Sigma 28-105mm F2.8 DG DN | Art : voici le nom du nouveau zoom de la marque. Encore un transstandard ? Certes, mais celui-ci vise à réunir deux familles traditionnellement séparées : les transstandards lumineux et les transstandards polyvalents. Et ce, sans casser le dos de son utilisateur.

Ouverture ou focale, le choix cornélien

Un objectif de longue focale lumineux est lourd et cher, une tendance renforcée chez les zooms. Aussi, un transstandard qui passe les 100 mm en conservant une ouverture à f/2,8, c’est rare et encombrant. Le Canon RF 24-105mm F2.8 L IS USM Z frôle les 1,5 kg et 20 cm – sans parler de son prix.

Aussi, depuis la nuit des temps, deux familles de transstandards s’affrontent. D’un côté, les lumineux, qui mettent en avant leur ouverture généreuse. De l’autre, les polyvalents, qui se targuent de dépasser les 100 mm à leur plus longue focale.

Photo de la comète Neowise à 90 mm et f/5,6
Nous pensons immédiatement au portrait en soirée, mais la bande 70-105 mm offre de nombreuses occasions d’utiliser une grande ouverture… Les queues de Neowise, ici avec un transstandard d’entrée de gamme limité à f/5,6 au téléobjectif, auraient été bien plus propres à f/2,8 ! © Franck Mée

Ceux qui veulent photographier tout le temps, du plein jour à la nuit tombée, optent donc pour un f/2,8 (voire moins !) ; mais ils se contentent d’un 24-70 mm ou d’un 28-75 mm. Inversement, ceux qui veulent tout photographier, du large paysage aux portraits du quotidien, prennent typiquement un 24-105 mm et se contentent d’une ouverture à f/4. Certains vont même plus loin, au prix d’une ouverture glissante encore plus faible aux longues focales.

Sigma 28-105mm F2.8 DG DN | Art : le roi de la polyvalence ?

Voici donc l’enfant commun des deux familles : le Sigma 28-105mm F2.8 DG DN | Art. Comme son nom l’indique, il pousse jusqu’à 105 mm et conserve une ouverture à f/2,8 à toutes les focales.

Mieux : contrairement aux rares précédents, il conserve un poids raisonnable. Avec 990 grammes, il pèse à peine 250 grammes de plus que le nouveau 24-70 mm de la même marque. Vous pourrez donc l’utiliser comme l’immense majorité des transstandards : vissé en permanence sur l’appareil photo porté en bandoulière.

Sigma 28-105mm F2.8 à 28 mm

Bien entendu, un compromis s’est avéré nécessaire. C’est le grand-angle qui a été sacrifié, en commençant à un très sage 28 mm. Il sera ainsi un peu moins à l’aise en paysage que ses concurrents commençant à 24 mm. Mais un 28 mm suffit à bien des utilisateurs.

À l’inverse, la plage entre 70 et 105 mm est très utile : c’est celle de la majorité des portraits, y compris en famille. Et l’ouverture à f/2,8 permet de flouter agréablement l’arrière-plan et de faire ressortir les visages. L’allongement de ce 28-105 mm permet donc aux portraitistes occasionnels de s’épargner l’encombrement d’un 70-200 mm f/2,8 ou des rois de l’exercice, les 35-150 mm f/2-2,8 – 500 grammes plus lourds et nettement plus imposants.

Le Sigma 28-105 mm, pas tout à fait macro

La plage autour de 100 mm n’est pas réservée au portrait. Elle est aussi extrêmement populaire en macrophotographie, domaine où les 90, 100 et 105 mm règnent sans partage.

Sigma a donc tenu à ce que son nouvel objectif offre de bonnes prédispositions en photographie rapprochée. Ne rêvez pas, il reste loin de la véritable macro : son rapport de reproduction maximal est de l’ordre de 1:3. Vous aurez donc la grosse araignée de 7 cm plein cadre, mais vous ne pourrez pas faire un gros plan sur ses yeux.

Demoiselle photographiée à un rapport de reproduction d'environ 1:3.
Avec un rapport de reproduction de 1:3, un sujet de 4 cm occupe la moitié du cadre. Encore faut-il approcher le bout de l’objectif à 20 cm… © Franck Mée

Ceci étant, ce 28-105 mm pourrait être un bon choix pour s’initier à la proxyphotographie. En effet, sa distance minimale de mise au point est constante, à 40 cm. C’est donc à 105 mm qu’il offre son meilleur grossissement. C’est relativement inhabituel pour les transstandards, dont la mise au point minimale au téléobjectif est généralement nettement plus élevée qu’au grand-angle. Avec environ 20 cm, la distance de travail (entre la lentille frontale et le sujet) reste raisonnable.

Construction soignée

S’il est léger par rapport à ses caractéristiques, le Sigma 28-105mm F2.8 reste un membre de la série Art. Il profite donc d’une construction soignée, avec des joints contre la poussière et le ruissellement et une structure métallique (du magnésium en l’occurrence) côté monture.

L’ergonomie reprend également les standards établis par les Sony GM et les Sigma Art. Le 28-105 mm dispose donc d’une bague d’ouverture dont les « clics » peuvent se désactiver pour la vidéo. Le sélecteur de mise au point est flanqué de deux touches à utiliser selon l’orientation de l’appareil, horizontale ou verticale. Par défaut, elles verrouillent la mise au point, mais certains boîtiers (notamment Sony) permettent de personnaliser leur fonction. Enfin, un verrou permet de bloquer le zoom à 28 mm pour sécuriser le transport.

Sigma 28-105mm F2.8 Art à 105 mm
À 105 mm, le Sigma 28-105mm s’allonge sensiblement. Un verrou permet d’éviter qu’il se déploie pendant le transport.

La mise au point est confiée à un moteur linéaire. Silencieux, il sait être rapide en photo et fluide en vidéo. Sigma annonce avoir réduit le focus breathing (variation de cadrage durant la mise au point). C’est traditionnellement avantageux en vidéo, mais ici cela peut toucher un autre public : le phénomène complique énormément le travail d’empilement d’images avec un décalage de mise au point (focus stacking), technique utilisée en gros plan pour étendre la profondeur de champ de l’image finale.

Prix et disponibilité du Sigma 28-105mm F2.8

Dans l’ensemble, Sigma propose donc ici un zoom transstandard très intéressant. Sa plage de focales correspond bien aux besoins de la vie quotidienne, sa grande ouverture améliore ses capacités en basse lumière et en portrait, et il offre d’assez bonnes aptitudes au gros plan.

Ce nouvel objectif sera disponible fin septembre, au prix de 1649,90€ :

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Auteur

Traducteur, journaliste, pilote privé. Passionné de photo et de cinéma, docteur en binge-watching, mais surtout fasciné par tout ce qui vole, du martinet au Boeing 747. Considère qu'un 200 mm, c'est un grand-angle.

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