Sony présente l’A1, son nouvel appareil photo hybride plein format. Résumons succinctement son esprit : c’est l’appareil unique pour les dominer tous. Meilleur en vidéo que l’Alpha 7S III, meilleur en photo de sport que l’Alpha 9 II, presque aussi bon en haute définition que l’Alpha 7R IV… Il photographie en 50 mégapixels à 30 images par seconde, filme en 8K et pousse à 120 im/s en 4K. Voici donc la réponse de Sony au Canon EOS R5.
Sony A1 ou la fin de l’alternative vitesse / définition ?
C’est sans doute le premier point qui fera tourner les têtes. Nous avons l’habitude d’appareils ultrarapides, comme le Sony α9 II et ses 20 images par seconde. Nous avons l’habitude de photos à la définition extrême grâce aux 60 MP du Sony α7R IV.
Mais nous avons aussi l’habitude de devoir choisir. Comme les Alpha 7, les Nikon Z6 II et Z7 II ou les Panasonic S1 et S1R nous offrent la cadence ou la résolution, mais pas les deux. Une tradition qui remonte loin : nous connaissions déjà cette dichotomie au temps des Nikon D1H et D1X et des Canon EOS-1D et 1Ds.
Le Canon EOS R5 avait mis un coin dans cette logique, en associant un capteur de 45 MP et une rafale à 20 im/s. Le nouveau Sony Alpha 1 la détruit totalement : il prend 30 images de 50 MP par seconde. Autrement dit, bien qu’il fasse partie des trois ou quatre appareils plein format les plus définis, sa rafale rejoint la cadence habituelle en vidéo.
Pour présenter les choses différemment : l’α1 « filme » sans son en 50 MP, au format 3:2, en enregistrant chaque image dans son propre fichier ; ou bien, il filme avec son en 33 MP, au format 16:9, en enregistrant toutes les images dans un fichier unique.
Notez tout de même que cette cadence n’est accessible qu’en Raw compressé avec pertes, en JPEG ou en HEIF. Pour profiter de Raw sans perte, il faut se contenter de « seulement » 20 im/s. Ce qui fait tout de même 1 gigapixel par seconde à avaler pour les deux processeurs Bionz XR et les cartes mémoire…
L’obturation électronique sans compromis
Depuis la généralisation des fonctions vidéo, l’obturateur électronique permet de prendre des photos dans un parfait silence, sans la moindre vibration, et sans user de pièces mécaniques. Mais il souffre d’autres limites. La plus évidente est le rolling shutter, mais un flash ou d’autres éclairages artificiels sont également problématiques.
Les capteurs empilés à mémoire intégrée (Sony Exmor RS) ont marqué un tournant dans la correction de ces handicaps. Les Alpha 9 puis d’autres, comme le Canon EOS R5, nous ont habitués à utiliser un obturateur électronique pour photographier silencieusement et profiter d’une rafale plus rapide. Mais il fallait encore revenir à l’obturation mécanique pour certaines applications.
C’est désormais fini. L’Alpha 1 est le premier appareil capable d’utiliser son obturateur électronique en toutes circonstances. Il assure la synchronisation du flash jusqu’au 1/200 s et la prise de vue anti-scintillement. En outre, le rolling shutter est réduit de 1,5× par rapport à l’Alpha 9 II, qui était déjà parmi les meilleurs dans ce domaine. En somme, l’α1 permet de photographier à 30 im/s sous les néons d’un gymnase. C’était sans doute la dernière frontière que l’α9 II n’arrivait pas à franchir.
Il conserve tout de même un obturateur mécanique. Celui-ci offre un avantage sur son cousin électronique : il permet une synchro flash au 1/400 s. Mais il plafonne au 1/8000 s, contre 1/32000 s, et limite la rafale à 10 im/s… Si l’on ajoute l’absence de bruit et de vibrations, l’obturateur mécanique ne devrait pas être très utilisé ! Sony l’a prévu pour 500 000 déclenchements, ce qui laissera quelques belles années même aux utilisateurs les plus intensifs.
Le Sony A1 et la vidéo 8K
C’était attendu et inévitable : le Sony α1 est le premier hybride de la marque capable de filmer en 8K. Avec une petite réserve toutefois : si le Canon EOS R5 offre le choix entre 8K DCI (format cinéma 1,89) et 8K UHD (télévision 16:9), le Sony Alpha 1 ne propose que celle-ci. Il ne dispose pas non plus d’enregistrement Raw en 8K. Les fichiers sont forcément compressés en H.265, en 4:2:0 10 bits avec un débit maximal de 400 Mbps.
