Olivier Fréchard est photographe professionnel en Alsace. Il est spécialisé dans la photo de mariage et de studio depuis 2016. Olivier a bien voulu se prêter au jeu des questions / réponses et partage avec nous sa pratique de photographe de mariage !

La genèse de ton métier

Quand as-tu commencé la photographie ?

J’ai démarré la photographie en 2010. J’ai toujours aimé les activités d’expression depuis mon plus jeune âge. J’ai notamment fait beaucoup de musique pendant mon adolescence et ma jeunesse ainsi que du dessin. Dans les années 2000, avec la démocratisation des ordinateurs, j’ai me suis mis au graphisme. J’ai donc découvert Photoshop avant la photo !

Comment es-tu devenu photographe de mariage ?

Des amis se sont mariés alors que je faisais de la photo depuis environ 1 an. Et bien évidemment, je suis venu, avec mon appareil photo… mais en tant qu’invité ! Naturellement, je leur ai envoyé les photos prises ce jour-là et ils m’ont fait un retour des plus élogieux. Ils m’ont dit que mes images dégageaient beaucoup d’émotions et que je devrais penser à devenir photographe. Bien que flatté, je n’ai pas pris cela au sérieux sur le moment.

Puis, au fil du temps, j’ai commencé à photographier d’autres événements de proches et à diffuser mon travail, qui a commencé à être partagé. Et un jour, les premières demandes extérieures sont arrivées. Je me suis donc déclaré en tant que professionnel et c’est ainsi que tout a commencé. 4 ans plus tard, en 2016, je décidais de quitter mon ancien emploi pour tenter ma chance à temps plein !

Backstage mariage – photo Audrey HELSTROFFER

Quelles sont tes influences et inspirations ?

Je n’ai pas une grosse culture photographique. J’ai justement démarré sans prendre connaissance de ce qui se faisait. D’ailleurs, quand je me suis lancé, beaucoup de gens m’ont dit que mes photos de mariage ne faisaient pas “photos de mariage”, en termes de couleurs et de lumières. Mais j’ai voulu continuer à faire ce qui me plaisait plutôt que de regarder ce qui fonctionnait pour les autres.

A mes débuts, je suivais le travail de Cliff Mautner et Susan Stripling pour l’aspect très graphique et technique de leur travail. J’aimais aussi Ryan Brenizer dont la dimension “reportage” au-delà de l’aspect purement technique, me plaisait beaucoup. Puis, j’ai découvert plus largement le travail d’autres confrères et à m’en inspirer, lorsque j’ai commencé à participer à des concours de photo de mariage internationaux en 2018. J’ai alors découvert le travail de Two Mann et de Cafa Liu qui ont été de vraies révélations pour moi ! En effet, l’aspect créatif et inattendu de leurs images faisait écho à ce que l’on disait de mon travail.

Ils restent ma source d’inspiration majeure encore à l’heure actuelle et j’ai d’ailleurs eu la chance de les rencontrer en Workshop : Cafa Liu lors de “Rise Up” en 2021 et Les Two Mann en 2022 lors d’un atelier organisé par AMA Conseils.  Bien entendu, j’apprécie le travail d’autres photographes, mais il serait un peu long de citer tout le monde 🙂

Ton approche en tant que photographe de mariage

Quelle est ton approche créative ? 

Le centre de ma démarche est de proposer un style que je nomme “Report-Art” : je cherche à fusionner les approches documentaire et artistique. Mon approche se base avant tout sur le fait de ne rien provoquer et ne pas intervenir sur ce qui se déroule pour créer des images. Je cherche surtout des moments et des interactions sincères et authentiques. Je ne vais pas sur un mariage avec un cahier des charges des images à réaliser, mais je me laisse inspirer par ce qui se déroule devant moi. En revanche, je cherche à interpréter ces moments de façon artistique et travaillée : ne pas simplement prendre en photo ce qui se passe mais livrer une véritable vision personnelle de ces moments.

En parallèle, j’accorde aussi une grande importance aux photos de couple, qui elles sont plus dirigées et plus posées.

La démarche du Report-Art : fusionner les approches documentaire et artistique
Photo Olivier FRECHARD

Comment organises-tu ta journée ?Préparation ou improvisation ?

Il y a forcément une partie de préparation pour tout photographe de mariage. Les horaires et lieux des différents moments de la journée avec les mariés sont évidemment calés et la partie matériel est anticipée aussi (préparation des sacs, cartes, optiques, etc.).

Pour le reste, je me laisse guider par le déroulement concret des événements et je m’y adapte. Je ne prévois rien ou plutôt n’attend rien en particulier. Je ne mets rien en scène, je ne place pas les personnes, ni les prestataires. Le maquillage et la coiffure se font là où c’est le plus pratique pour les professionnels, les mariés s’habillent dans la pièce qui leur convient le mieux, etc.

