C’est écrit sur son site : Benjamin Von Wong est un « rêveur ». Un grand gamin qui s’est pris de passion pour la photo par hasard et sur le tard. Un artiste prolifique, touche-à-tout, biberonné à la pop-culture. Qui s’est notamment fait connaître en shootant une sirène barbotant dans 10 000 bouteilles en plastique. Un photographe cool mais pas que : c’est aussi un lanceur d’alerte qui se sert de sa popularité pour plaider de grandes causes environnementales.

Déjà quand il était gamin, Benjamin Von Wong adorait expérimenter. Tenter des trucs pour mieux appréhender le monde, du violon au taekwendo, du parkour à la peinture en passant par le paintball. Il faut dire que, né au Canada de parents chino-malaisiens, il a fréquenté treize écoles dans trois pays différents – un vrai bouillon de culture, déjà. A seize ans, il choisit de devenir ingénieur comme papa. Sans grande conviction, mais il faut bien choisir une voie et c’est toujours plus facile si elle est déjà tracée devant soi.

Oui, sauf que. A l’automne 2007, il se met à la photo pour guérir d’une peine de coeur – sa copine l’a plaqué, il bosse dans une mine d’or, en plein désert, au milieu du Nevada, il lui faut une occupation pour ne pas sombrer. Il se dit que prendre en photo les étoiles, ça doit être plutôt cool. Tout seul, comme un grand, avec son appareil compact, il apprend. Et quitte à le faire, autant que ce soit en s’amusant.

LIFE IN PLASTIC IS NOT FANTASTIC

Alors il met en avant ses acquis d’ingénieur pour jouer avec ce qu’il aime, les cinq éléments, la fantasy, le steampunk, les comics, la SF… Bingo. Grâce aux réseaux sociaux, ses photos deviennent rapidement virales.  Son blog est une vraie mine d’or : il y raconte l’origine des projets, le travail titanesque en amont, les coulisses de chaque photo, avec vidéos backstage et détails techniques sur les appareils utilisés – Sony A7r-ii 16-35mm et Phase One IQ3, Schneider 35mm par exemple.

Au delà du talent du photographe (autodidacte, rappelons-le…), il y a aussi, indéniablement, une chouette graine d’artiste engagé. Alors, en 2012, il laisse tomber son job d’ingénieur. Il veut servir à quelque chose, se rend compte qu’il peut sensibiliser le grand public à des causes environnementales ou sociétales s’il réussit à transformer l’idée en image virale.

Par exemple, la pollution des océans, qu’il dénonce une première fois dans sa série Les sirènes détestent le plastique. On pourrait croire à un montage Photoshop… Pourtant, grâce à la mobilisation de la population via les réseaux sociaux, l’artiste avait collecté plus de 10 000 bouteilles, et passé plusieurs journées à installer le décor du shooting. Le buzz est au rendez-vous, la mission de Von Wong est réussie. A l’époque, il ne le sait pas encore, mais en septembre 2018, il réalisera une seconde série sur le sujet, carrément sur l’eau cette fois-ci. 

OUVRIR LE DÉBAT

Quelques semaines après ses sirènes, il balance sa grenade Mad Max meets Trump’s America. Des clichés pris au musée Ferropolis en Allemagne, dans lequel il raconte le rêve américain façon post-apocalyptique, un monde où même l’oxygène s’achète. Dix comédiens, des centaines d’accessoires, de la fumée partout, un monstre de ferraille et même un bébé au premier plan. Benjamin Von Wong n’a pas son pareil pour relever les défis, qu’ils soient techniques ou artistiques.

Même chose lorsqu’il dénonce le gaspillage numérique en assemblant près de deux tonnes de déchets électroniques, claviers, écrans tablettes… Ou lorsqu’il choisit de lever le voile sur les dessous de l’industrie vestimentaire, en construisant une immense sculpture de vêtements dans les locaux désertés d’une manufacture cambodgienne.

« Une image vaut mille mots » disait un célèbre penseur il y a quelque temps déjà. Ce n’est pas toujours juste, mais pour le coup, avouons que l’adage synthétise plutôt bien le travail de Benjamin Von Wong. L’artiste, grâce ses photos, réussit en effet à ouvrir le débat sur des sujets cruciaux et pourtant cruellement délaissés.

En savoir plus sur Benjamin Von Wong :

Son site
Son blog 
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Auteur

Journaliste, Curieuse, Baroudeuse, Couteau Suisse. Passionnée par le cinéma, la littérature, la photographie et la contre-culture. Bref, lire, écrire et courir, mais pas les trois à la fois parce que ce n'est pas pratique.

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