Dans ce domaine, Canon semble donc garder la main. Mais l’α1 dispose peut-être d’avantages moins évidents. Sony explique que son système de refroidissement, similaire à celui de l’α7S III, permet de filmer en 8K plus d’une demi-heure sans interruption. Par ailleurs, la mixette XLR-K3M permet d’ajouter au son stéréo ordinaire deux entrées XLR. Il est ainsi possible de combiner quatre pistes audio numériques dans le même fichier vidéo.
Finalement, si la 8K fait les gros titres, l’Alpha 1 est peut-être surtout une excellente caméra 4K. Dans ce domaine, outre la sortie Raw 16 bits sur HDMI, compatible avec la 4K DCI ou UHD, il propose un enregistrement interne soigné. Il peut ainsi associer cadence d’acquisition jusqu’à 120 im/s, échantillonnage en 4:2:2 sur 10 bits, profil S-Log (conservant 15 IL de plage dynamique) ou HLG, et débit atteignant 280 Mbps.
Flux de travail : le grand frère de l’A9 II
Le boîtier du Sony A1 ressemble énormément à celui de l’Alpha 9 II. Comme lui, il dispose d’accès direct aux modes Rafale et aux réglages d’autofocus, à gauche du viseur. Il a en effet repris toutes les possibilités des modèles les plus sportifs de la marque. En particulier, le suivi de sujet à intelligence artificielle est capable de trouver et de suivre l’œil d’une personne ou d’un animal (y compris volant) et de basculer sur un suivi de visage ou de forme lorsque l’œil est masqué.
Il reprend également la gestion du flux de travail de ses aînés. Il dispose d’un port Ethernet gigabit, d’une prise USB-C 10 Gbps et d’une connexion Wi-Fi gérant le MIMO 2×2 sur les réseaux 802.11ac en 5 GHz. Si cela vous paraît obscur, retenez simplement que c’est ce qu’on fait de mieux actuellement. Cela permet de contrôler à distance un ou plusieurs appareils, mais aussi d’envoyer les fichiers capturés immédiatement vers un serveur FTP sécurisé, en profitant d’une connexion Internet gigabit.
Notez que Sony présente simultanément le Xperia Pro, un smartphone 5G disposant d’une… entrée HDMI, compatible 4K/60p. Il est ainsi possible de connecter celui-ci à l’Alpha 1 pour l’utiliser comme moniteur et comme centre de diffusion en direct !
Ergonomie soignée
Si le boîtier ressemble à l’Alpha 9 II, le nouveau Sony A1 s’en distingue tout de même par certains points essentiels. Tout d’abord, il reçoit le viseur de l’Alpha 7S III : avec 9,44 Mpt, c’est le plus fin du marché. L’oculaire offre un grossissement de 0,90×, assurant un confort de visée remarquable. Pour les porteurs de lunettes, l’affichage peut aussi être légèrement réduit pour accroître le dégagement oculaire. Plus étonnant, la cadence de rafraîchissement profite du nouveau capteur et peut pousser à 240 im/s. Une fonction utile si vous avez des yeux bioniques capables de voir les limites du taux « standard » à 120 im/s…
Le nouveau système de menus est logiquement présent. Beaucoup plus clair que les menus des Alpha classiques, il permet une navigation entièrement tactile. Les deux ports mémoire viennent eux aussi du dernier « 7S », offrant le choix entre cartes CF Express type A et SD UHS-II.
Enfin, la batterie est la bien connue NP-FZ100, assurant 430 photos ou 90 min d’enregistrement. L’Alpha 1 peut être alimenté en USB-C. Et si l’autonomie ne vous suffit pas, la poignée VG-C4EM (la même que pour les α9 II, α7R IV et α7S III) peut recevoir deux batteries.
L’A1, l’appareil photo ultime ?
Pour tirer un premier bilan, le Sony A1 est un appareil impressionnant. En vidéo bien sûr : l’annonce d’un nouveau produit 8K est toujours notable. Toutefois, il ne va finalement pas aussi loin que l’EOS R5 et se place plutôt à la pointe de la 4K, avec une prise de son avancée, des ralentis extrêmes et une sortie Raw pour les étalonneurs.
Mais c’est surtout en photo qu’il est remarquable. Profiter à la fois de la résolution spatiale, avec 50 MP, et temporelle, avec 30 im/s, est totalement inédit. Fusion de l’Alpha 9 II (et même mieux) et de l’Alpha 7R IV (ou presque), capable de photographier silencieusement et rapidement quel que soit l’éclairage, c’est la quadrature du cercle pour les fanatiques des images fixes.
Une qualité qui a naturellement un prix : lancé en février, l’Alpha 1 coûte 7300 euros.