Quelles sont les qualités d’un bon photographe de mariage ?

Il faut avant tout avoir envie ! Car les qualités premières vont être la concentration, l’énergie et la constance sur l’ensemble de la journée (mon record est un reportage de 18 heures d’affilée !). Donc si vous n’avez pas envie d’être là, vous n’allez pas faire long feu.

Ensuite, je pense qu’il faut être observateur, prévoyant, sociable et sensible.

Backstage mariage : l’art de savoir varier les angles de vue – photo Audrey HELSTROFFER

Ton moment préféré lors d’un mariage ?

Question difficile ! Plein de moments sont vraiment top lors d’un mariage. Mais je pense vraiment que la où je m’éclate le plus (au sens propre comme au figuré), c’est le dance floor ! Être au cœur de cette énergie et voir ce contraste entre le sérieux des convives lors des cérémonies et le lâcher prise sur la piste de danse est quelque chose qui me plait énormément.

Soirée de mariage – photo Olivier FRECHARD

Un conseil ou une astuce pour les prises de vue ?

Faites de la photo au smartphone ! C’est sérieux et je m’explique : en-dehors des “contrats pro”, j’utilise dorénavant quasi exclusivement mon smartphone pour les photos personnelles (hors grands événements familiaux), pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, même si le matériel photo a énormément évolué ces dernières années, en termes de poids et d’encombrement, sortir avec un boîtier et une optique minimum reste tout de même contraignant, là où un smartphone tient dans la poche. De plus, pour des souvenirs numériques du quotidien, la qualité des smartphones récents est tout à fait exploitable dans la grande majorité des situations.

Mais surtout, étant donné que, précisément, les smartphones vont avoir des limitations d’ordre technique, cela oblige à développer d’autres compétences en photo pour pouvoir réaliser de bonnes images : l’observation, l’anticipation, la composition et surtout accepter le parti pris et la frustration de manquer de confort dans certaines situations et devoir donc jouer de créativité pour réaliser son image. 

Cet exercice, fait de façon régulière, contribue à mettre en place certains automatismes bénéfiques et utiles, lorsque je passe en situation professionnelle avec du matériel ultra-performant. En effet, la capacité technologique de ce matériel n’est plus une fin en soi, mais un outil pour réaliser des images avec la même démarche créative.

Accepter de manquer de confort dans certaines situations et compter sur l’observation et la composition pour réaliser son image – photo Olivier FRECHARD

Il y a quoi dans ta besace de photographe de mariage ?

Quel appareil photo utilises-tu ?

J’ai deux Sony A1 et j’ai gardé un ancien Nikon D850 en cas d’urgence ou de secours.

Quels sont tes objectifs et pour quel type de prises de vue ?

Pour être paré à toute éventualité en mariage, j’ai acquis un parc optique assez conséquent mais tout ne me sert pas tout le temps bien entendu. Voici les objectifs que j’utilise : Sigma 14-24/2.8, Sigma 24-70/2.8, Sony 70-200/2.8. Et en focale fixe chez Sony : 24/1.4 GM, 35/1.4 GM, 50/1.2 GM, 85/1.8, 90/2.8 Macro, 135/1.8 GM.

Voici comment je les utilise, dans les différents moment de la journée, sachant que je travaille en permanence avec 2 appareils : il y a donc à chaque fois un couple d’optiques.

Pour les préparatifs, je démarre toujours la journée avec un 35mm/1.4 ou un 24/1.4 sur un des appareils, pour réaliser les photos en lumière disponible (donc sans flash). Et sur le second appareil, je monte un 24-70/2.8, pour réaliser les photos en strobisme (avec flash déporté).
Je passe parfois sur un macro 90/2.8 quand les mariés veulent des photos de détails type alliance ou pour quelques photos de maquillage.

Quand les mariés souhaitent se rencontrer avant la cérémonie, je passe sur un mix 35/1.4 + 85/1.8 ou alors 24/1.4 et 50/1.2 en fonction du lieu, de la place et de la lumière.

Lors de la cérémonie en mairie, c’est toujours un peu la surprise et il arrive souvent qu’on manque de place. Comme pour la première rencontre, je varie entre un mix 35/1.4 + 85/1.8 ou alors 24/1.4 et 50/1.2 en fonction du lieu, de la place et de la lumière.
Pour les cérémonies en église ou en extérieur, j’ai souvent un peu plus de recul, j’utilise donc un couple 35/1.4 + 135/1.8 et un mix 14-24 + 50mm pour la sortie d’église.

