Qu’est-ce qui est le plus important dans une vidéo ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la qualité d’image est certes primordiale, mais la qualité sonore l’est sans doute encore plus. Une production ayant une qualité d’image moyenne mais une bonne captation sonore captivera souvent davantage votre public que l’inverse. Ainsi, maîtriser la prise de son est une étape fondamentale si vous souhaitez réaliser des vidéos qualitatives, ou même directement faire du podcast ou de la radio. Pour plus de simplicité, ce sujet a été découpé en deux parties : une première partie (cet article) vous expliquera les bases (notamment techniques) pour bien choisir votre micro ainsi que votre interface audio ; la seconde partie vous présentera une sélection de microphones, d’interfaces audio et d’accessoires pour bien construire votre setup de prise de son. Sans plus tarder, concentrons nous sur les bases techniques à connaître pour bien réussir sa prise de son en vidéo.
Les bases techniques pour comprendre sa prise de son
Qu’est-ce qu’un son ? Un son est une vibration, une onde issue d’une perturbation de la matière. Cette vibration se déplace dans l’air (ou la matière) pour arriver jusqu’à notre tympan dans notre oreille ou à un microphone. Plus la matière est dense et plus l’onde sonore se diffuse rapidement ; dans l’air, un son se propage à une vitesse de 340 mètres par seconde.
Le son est mesuré à travers plusieurs indicateurs dont le plus important est peut-être la fréquence, qui correspond au nombre de variations par seconde du son. Moins il y aura de variations (onde étalée) et plus le son sera grave ; plus il y aura de variations (onde resserrée) et plus le son sera aigu. Le Hertz est l’unité qui mesure ces variations. Ainsi, l’oreille humaine est en moyenne (cela dépend des personnes, de leur âge, de leurs capacités, leur santé, etc) capable d’entre des sons entre 20 Hz (sons les plus graves) et 20 kHz (20 000 Hz, les sons les plus aigus). Les sons dont la fréquence est inférieure à 20 Hz sont les infrasons, captés notamment par les éléphants ; les sons dont la fréquence est supérieure à 20 kHz sont les ultrasons, captés par les chiens et chats, jusqu’à environ 40kHz, tandis que les chauve-souris peuvent aller jusqu’à plus de 110 kHz (!).
Également, le son est mesuré selon son intensité, c’est-à-dire l’amplitude plus ou moins forte de la vibration. Concrètement, plus l’amplitude de l’onde est importante et plus le son est fort et inversement. Cette amplitude est mesurée en Décibels (dB). Une personne qui parle normalement aura une intensité sonore d’environ 60 dB tandis qu’un avion au décollage avoisine les 120 à 130 dB. Par ailleurs, l’oreille humaine est capable de supporter correctement des sons allant jusqu’à 120 dB.
Comprendre la fréquence ainsi que l’intensité est capitale pour réaliser avec précision sa prise de son. Chaque microphone possède des caractéristiques propres qui répondent à des besoins différents ; ainsi, analyser la fiche technique d’un microphone vous permet de savoir s’il est adapté au son que vous souhaitez capturer. Si votre objectif est de capturer des sons plutôt graves, il est capital de s’orienter vers un microphone sensible aux basses fréquences et inversement si vous cherchez à capter des sons aigus. De la même façon, il est important d’évaluer les situations dans lesquelles vous effectuerez la prise de son et notamment l’intensité. C’est en cela qu’il existe deux grandes familles de microphones : les dynamiques et ceux à condensateur.
Les microphones dynamiques à bobine mobile
La première famille de microphone (et sans doute la plus répandue) est celle des micros dynamiques. Cette technologie est découpée en deux sous-familles : les microphones dynamiques à bobines mobiles et ceux à ruban. Ces derniers sont plus rares et sont onéreux : seuls les micros dynamiques à bobine mobile seront abordés ici.
Les microphones dynamiques à bobines mobiles sont les plus courants, les moins coûteux et les plus résistants. Leur technologie est simple : il s’agit d’un diaphragme fixé sur une bobine de cuivre, elle-même située dans un champ magnétique. Lorsqu’un son percute le diaphragme, il se déplace avec la bobine de cuivre sur le champ magnétique. Ce déplacement en fonction de l’onde entraîne une variation du champ magnétique qui est convertie en un signal électrique. C’est cette technologie qui est utilisée sur de nombreux haut-parleurs, mais dans le sens inverse !
