Il marche - Publié par
Rémi Besserre (Photographe) le 18/09/2021
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Eh bien oui, il marche !
Ce qui n'a rien d'étonnant pour qui a, voici 30 ans, mis un polarisant Cokin sur chacun de ses objectifs, avec pour mission de saturer de la Velvia.
Dans le détail:
- d'abord, il ne polarise rien du tout, il filtre la lumière polarisée, en étant tourné comme il faut par rapport au plan de polarisation. Celui des reflets, sauf s'ils proviennent d'objets métalliques, et même et surtout s'ils proviennent de gouttelettes en suspension dans l'atmosphère, d'où sa faculté à nettoyer les lointains. Moins qu'une pluie d'orage, toutefois.
- Donc il faut le faire tourner. Autant c'était simple pour un pola à monture circulaire vissante, autant dans un porte filtre chargé, ça se complique.
Il faut d'abord le rentrer dans sa fente, ce qui est très facile, et en fin de séance, l'en retirer. Mon porte filtre est d'ancienne génération, assoupli par le temps, et il n'y a aucune difficulté. Pour le porte filtre actuellement vendu, qui doit être plus raide, Cokin fournit un accessoire en plastoc qui veut jouer le rôle de démonte-pneus. Je lui donne 24 heures avant d'être perdu quelque part, sauf à profiter du trou pour se le pendre au cou, entre posemètre, boitier, déclencheur par télécommande hertzienne...
Vient alors le moment de le faire tourner. Un véritable engrenage de boite de vitesses l'entoure. Le problème est de l'attraper, surtout si un autre filtre est conjointement utilisé. Le publicitaire dira: "mais le porte filtre est muni de deux petites roues en métal jaune (du laiton plutôt que de l'or) destinées à l'entrainer." Ah oui? Montrez moi, les pièces métalliques n'ont aucune prise sur la couronne du filtre.
Donc il faut le faire tourner à la main, et pour y parvenir, il faut qu'il soit seul sur son support.
- En effet, si vous avez empilé un filtre de densité neutre, graduel ou non, le polar est impossible à attraper aisément.
A propos d'empiler, la théorie dit que l'on a la place d'insérer le polar et deux autres filtres rectangulaires. Perdu ! Le polar est trop épais, il condamne la glissière la plus proche de l'objectif.
De tout cela découle une conclusion pratique: si l'on veut travailler sur pied avec un filtrage élaboré, comme un polar associé à un ND, il faut tout faire, patiemment et dans l'ordre: installer le trépied, puis le boitier et l'objectif, le tout fermement tenu, puis introduire le polar dans sa fente (ce qui fait appel à l'élasticité du porte filtre), puis visser ce dernier, enfin ajouter le second filtre et tout positionner dans le viseur pour obtention de l'effet recherché. C'est ainsi que travaillent les photographes sérieux.
Mais si vous voulez photographier le nez au vent, en ayant une bague à faire tourner pour saturer les couleurs de l'été indien, préférez un polarisant en monture circulaire vissante, et méfiez vous de ses effets au grand angulaire sur le ciel: le beau bleu bien saturé ne sera pas homogène.
En conclusion: CE polarisant précis est prévu pour les photographes, professionnels mais aussi amateurs soigneux, qui veulent se livrer à du filtrage complexe. Et c'est là qu'un posemètre autorisant la mesure en lumière incidente, trouve au cou de l'opérateur la place dont je parlais plus haut. Compter 15 mn d'installation du fourbi, ce qui nécessite vingt minutes d'anticipation de la lumière, bref, ce. n'est pas fait pour des photographies de rencontre. En revanche, pour des prises de vues en moyen format numérique, voir sur une chambre 4x5, tant que l'on veut.
Ceci dit, si, à main levée, on n'a besoin que d'un polar, celui qui se trouve déjà dans le porte filtres fera le boulot, mais c'est un usage par défaut, il y a plus simple et moins encombrant.
Un outil de photographe de nature sinon patient, du moins prêt à anticiper la lumière, (connaissance du spot, éphéméride...) et à installer l'usine à gaz sur trépied.
Ainsi compris, il fait son boulot, donc il est bien.
Rémi.
PS: Malgré les difficultés de lecture du catalogue Cokin (que j'ai connu entreprise Française, dont les sacs de protection portent la gravure "Cokin Paris", mais dont l'épais packaging porte "made in Japan), la Miss semble avoir fait effort de clarté pour les vieux gâteux comme moi qui se perdaient dans les tailles, compatibilités et surtout rétro-compatibilités. C'est une bonne chose.
Papy Rémi
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