, téléobjectifs, éclairage) du coffre de la voiture au lieu de prise de vue. Peu importe qu’ils soient eux-mêmes lourds, peu importe que leur dos plat n’évacue pas la sueur !

Le randonneur a des besoins bien différents. Son matériel est généralement léger (typiquement un hybride en double kit, éventuellement un téléobjectif pour viser mouflons et buses, mais guère plus), mais il va le porter plusieurs heures. Il a aussi besoin de transporter de quoi s’alimenter, boire, voire bivouaquer. Un sac à dos photo pour le trek est donc avant tout un sac de randonnée.

Vous avez dit « sac de randonnée » ?

La principale caractéristique d’un sac à dos de randonnée, c’est son harnais. Les bretelles sont évidemment rembourrées et réglables en longueur ; sur ce point, les sacs à dos photo classiques sont généralement bien dotés. Mais ici, elles ont aussi souvent un rappel sur les épaules. En les tendant dans les montées, vous ramènerez le sac vers vous pour réduire le porte-à-faux ; en les détendant dans les descentes, vous lui permettrez de rester droit pour ne pas vous charger le haut du buste, et vous pourrez bouger les épaules pour planter vos bâtons avec assurance.

Bretelles, ceinture et sangle de rappel d'un sac photo rando
Les sangles de rappel sur les bretelles (à gauche) permettent d’équilibrer la charge en fonction de la pente et d’adapter les bretelles au dos du porteur.

Ils ont aussi une ceinture plus large que la moyenne, pour bien répartir le poids et éviter de charger les épaules. Le réglage de longueur doit être pratique pour l’adapter en quelques secondes lorsque vous retirez un pull. Une sanglette de poitrine est aussi très utile pour éviter que les bretelles s’écartent vers l’articulation des épaules.

Accès dorsal sur un sac photo Lowepro Flipside
Sans être aussi pratique qu’un sling, un accès dorsal permet de gérer son matériel sans poser le sac au sol.

Bien entendu, tout cela limite l’accessibilité du matériel ! Rares sont les sacs de randonnée disposant d’une ouverture latérale. La tendance actuelle est plutôt à l’ouverture dorsale. C’est un bon compromis : en défaisant les bretelles, il suffit de desserrer la ceinture pour faire passer tout le sac devant vous. Il est aussi possible de le poser par terre pour gérer vos affaires sans salir le harnais.

Pour randonner quelques heures avec un kit hybride

Nous l’avons vu, rares sont les sacs à dos « trail » dotés d’un accès latéral. Parmi les exceptions, le Lowepro Photo Sport BP 200 AW II. Il ne pèse que 1,2 kg et reste financièrement accessible, mais il propose un harnais de bonne facture et un dos aéré. Son compartiment photo est accessible par la gauche et un espace séparé reçoit les affaires diverses. Mieux : il dispose d’une poche dorsale avec passage de tuyau, permettant d’installer un réservoir d’eau de deux litres.

Sac à dos rando Lowepro Sport BP 200 AW

En revanche, son volume est assez restreint. Les dimensions de l’ouverture sont plus adaptées à un hybride qu’à un reflex haut de gamme. Et la largeur du compartiment photo ne dépasse pas 20,7 cm : c’est donc la longueur maximale de votre équipement. Un 70-200 mm f/2,8, par exemple, ne passera que démonté ! Si vous avez besoin d’un accès latéral capable de recevoir un télézoom fixé sur son boîtier, vous devrez soit opter pour un modèle moins dédié à la randonnée, comme le ProTactic (qui n’a pas de compartiment séparé pour le pique-nique), soit vous tourner vers des produits bien plus coûteux (voir plus bas).

Pour transporter plus de matériel sans se ruiner

Si votre matériel est un peu plus encombrant, prenez plutôt un Flipside Trek 450. Il perd l’accès latéral, mais son ouverture dorsale est généreuse. La partie photo dépasse 30 cm : un 70-200 mm f/2,8 tient aisément, même monté sur son reflex. Accessoirement, son look de sac de randonnée est assez discret, surtout en vert. Contrairement aux sacs photo classiques, il ne crie pas « Je contiens x000 € de matériel ! » à la cantonade…

Différentes vues du Lowepro Flipside Trek 450

Techniquement, c’est un authentique baroudeur avec un harnais complet et une ceinture épaisse. Sur ce point, nous ne regrettons que l’absence de sangles de rappel sur les épaules et de réglage de hauteur du dos. L’espace « randonnée » est un peu limité, mais les poches externes peuvent aisément recevoir une grande gourde ou des bâtons de marche  (ou un trépied) et deux sangles permettent d’accrocher d’autres objets. Parfait pour une belle rando à la journée, le Flipside manque tout de même de souplesse pour s’adapter aux treks au long court.

Un sac photo pour la grande randonnée

Si vous devez marcher plusieurs jours, vous aurez besoin d’encore plus de place pour les effets personnels. La plupart des fabricants ont ici adopté la même solution : un sac à insert amovible. Des inserts de différentes tailles permettent donc au même sac de s’adapter à des compromis différents. Vous partez pour la chaîne des Annapurnas en autonomie ? Un petit insert abritera votre hybride et son transstandard, laissant un maximum de place pour la nourriture, les vêtements de rechange, le sac de couchage, le réchaud, voire la tente… Vous allez passer deux beaux jours d’août autour du Grand Veymont ? Un insert plus large accueillera votre 150-600 mm et l’espace restant suffira à vos sous-vêtements, une veste, un sac de couchage et trois pique-niques.