Ces microphones dynamiques à bobines mobiles ont de nombreux avantages. Economiques, ils sont moins onéreux à produire et sont donc plus accessibles. Aussi, leur construction leur offre une meilleure résistance aux mouvements, aux chocs et traitements difficiles mais aussi et surtout aux sons à forte intensité.
Enfin, l’épaisseur supérieure de leur diaphragme les rend moins sensibles au son, contrairement aux microphones à ruban ou à condensateur. Dès lors, ils sont davantage utilisés pour capturer des sons plus intenses, tels que des concerts ou des instruments puissants (guitares électriques, batteries). Pour résumer, ce sont des microphones « bons à tout faire » polyvalents, qui ne sont malgré tout pas les plus précis dans la captation sonore.
Les microphones à condensateur (ou statiques)
Face à la grande famille des microphones dynamiques (bobine mobile et ruban), le micro à condensateur (appelé également statique) repose sur une technologie différente. En effet, un diaphragme particulièrement fin (on parle de quelques microns) est suspendu au-dessus d’une plaque avec entre les deux, un champ magnétique. Lorsqu’une onde frappe le diaphragme, ce dernier se rapproche de la plaque et le champ magnétique varie : un signal est alors créé. Ces microphones à condensateur ne manquent pas d’atouts : grâce à leur diaphragme extrêmement fin, ils sont très sensibles et très réactifs.
En d’autres termes, ces microphones sont plébiscités dans les studios car ils ont une capacité assez impressionnante à capter la moindre variation de voix et plus largement les transitoires, d’un instrument ou de tout son. Ils offrent aussi une plage de fréquence très large et sortent un son précis et non coloré contrairement aux microphones dynamiques. C’est en cela qu’ils sont utilisés pour enregistrer les voix avec une précision chirurgicale, mais aussi plus largement les instruments.
Quelle technologie de microphone pour quelle prise de son ?
Ces familles de microphones ont donc leurs forces et leurs faiblesses. Les connaître permet notamment de bien faire ses choix en fonction de vos projets. Voici ce que l’on pourrait retenir :
Microphone dynamique à bobine mobile :
- Avantages : résistants, plus accessibles, adaptés aux sons puissants, son coloré
- Inconvénients : moins sensibles et précis, moins performants sur des sons complexes
- Idéal pour : captage en extérieur qui « bouge », concerts, scènes, Vlog, etc.
Microphone à condensateur :
- Avantages : le plus sensible, son précis et non coloré, capte avec une très grande précision les transitoires
- Inconvénients : nécessite une alimentation fantôme, assez fragile, souvent coûteux
- Idéal pour : studio, idéal pour un son chirurgical, des voix aux instruments
Maintenant que vous savez quelle technologie de microphone choisir, vous devez définir la directivité la plus adaptée à vos besoins de prise de son.
La directivité des microphones : un critère important dans la prise de son
La directivité d’un microphone, c’est sa capacité à capturer du son autour de lui. Selon la directivité du son, il peut capter le son à 360° (omnidirectionnel) ou simplement face à lui (cardioïde). Ainsi, choisir la directivité d’un micro, c’est choisir ce que l’on veut capter dans un environnement donné. Par exemple, une interview nécessite de se concentrer sur la voix de son sujet et non sur l’environnement tout autour ; inversement, faire une captation sonore d’un environnement nécessite d’enregistrer un son tout autour du micro afin d’en capturer toute la richesse.
Dès lors, voici les principales directivités :
- Omnidirectionnelle : le microphone capte tout l’environnement à 360°
- Cardioïde : le micro se concentre sur ce qui est face à lui. C’est souvent la directivité utilisée sur les micros canons ou les micros de studio.
- Hypercardioïde : en plus du cardioïde, la capsule sonore est un peu sensible aux sons à son opposé.
- Bi-directionnel (ou en huit) : le microphone est sensible à deux directions opposées, tout en excluant les côtés.
Une fois que vous avez identifié le microphone le plus adapté à vos besoins, il faut choisir une interface audio avec minutie : cette dernière influe tout autant sur la qualité du son que le microphone !
L’importance d’une interface audio pour réussir sa prise de son
Si la qualité de votre prise de son est primordiale pour vous, alors il ne faut surtout pas négliger le rôle de l’interface audio. Cette dernière joue deux rôles fondamentaux : préamplifier le signal analogique envoyé par votre microphone mais aussi le transformer si besoin en un signal numérique utilisable sur ordinateur.
