Le photographe Cédric Delsaux a choisi d’intégrer des personnages de l’univers Star Wars dans ses clichés du monde urbain et la banalité du quotidien. Ou quand la SF bouscule notre regard sur le réel…
« Depuis longtemps de nombreux artistes ont interprété l’univers de Star Wars bien au-delà de tout ce qui fut représenté dans les films. Une des interprétations les plus unique et intrigante que j’ai pu voir est celle du photographe Cédric Delsaux qui a brillamment intégré des personnages de Star Wars dans des paysages indiscutablement terrestres. Aussi novateur et dérangeant que puisse être son travail, il n’en est pas moins plausible. » Ces mots sont du Maitre en personne, George Lucas, en préface du livre de Cédric Delsaux, Dark Lens. Consécration ultime s’il en est pour ce photographe parisien, autodidacte, qui a choisi de se consacrer entièrement à sa passion il y a une quinzaine d’années.
TRANSCENDER LA RÉALITÉ
Si le gamin au fond de lui devait avoir un sourire digne d’un lendemain de Noël, l’artiste tient à préciser sa démarche : « les gens imaginent que Star Wars est mon sujet de prédilection, alors que pour moi il fonctionne davantage comme un biais : provoquer une cassure avec le réel pour mieux s’y engouffrer. » Parce qu’en réalité, Cédric Delsaux n’est pas (qu’)un fan absolu de la Guerre des Etoiles. « Je suis un photographe de lieux avant tout » aime-t-il rappeler, « qui raconte le monde réel à travers la vision qu’il s’en fait ». Ce qui lui plaisait dans ce projet, c’était donc de bousculer notre vision du monde, en utilisant les référents SF ultimes du grand public. Mieux : c’est parce qu’il trouvait ses photos de paysages urbains plates et sans relief qu’il a eu l’idée d’y incorporer le fantastique.
A l’origine, l’artiste, né en 1974, a étudié le cinéma et le journalisme, puis a bossé dans une librairie avant d’intégrer une grosse boite de pub’ en tant que concepteur-rédacteur. Puis sa passion pour la photographie a pris le pli sur le reste. il faut dire que ça le démangeait depuis longtemps – tout gosse, il rêvait de devenir photo-reporter. Depuis, il a réalisé de nombreuses campagnes publicitaires, Havas, Canal + ou le Samu Social… Ce qui lui a permis, en parallèle, de s’essayer à toutes sortes de matériel, Canon Ds ou Hasselblad.
LA FORCE DU QUOTIDIEN
Qu’il s’agisse de commande ou de travail perso, il y a toujours chez lui cette volonté de mêler la fiction à la réalité dans une image parfaitement stylisée – passif de photographe publicitaire oblige. « Mes images ne sont ni complètement réelles, ni absolument imaginaires, ni vraies, ni fausses, elles sont entre deux ; dans cet espace indéfini que je trouve poétique. Les lieux que je photographie sont également à la lisière : du beau et du laid, du marquant et de l’insignifiant. Il s’instaure alors une dialectique que chacun est libre de trancher à sa guise. »
Ses séries Dark Lens en sont l’exemple parfait : transcender le réel en y ajoutant des soldats de l’Empire, des vaisseaux intergalactiques et même la silhouette de Dark Vador. Mais pas « simplement » pour rendre hommage à la saga hollywoodienne la plus célèbre de tous les temps, mais surtout pour rendre le quotidien extra-ordinaire. « Certains disent que la seule vraie photographie, c’est la saisie du réel, sans manipulation. Moi, je crois qu’à partir du moment où je braque mon objectif sur une situation, je prends du recul, je propose un regard, donc je crée de la fiction ». Alors il shoote en studio des figurines de Star Wars, puis les intègre via Photoshop dans ses paysages urbains.
En revanche, il n’attache pas de démarche politique à ses projets, laissant à chacun la possibilité de faire parler sa propre sensibilité. N’empêche, au-delà d’un montage à faire pâlir tout geek adepte de la pop-culture qui se respecte, on peut facilement y voir un message façon sonnette d’alarme sur la situation de notre monde industrialisé à outrance. Mais ceci est une autre histoire. Dans une galaxie (pas si) lointaine…
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