Sac à dos photo F-Stop Sukha et inserts
Selon vos besoins photo et rando, les sacs F-Stop acceptent des inserts de tailles très différentes.

Lowepro propose un tel sac avec le Power 500, mais les spécialistes du genre sont F-Stop et Shimoda. Les F-Stop Tilopa et F-Stop Sukha sont très similaires, mais le second fait 10 cm de plus en hauteur. Il atteint ainsi 70 l au lieu de 50 l. Ils peuvent tous deux recevoir toute la gamme d’inserts photo, du ICU Small au ICU XL. Le premier peut héberger un double kit hybride et n’occupe que 20 cm au fond du sac. Le second, assez haut pour recevoir un 600 mm f/4 (équipement sans doute rare en randonnée !), occupe presque entièrement un Tilopa.

Shimoda Action X70 et inserts
Notez le réglage de hauteur des bretelles. Le haut du sac peut également être enroulé pour réduire l’encombrement.

La logique est la même chez Shimoda, avec les Action X50 et X70 (la version X30 est trop petite pour un véritable trek au long cours). À vous d’y placer le logement photo qui vous convient, du Small à l’Extra Large DV. Particularité supplémentaire : ces modèles très haut de gamme renouent avec l’accès latéral, permettant d’extraire rapidement votre matériel. Ils ont également un harnais réglable en hauteur, afin de maintenir l’arrondi des bretelles et l’appui de la ceinture à leur emplacement idéal, quelle que soit la longueur du dos de l’utilisateur.

À chaque randonnée son sac photo ?

Cela peut paraître exagéré, mais c’est presque la conclusion qu’il faudrait tirer : chaque (type de) randonnée mérite un sac à dos photo dédié. Certes, qui peut le plus peut le moins. Mais même un X70, avec trois inserts différents, son accès latéral et son haut enroulable, sera trop encombrant et peu pratique pour une sortie en famille de quelques heures sur les bords de la Charente. Réciproquement, aucun sac capable de passer en cabine dans l’avion ne vous permettra d’emporter tout le nécessaire pour traverser Ténérife en totale autonomie.

Sacs à dos photo rando de l'auteur
La sacàdophilie, une maladie très répandue chez les photographes. Celui de droite est un sac de randonnée normal, mais il a souvent transporté du matériel photo dans la poche à chaussures, en ajoutant des protections matelassées.

En tout état de cause, si vous êtes marcheur émérite, vous finirez probablement avec au moins deux sacs. Un pour les sorties quotidiennes, relativement compact, avec un compartiment photo assez grand pour porter un matériel photo relativement complet, et restreint à quelques affaires côté généraliste (bouteille d’eau, sandwich et petite veste). L’autre pour les grandes randonnées, plus imposant, qui ne portera qu’un kit et un petit télézoom, mais capable d’accueillir plusieurs repas, des changes complets, une paire de sandales pour retirer les chaussures de montagne au bivouac…

À vous, désormais, de choisir ceux qu’il vous faut. Un éternel casse-tête, pour lequel un tour en boutique ne sera pas de trop !

Avatar de Franck Mée
Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

6 Commentaires

  1. Avatar de Franck Mée

    Impossible de trouver chaussure a son pied ! Les sacs sont mal conçu pour emmener du matos de photo et du matos de camping. Je crois que je vais m’orienter vers un sac militaire. Plus de place car Nikon plus 600 mm et un 200 en plus et il ne restera plus de place dans un 50 litre

    • Avatar de Franck Mée
      Franck Mée Répondre

      Bonjour,
      en effet, pour transporter en même temps un 600 mm, un 200 mm et un ou plusieurs boîtiers, vous remplirez déjà un insert XL de Shimoda ou F-Stop. Et même dans un sac de 70 l, vous n’aurez alors plus beaucoup d’espace pour le matériel de camping – même une tente de bivouac peinera à trouver sa place, sauf à la sangler à l’extérieur du sac.
      Effectivement dans ce cas, on en revient à la solution évoquée en fin d’article : recourir à un sac généraliste (rando ou militaire) et y ranger directement les housses des objectifs. C’est moins pratique et souvent plus lourd qu’un insert dédié à la photo, mais cela permet de stocker plus de matériel.
      Bon courage !

  2. Avatar de Franck Mée

    Bonjour,
    J’utilisais un sac F-Stop avec icu pro large afin d’y rentrer un 150-600 monté sur un 7Dii et d’emporter avec moi 17-70, 90 et feu 10-22 + drone mais depuis l’arrivée des enfants et du sac a langer pour jumeaux je dois revoir mon emport à la baisse et je recherche un sac leger dans lequel prendre « juste » le 150-600 monté sur le boitier, le 17-70 et le drone. Auriez-vous un sac à me conseiller?
    Merci

  3. Avatar de Franck Mée

    Bonjour. Bon article, intéressant. Mais à mon avis il manque un sac dans la liste, à savoir le Rotation Pro 50l de Mindshift. Je fais de la photo et de longues randonnées, y compris itinérantes. Le Rotation Pro me permet de sortir mon appareil (ou de le mettre à l’abri dans le sac) en quelques secondes, sans avoir à enlever le sac ni à défaire les brettelles. Son seul point faible est le prix. Pour l’anecdote: j’ai acheté ce sac il y a quelques années déjà, sur les conseils d’un vendeur de chez Lowepro…

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