Tout d’abord, il convient d’évaluer le niveau de sensibilité du son de votre microphone avant de choisir une interface audio. Comme vu précédemment, les microphones dynamiques sont moins sensibles que les microphones à condensateur à cause de leur diaphragme plus épais. Cette sensibilité se mesure en millivolts par pascals (noté mV/Pa dans les fiches techniques) ; plus la valeur est élevée et plus le micro est sensible, c’est-à-dire qu’il fournira un son de qualité qui aura moins de bruit et qui nécessitera moins d’amplification.
Par exemple, les microphones dynamiques possèdent généralement une sensibilité entre 1 et 5 mV/Pa tandis que ceux à condensateur sont davantage entre 10 et 50 mV/Pa (donc bien plus sensibles). Dès lors et selon la sensibilité du micro, le signal analogique doit être plus ou moins amplifié : c’est le rôle du préamplificateur présent dans l’interface audio.
L’interface audio reçoit le signal analogique et a pour mission de l’amplifier pour en augmenter le gain à travers son préampli. L’objectif est simple : augmenter le gain en contenant au maximum ce que l’on nomme le bruit. En effet, tout appareil électronique produit du bruit parasite qui est dû au fonctionnement même des composants électroniques (résistances, circuits, etc). Ce bruit ajoute un grésillement désagréable et nuit à la qualité du son. Ainsi, le – bon – préampli doit augmenter le gain en sortie tout en conservant un bon rapport « signal/bruit » (signal/noise ratio en anglais, souvent noté SNR en acronyme). Plus ce rapport est élevé, plus le son est clair et moins le bruit est présent.
Par ailleurs, la plupart des interfaces audio possèdent une alimentation fantôme. En effet, les micros à condensateur ne possèdent aucune alimentation électrique. Pour fonctionner, ils doivent recevoir un courant continu : ce dernier est alors fourni par le câble XLR branché en 12 ou 48 volts sur une interface audio. Puisque cette alimentation est « invisible », elle est qualifiée de fantôme. Ainsi et si vous possédez un microphone à condensateur, vérifiez en cas d’achat d’une interface audio qu’elle dispose d’une alimentation fantôme.
Enfin, l’interface audio n’a pas qu’une mission de préamplification du signal. Comme dit plus haut, elle transforme également le signal analogique issu du micro en un signal numérique utilisable sur un ordinateur. Dès lors, les différentes interfaces vous permettent notamment d’enregistrer le son de votre micro directement sur votre ordinateur, notamment pour faire du streaming ou encore enregistrer des voix-off. Dans l’autre sens, l’interface transforme votre signal numérique envoyé par l’ordinateur (exemple : votre voix-off) en un signal analogique pour être diffusé sur des enceintes ou un casque audio par exemple.
Les questions à se poser pour bien choisir ses micro
Pour terminer ce petit tour d’horizon, voici quelques questions à vous poser pour bien choisir votre micro ainsi que votre interface audio. Tout d’abord, posez-vous un certain nombre de questions qui pourront vous aider à bien choisir votre micro ainsi que votre interface audio :
- De quelle plage de fréquences avez-vous besoin ? Pour cela, définissez le type de son que vous comptez enregistrer.
- Dans quel environnement allez-vous faire votre prise de son ? La réponse vous guidera entre un micro dynamique ou un micro à condensateur.
- Qu’allez-vous enregistrer : de la voix ? Des instruments ? De l’environnement ambiant ? Là aussi, le choix d’un micro dynamique ou d’un micro à condensateur pourrait dépendre de ce choix.
- Allez-vous utiliser votre micro dans un environnement stable et maîtrisé ? Les micro dynamiques à bobine mobile résistent mieux aux utilisations difficiles que les micro à condensateur.
- De quelle directivité avez-vous besoin ? Pour de la captation vocale, privilégiez le plus souvent les directivités cardioïdes par exemple.
- De combien d’entrées avez-vous besoin sur une interface audio ? Selon les modèles, il peut y avoir une ou deux entrées, mais cela peut aller bien au-delà si vous enregistrer plusieurs voix, plusieurs instruments, etc.
- Quelle est la connectique de votre système son ? La plupart des systèmes haut de gamme ont une entrée ou une sortie type XLR à trois broches, notamment pour utiliser l’alimentation fantôme. Sur les instruments, il existe aussi le Jack 6,35mm, tandis que le mini-Jack 3.5mm est présent sur les microphones pour caméras (comme les micro-canons). De même, le RCA est présent sur un grand nombre d’équipements.
Maintenant que vous avez tous les éléments techniques pour trouver le bon système son, découvrez dans un prochain article la sélection de produits pour monter votre setup audio idéal !