Au moment du cocktail, je suis surtout sur des portraits volés : portraits serrés ou scènes de vie. Je repasse donc sur du 35 + 135.

Le matériel pour les photos de couple peut être très variable en fonction de ce que j’ai envie de faire… donc un peu de tout ! Et pour la soirée : 14-24 et 24-70 quasi uniquement.

Je pense que si je ne devais prendre qu’un seul objectif, ce serait le 24-70/2.8 car c’est le plus polyvalent et je pourrais faire un mariage entier sans soucis avec cette seule optique.
Sinon, ma préférée serait sûrement le 35/1.4. D’après mes statistiques LigthRoom, je l’utilise sur 30% de mes images de mariage 🙂 C’est une optique avec un très bon rendu, qui permet à la fois une compo grand angle et des cadrages proches ainsi que du portrait. L’ouverture à 1.4 est bien pratique en cas de manque de lumière.

Backstage d’une séance photo de couple en Sicile – Photo Claudia MONTEROSSO-WALTER

Quels sont les accessoires indispensables à un photographe de mariage ?

Mes flash ! Faire des photos au flash n’est pas une fin en soi mais c’est un outil que j’utilise beaucoup à la fois pour des raisons créatives que comme éclairage d’appoint. Il m’est difficile d’imaginer photographier une soirée sans flash par exemple.
Et sinon, bien entendu, mes 2 sacs Peak Design, que j’ai pris le temps de bien configurer pour que l’ensemble des outils dont j’ai besoin soient accessibles rapidement et aisément tout au long de la journée.

J’utilise un sac à dos Every Day Back Pack 30L qui contient la totalité des éclairages de la soirée et les différents objectifs dont j’ai besoin pour la journée.
A chaque étape de la journée, je change et charge les optiques dont j’ai besoin dans le sac bandoulière Every Day Messenger que j’ai sur moi (ou mon assistant), qui contient les batteries et cartes pour tout le reportage.

Quel est ton setup éclairage ?

Côté éclairage, je me sers de flashs Profoto A1, A1X et A10 et Profoto B10/B10+. Sur la soirée, j’utilise 4 flash Profoto A1 : 1 à 2 en lumière principale selon les situations et 2 en backlight avec des gélatines.

Pour les photos de couple ou de groupe, je prends souvent le couple B10/B10+ en fonction de la puissance de la lumière du soleil.

Quelles sont les principales difficultés techniques lors d’un mariage ?

Hoooo… il n’y a que ça ! Et c’est ce qui est passionnant dans la photo de mariage : devoir réaliser des images incroyables alors que la plupart du temps, très peu de conditions sont réunies pour avoir vraiment un confort technique.
On manque souvent de lumière, les évènements se déroulent très vite et on ne peut pas les anticiper (dès lors qu’on décide de ne pas faire de mise en scène). Les lieux sont souvent “chargés” et il peut arriver que les sources lumineuses soient difficiles à gérer, en terme de couleurs (néons par exemple).

Anticiper des moment furtifs dans un contexte de lumière difficile – photo Olivier FRECHARD

Comment gères-tu le post-traitement ?

J’accorde une extrême importance au post-traitement ! A mon sens, le traitement fait vraiment partie intégrante du travail de photographe et de sa signature visuelle. C’est presque aussi important que la qualité de prise de vue. Ça ne rattrape pas pour autant une “mauvaise photo” mais ça peut vraiment révéler toute l’interprétation d’une image et changer radicalement sa dimension.

Je consacre donc beaucoup de temps à cette partie du travail… mais en gardant comme ligne de conduite que ce travail doit être “invisible”. A aucun moment je ne souhaite que le traitement soit trop perceptible ou saute aux yeux. Et surtout je veux qu’il soit intemporel et non lié à un effet de mode. En bref : je cherche à faire un traitement à la fois naturel et impactant.

Photo de couple Avant / Après – photo Olivier FRECHARD

Le mot de la fin : ton conseil pour les photographes de mariage ?

Je dirais : faites ce que vous aimez ! Et pas ce que vous croyez que l’on attend d’un photographe de mariage. Oubliez les modes et les styles, faites ce qui vous fait vibrer et ce qui fait sens pour vous.

Découvrez le travail d’Olivier Fréchard

Site internet : olivierfrechard.com

Instagram : @olivier_frechard

Facebook : https://www.facebook.com/olivierfrechard/

Ne pas mettre en scène et se concentrer sur les moments authentiques – photo Olivier FRECHARD
Préparatifs de la mariée, tout en contraste – photo Olivier FRECHARD
Saisir et retranscrire les émotions – photo Olivier FRECHARD
Entre le reportage et l’artistique – photo Olivier FRECHARD

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